SUIVI ELECTROPHYSIOLOGIQUE DE L’ENFANT IMPLANTE COCHLEAIRE ET PLASTICITE FONCTIONNELLE DE REHABILITATION AUDITIVE

Nous avons voulu clore la présentation de nos travaux par une étude illustrant les conséquences de la réhabilitation auditive chez l’enfant implanté cochléaire. Les résultats de cette étude préliminaire suggèrent que les corrélations entre les seuils du PAEC du nerf auditif et les niveaux psychophysiques utilisés pour le réglage de l’implant cochléaire varient à la fois dans le temps et en fonction de la situation de l’électrode intra-cochléaire testée. Alors que les seuils électrophysiologiques corrèlent avec les seuils psychophysiques dés les 1ers mois post-implantation pour les électrodes situées à l’extrémité apicale du faisceau intra-cochléaire (fréquences graves), il faut attendre 12 mois post-implantation pour être sûr de la valeur des corrélations pour les électrodes intermédiaire ou basale (fréquences aiguës).

Une 1ière explication à ces résultats pourrait être le manque de fiabilité des mesures psychophysiques sur les électrodes codant les fréquences aiguës chez les enfants les plus jeunes. Rappelons que ces enfants n’ont pour la plupart eu aucune expérience des sons aigus avant l’implantation alors qu’il est fréquent en clinique d’observer des restes auditifs sur les fréquences graves parmi les candidats à l’implant cochléaire.

Une autre hypothèse mérite d’être soulevée. La mesure du PAEC du nerf auditif explore uniquement les capacités de réponse du système auditif périphérique. En d’autres termes, la présence d’un PAEC ne signifie pas pour autant qu’une activation des mécanismes cognitifs impliqués dans la perception auditive a bien lieu. Lorsqu’on commence à observer de bonnes corrélations entre seuils du PAEC et niveaux psychophysiques, il est raisonnable de penser que la transmission nerveuse le long des fibres auditives aboutit à la perception du signal. D’un point de vue neurophysiologique, les progrès de la perception des sons aigus pourraient alors traduire un processus de plasticité centrale.

Cependant, il faut également envisager la possibilité selon laquelle la réhabilitation auditive par l’implant cochléaire aboutit avec le temps à des modifications physiologiques périphériques sous la forme d’une meilleure synchronisation des fibres nerveuses auditives.