2) Système de représentation phonologique

Dans ses expériences sur l'activité lexicale et les compétences phonologiques chez le jeune enfant, P. Lecocq (1991) postule l'existence d'un "système de représentation et de traitement de l'information phonologique", qui s'enrichira au fur et à mesure de l'apprentissage de la lecture. Par ailleurs, ce système serait soumis à une hiérarchisation dans l'acquisition des compétences phonologiques.

En effet, cette dernière compétence croît de manière exponentielle entre 42 et 78 mois, et l'on observe alors une progression dans la maîtrise des différentes unités utilisées selon la hiérarchie suivante :

– identification de rimes,

– identification de phones,

– segmentation de syllabes terminales, initiales, médianes,

– catégorisation de phones,

– segmentation et fusion de phonèmes.

A partir de ces constats, P. Lecocq propose un "schéma théorique hypothétique": à 4 ans, l'enfant posséderait une ébauche de représentation et de traitement de l'information phonologique qui fonctionnerait selon le principe de la hiérarchisation cognitive évoquée ci-dessus, en relation avec la mémoire elle aussi en développement. Elle permettrait alors la recherche d'informations dans le lexique mental interne défini comme le système organisé des connaissances que le sujet possède à propos des mots de sa langue. Ces connaissances concernent les différentes dimensions des mots et elles ont trait aux propriétés phonologiques mais aussi orthographiques, morphologiques, syntaxiques et sémantiques de ceux-ci (P. Lecocq et J. Segui, 1989).

Ainsi, selon la maturité et l'état d'avancement du système dont il dispose, l'enfant serait plus ou moins prêt à affronter le principe alphabétique et à le déchiffrer.

En conclusion, et à propos des liens qui unissent conscience segmentale et lecture, P. Bertelson et B. de Gelder (1989) proposent l'interprétation suivante : «Est-ce la capacité d'analyse segmentale qui conditionne la réussite en lecture, ou cette capacité est-elle consécutive à l'apprentissage de la lecture ?».

Pour eux, l'important est que ces deux habiletés relèvent de processus complexes : chacune d'elles fait intervenir un nombre important d'autres sous-habiletés . Entre acquisition de la lecture et analyse segmentale, les rapports sont du "tout" à la "partie". Pour acquérir le tout : apprendre à lire, il faut que chacune des parties composantes ait été acquise. Des difficultés avec l'une ou l'autre de ces composantes vont créer des problèmes avec le tout.

En définitive, on pourrait affirmer qu'au-delà des capacités métalinguistiques et métaphonologiques, ce serait le niveau métacognitif de l'enfant qui serait essentiellement concerné par les processus complexes qui conduisent à s'approprier la structure du système de l'écrit.