B - Conscience segmentale

1) Analyse de l'oral et lecture

La compréhension du fonctionnement de ce système complexe requiert que l'enfant puisse opérer un certain nombre de comparaisons entre le code écrit et le code oral, tout en saisissant progressivement les spécificités de chacun d'eux.

On parle de "distorsion" entre le code souple de l'oral et celui de l'écrit.

Des auteurs comme L. Bradley et P. E. Bryant (1983), ont démontré, lors de leurs expérimentations, que le matériel orthographique que l'on propose «attire l'attention de l'enfant sur les rapports éventuels entre l'oral et l'écrit, et l'aide aussi dans son travail d'élaboration du système alphabétique».

Pour J. Alegria et J. Morais (1979), il paraît nécessaire qu'un travail de sensibilisation et de rapprochement entre oral et écrit soit mené par l'enseignant, car les capacités métaphonologiques – c'est-à-dire les habiletés du sujet à manier, en conscience, les segments phonologiques de sa langue – ne seraient pas obligatoirement "capitalisables" pour l'apprentissage de la lecture si l'adulte n'accompagnait pas l'enfant.

E. Ferreiro et A. Teberosky (1982) ont souligné dans leurs travaux la difficulté du passage de l'hypothèse syllabique à l'hypothèse segmentale. L'enfant ne l'effectue pas spontanément, mais avec l'aide de l'adulte. C'est pourquoi la forte croissance des réussites dans les tâches d'analyse segmentale entre 5 et 6 ans pourrait être imputable à la didactique de l'instituteur qui aurait commencé à expliciter le code alphabétique dans ses exercices en classe. Ces deux auteurs ajoutent que si ces capacités n'étaient dues qu'à la maturation psychologique des enfants entre 5 et 6 ans, il suffirait alors d'attendre que par leur seule réflexion ils fussent capables d'analyser la structure segmentale de la parole pour apprendre à lire.