SYNTHESE ET OBJECTIFS

Il est maintenant établi que les systèmes sensoriels, moteurs et sensori-moteurs sont capables de réorganiser leur architecture fonctionnelle en réponse à des modifications de leur environnement spécifique, et ce tout au long de la vie. Cette remarquable adaptabilité fait d’eux des systèmes doués de “ plasticité fonctionnelle ”. En ce qui concerne le cortex auditif primaire, plusieurs études menées chez le mammifère adulte cochléo-lésé montrent une augmentation de la représentation de régions cochléaires situées en bordure de la lésion [chat : Rajan et coll. (1993), Harrison et coll. (1993), Rajan & Irvine (1996, 1998b) ; cobaye : Robertson & Irvine (1989) ; souris : Willot et coll. (1993) ; macaque : Schwaber et coll. (1993)]. Cette réorganisation a également été retrouvée au niveau de certains noyaux auditifs du tronc cérébral, notamment dans le colliculus inférieur (Irvine & Rajan, 1994 ; Willott & Turner, 2000). Elle pourrait témoigner d’un processus de ré-allocation neuronale opérant aux détriments de structures corticales rendues “disponibles” en raison d’un défaut d’activation périphérique en provenance de la cochlée (Irvine & Rajan, 1995).

La principale question que nous souhaitions soulever dans cette thèse était celle de la transposition des résultats de plasticité fonctionnelle auditive chez l’humain souffrant d’une surdité par lésion cochléaire. Pour y répondre, nous avons centré nos efforts sur la mise en évidence de phénomènes perceptifs et électrophysiologiques imputables à la plasticité du système auditif.