TRAVAUX REALISES

Etude n°1 “ Local improvement in auditory frequency discrimination is associated with hearing-loss slope in subjects with cochlear damage ”

H. Thai Van, C. Micheyl, A. Norena, L. Collet.

Brain (2002), 125, 524-537

Le but de cette première étude était d’approfondir la connaissance des conséquences perceptuelles de la plasticité auditive de privation. Nous avons réalisé chez des sujets humains cochléo-lésés des mesures psychoacoustiques de discrimination fréquentielle en nous appuyant sur les données préliminaires chez 5 malentendants de McDermott et coll. (1998) d’amélioration locale des seuils de discrimination fréquentielle (DLFs) à proximité de la fréquence bordant la perte audiométrique (Fc). Ce résultat a pu être reproduit en testant un échantillon de 20 patients ayant une perte auditive sur les fréquences aiguës. Chez chacun d’entre eux, un minimum de 12 fréquences, espacées de 1/8 d’octave autour de Fc et allant de Fc-1/2 octave à Fc + 1/8 d’octave, ont été testées. Les analyses de variance ont montré que les DLFs étaient significativement différents selon la fréquence testée, et qu’ils n’étaient pas affectés par la répétition de la tâche. En regroupant ces 12 fréquences en 4 bandes de largeur égale à ¼ d’octave, il est apparu que les DLFs étaient significativement plus bas dans la bande centrée sur Fc que dans les 3 autres. De plus, le DLF moyen dans cette bande était négativement corrélé à l’importance de la pente de la perte audiométrique. En revanche, il n’était corrélé à aucune des caractéristiques audiométriques suivantes : étendue de la perte auditive (nombre de fréquences avec un seuil auditif supérieur à 45 dB HL), seuil auditif maximal (entre 250 et 800 Hz), localisation de Fc.

Afin de mieux apprécier l’influence de la pente de la perte audiométrique sur l’amélioration locale du DLF, les 20 sujets ont été répartis en 3 groupes en fonction de la pente de leur perte auditive : > 25 dB/1/2 octave ; entre 12 et 25 dB/1/2 octave ; < 12 dB/1/2 octave. L’amélioration locale du DLF autour de Fc (“ effet Fc ”) était retrouvée dans les 2 1ers groupes et de façon statistiquement significative dans le 1er. Trois patients ont été testés sur leurs 2 oreilles : les deux premiers avaient des pentes de perte > 12 dB/1/2 octave dans les 2 oreilles et le troisième une pente de perte importante dans l’oreille gauche avec une audition sub-normale dans l’oreille droite. Chez ce dernier patient, l’effet Fc était retrouvé uniquement pour l’oreille gauche, alors qu’il était retrouvée sur les 2 oreilles pour les deux premiers patients.

Enfin, nous avons étudié si l’effet Fc pouvait être rencontré dans d’autres types de surdité de privation auditive partielle que celle affectant les fréquences aiguës. Chez une patiente souffrant d’une surdité non fluctuante sur les fréquences graves, le DLF était meilleur à Fc comparativement aux fréquences plus graves (résultat peu surprenant, de moins bonnes performances de discrimination étant attendues en cas de perte auditive), mais aussi aux fréquences plus aiguës. L’effet Fc a également été mis en évidence chez 3 patients avec une perte auditive en encoche : en accord avec les données issues de l’expérimentation animale (Robertson & Irvine, 1993), les valeurs de DLFs les plus basses ont été retrouvées soit au niveau de la première berge de l’encoche, soit au niveau des 2 berges de l’encoche.

Les résultats de cette étude soulignent le rôle joué par la pente de la perte audiométrique dans les modifications perceptuelles observables chez le sujet cochléo-lésé.