D - Approche des marques nominales du nombre

En ce qui concerne les morphogrammes grammaticaux, en particulier les marques du nombre des noms, nous constatons que le nombre oral, en dehors des cas des mots en al/aux et ail/aux, ne doit pas être recherché au niveau du mot.

Les marques du nombre portant sur le nom et l'adjectif sont aujourd'hui, en français presque exclusivement écrites.

Les marques écrites du nombre des noms adoptent les quatre caractéristiques générales des morphogrammes (N. Catach) :

maintien graphique d'une morphologie clignotante : ils dépassent le lien avec l'oral. En effet, on écrit dans tous les cas ce qui se prononce dans certains cas seulement.

ex.: on entend la marque du féminin dans verte et non dans jolie

information morphosyntaxique supplémentaire : les cas d'information nulle demeurent relativement nombreux :

ex.: leur(s) fil(s) coure(nt)

souplesse et cohésion syntaxique : la solidarité des éléments devient un facteur de cohérence et de conservation des groupes, particulièrement en cas de séparation des éléments :

ex.: les voiles sont noirs/noires

information paradigmatique : elle est très utile quand il s'agit d'opposer les marques nominales aux marques verbales. Cela permet d'actualiser visuellement un lien entre les divers éléments de la langue de même nature, de même fonction, de même sens.

ex.: Tableau de N. Catach (1986, p. 228).

Tableau n° 2 - Tableau de N. Catach
Tableau n° 2 - Tableau de N. Catach

A l'écrit, les morphèmes de nombre sont distincts selon qu'ils sont utilisés pour les mots du groupe nominal ou pour la classe verbale.

On distingue trois modes distincts pour indiquer le singulier/pluriel :

– le premier mode de marquage se caractérise par l'adjonction d'une lettre (ex.: le -s pour le pluriel, ami - amis) ou d'un suffixe dans le cas des substantifs se terminant par -al ou -ail (ex.: cheval - chevaux).

Le morphème de nombre -s est commun aux termes essentiels du groupe nominal, déterminants, adjectifs, pronoms et noms.

R. Honvault-Ducrocq (1984, p. 63) remarque «qu'il agit pour l'œil comme un signe particulier puisqu'il est toujours placé à la fin des mots, après le morphème lexical ou même le morphème de genre, étant en quelque sorte la ponctuation du nombre. Cependant, il n'est pas totalement indépendant des lois graphiques du système du français. En effet, dans certaines distributions, c'est-à-dire après les graphèmes "ou", "eu", il est remplacé par son cousin historique, le "x" (ex.: bijoux, cheveux…)».

– le second mode est représenté par un changement lexical plus marqué (ex.: œil - yeux).

– le troisième type de formation du nombre ne peut être qualifié de marquage, le nom commun conservant la même forme (ex.: un ou des procès).

Ces substantifs ont en général comme terminaison un -s, un -x ou un -z. Les marques extérieures sont alors portées par l'article et l'adjectif.