C - Modèle à une procédure de lecture

Les données expérimentales recueillies par différents auteurs remettent en cause l'hypothèse d'un mécanisme de règles de correspondance indépendant du système lexical.

Une procédure unique de lecture a été représentée dans différents modèles.

Au delà du traitement visuel de la séquence de lettres, les mots et les non-mots font l'objet d'une analyse en fonction des spécifications orthographiques contenues dans le lexique visuel d'entrée. S'il s'agit d'un mot, sa prononciation peut être obtenue directement au départ de l'intégralité de la forme orthographique ; s'il s'agit en revanche de non-mots, des segments sont repérés en fonction de leur appartenance à des mots de la langue. Toutes les prononciations potentielles sont activées à partir de ces segments pour retenir celle intégrée dans le plus grand nombre de mots.

A l'inverse du modèle de J. Morton, les associations entre segments orthographiques et segments phonologiques ne sont donc pas stockées indépendamment des mots dans lesquels elles apparaissent, et ne peuvent par conséquent être évoquées en l'absence de l'activation lexicale.

Cependant ces modèles n'arrivent pas à rendre compte de toutes les capacités d'assemblage du lecteur habile (A. Content, 1990).

Dans l'état actuel des connaissances, il semble bien qu'on ne puisse plus admettre l'existence de deux procédures indépendantes de lecture, pas plus d'ailleurs que l'hypothèse d'un système qui fonctionne en l'absence de connaissances quant aux relations qui unissent des segments orthographiques aux segments phonologiques.

Les théories cognitivistes, en contribuant au renouvellement des méthodes d'investigation dans plusieurs domaines de la neuropsychologie auxquels elles se sont étendues depuis les premiers travaux sur la lecture, mettent en exergue un certain nombre de désordres assez spécifiques et permettent une meilleure compréhension des processus cérébraux.

Aujourd'hui, l'une des idées-clés défendues par E. Ferreiro (1988), G. Chauveau (1990, 1993) et J.-M. Besse (1990, 1993…), est que le modèle de fonctionnement du lecteur adulte n'est pas assimilable, stricto sensu, à un modèle d'acquisition de la lecture.

La conduite de l'enfant, en présence de l'écrit, ne constitue pas le modèle réduit ni même embryonnaire de celui de l'adulte. Cependant les travaux sur le fonctionnement du lecteur expert peuvent éclairer sur certains points.