A - Modèle de U. Frith

U. Frith (1985), chercheur à l'Université de Londres, a présenté un modèle cognitiviste classique qui envisage l'apprentissage de la lecture comme une suite de stades acquis successivement par l'enfant. Sa théorie cognitive a exercé une grande influence sur les recherches ultérieures.

Frith définit trois stratégies au cours desquelles différentes procédures de traitement des mots sont acquis :

a) La stratégie logographique : c'est le traitement global et uniquement visuel des mots, sans référence à la phonologie. Il s'agit, selon l'auteur, d'une mémorisation de formes visuelles où l'enfant traite les mots comme des "objets visuels", des images et non comme des objets linguistiques.

b) La stratégie alphabétique : il s'agit d'une procédure analytique, dans laquelle l'enfant traite tous les graphèmes qui sont décodés les uns après les autres. Ici, l'information phonologique est centrale et, contrairement à l'étape précédente, l'identité et l'ordre de toutes les lettres sont déterminants.

c) La stratégie orthographique : elle permet un accès visuel direct au mot, par adressage. L'analyse du mot écrit s'effectue sur la base orthographique sans intervention de la phonologie.

Le trait le plus novateur de cette théorie est de considérer des relations entre l'apprentissage de la lecture et celui de l'écriture.

Les exigences différentes de l'écriture et de la lecture introduisent un élément dynamique dans le processus d'apprentissage.

Cependant, la description de U. Frith de cette évolution est trop imprégnée de la perspective développementale, qui fait surgir chaque capacité d'une autre. Cette théorie ne tient pas assez compte du fait que l'apprentissage de la lecture n'est pas le produit spontané d'une évolution de type biologique. Il est d'ordre culturel, fondé certes sur des capacités naturelles, contraint aussi par ce que la famille et les institutions scolaires offrent à l'enfant.

En outre, U. Frith postule l'existence de trois stades qui apparaîtraient successivement, mais apporte peu d'informations sur la façon dont les acquis d'un stade s'intègrent et déterminent les stades ultérieurs.

En particulier, on peut se demander si les processus de reconnaissance visuelle acquis au cours de la période logographique interviennent également au cours du stade orthographique, ou si l'existence de deux types de processus distincts est à envisager.