Première partie. La langue écrite : une démarche cognitive (Repères théoriques)

Préambule

Les problèmes concernant le langage écrit sont aujourd'hui au centre de nombreux champs de réflexion, de pratique et de polémique. S'y mêlent souvent les questions relatives à l'acquisition et à l'enseignement, elles-mêmes objets de travaux multiples.

C'est que l'écrit est un moyen d'expression très normé, et c'est peut-être en cherchant à écrire que l'on en éprouve le plus les contraintes.

Cette première partie va tenter d'élaborer un cadre théorique et conceptuel cohérent et complet autour de la notion d'appropriation d'une langue écrite, en intégrant les acquis de plusieurs champs d'investigations.

Nous nous placerons pour cela du côté de l'enfant qui se construit, qui s'apprend, pour tenter de mieux comprendre ses tâtonnements, ses interrogations tout au long de son parcours.

Nous voudrions saisir comment il agit dans cette situation spécifique d'apprentissage de l'écrit, en fonction de ce qu'il est et de ce qu'il a été.

En effet, chaque élève aborde cet apprentissage systématiquement avec des représentations personnelles sur le fonctionnement de l'écrit. Cependant, certains ne sont pas encore en mesure d'intégrer les comportements enseignés. Pour favoriser cette appropriation, il est important de déterminer ce que chacun a déjà construit, de remonter le parcours de l'écrit jusqu'à sa source, et de nous demander quelles étaient les structures intellectuelles nécessaires à la construction de ce code de communication si abstrait.

Le premier chapitre évoquera les explications des théories cognitivistes et l'élaboration de la fonction sémiotique, grâce à laquelle l'enfant progresse, au fur et à mesure, dans l'univers de la représentation.

Le second chapitre abordera les liens entre l'oral et le scriptural et, entre autres, la perspective constructiviste piagétienne où l'entretien individuel, clinico-critique, permet de saisir la dynamique de la pensée enfantine, son activité conceptualisatrice relative au fonctionnement et à la structure de l'écrit, et les procédures déployées pour écrire des mots.

La question de l'apprentissage de la lecture selon les points de vue linguistique et neuropsychologique sera soulevée, ainsi que les différents modèles de lecture et les processus mentaux mis en place par l'apprenant dans le troisième chapitre.

Nous terminerons cette partie par le quatrième chapitre consacré au plurisystème graphique du français, où coexistent principes phonographique et sémiographique, et plus particulièrement à l'ontogenèse du nombre.