C - Conception socio-cognitive

L'approche socio-cognitive, défendue par le psychologue soviétique L. S. Vygotsky (1934, trad.1985), accorde, en opposition à J. Piaget, une importance certaine aux facteurs sociaux et historiques, considérés comme déterminants pour le développement cognitif et langagier des êtres humains.

Vygotsky développe le concept de "fonctions psychiques supérieures", qui se développent d'abord au plan des rapports sociaux et sont transmises aux individus dans les processus d'apprentissage et de socialisation.

Pour cet auteur, la structure psychique de l'individu humain va bien au-delà de ses contours biologiques, et se déploie pleinement dans le développement de comportements acquis. Ce sont un ensemble de pratiques techniques et instrumentales qui caractérisent une société. Déposées en chaque individu, elles s'y organisent en systèmes cognitifs complexes qui constituent un aspect de la conscience.

Ces habitus sociaux se réalisent psychiquement sous la forme d'un vaste système de signes au sein desquels la langue occupe une place privilégiée mais non unique.

L'acquisition de ces fonctions psychiques supérieures s'effectue dans un mouvement qui va de l'extérieur du sujet vers l'intérieur (prise de conscience). Elles y organisent le contrôle du comportement individuel par cet enseignement de signes d'essence sociale.

La pensée a donc une origine sociale, externe, et le langage fonctionne comme un outil dans le développement des capacités cognitives individuelles à partir de cette origine externe.

La notion de "zone proximale de développement", également importante chez Vygotsky, marque la présence d'une tutelle adulte.

Tous ces concepts apportés par la psychologie sociale présentent donc l'interaction entre adulte et enfant comme un moyen privilégié d'apprentissage.

La "redécouverte" des thèses de Vygotsky a permis de rappeler le rôle des échanges sociaux, linguistiques notamment, pour l'intériorisation de la pensée. L'accent mis par cet auteur sur la "zone proximale de développement" nous invite à nous intéresser aux conditions qui permettent de bénéficier de l'aide d'autrui pour apprendre.

Si l'enfant de Piaget reconstruit le monde en le réinventant, celui de Vygotsky le reconstruit en se l'appropriant. Il n'y a pas de contradiction, mais pour un auteur, il y a insistance sur l'action du sujet face aux événements du monde environnant (Piaget) ; chez l'autre, il y a insistance sur les répercussions du monde environnant (la société) sur l'être, et moins sur ses réactions aux événements du monde (Vygotsky).

L'enfant piagétien dispose, comme instruments, des schèmes dont l'ont pourvu ses structures mentales, et dont le degré de développement lui permet d'agir à des nivaux différents d'opérationnalité et d'efficacité sur le monde. C'est donc équipé d'un outillage mental qui se transforme avec l'âge, qu'il est en mesure de construire ses connaissances et de développer ses différentes capacités.

L'enfant vygotskien trouve dans le monde social qui l'entoure les instruments dont il aura besoin pour se développer ; il y puisera des informations qu'il traitera, comprendra, assimilera, s'appropriera.