Conclusion

Au terme de cette partie théorique sur la genèse de l'écrit, nous pouvons évoquer la continuité dans l'unité de l'évolution d'un enfant et le constant fonctionnement de son esprit, transformant à chaque étape tous les acquis précédents et constituant peu à peu l'expérience individuelle. Celle-ci n'est jamais donnée comme telle et d'emblée. Elle est toujours précédée d'un vécu individuel marqué du dynamisme de chacun, de la richesse de l'environnement auquel l'individu participe dès sa venue au monde.

La maîtrise de la langue parlée modifie les formes et la nature du stockage des informations recueillies au cours d'un vécu multiforme, tantôt centré sur le moi, tantôt sur les objets auxquels celui-ci s'oppose, comme pour mieux prendre conscience de sa propre individualité.

L'acquisition et l'enrichissement de la langue orale facilitent les accès à la langue écrite.

La litéracie confère un pouvoir de communication et de découverte.

Les modalités d'un apprentissage aussi complexe nécessitent un mode spécifique d'appropriation des objets d'apprentissage.

Les écrits font partie de l'environnement de l'enfant au même titre que toutes les autres choses avec lesquelles il entre en contact dès son plus jeune âge. La démarche est la même, consistant à se familiariser avec les choses, à les faire devenir "objet" de son attention, de son intérêt, de son désir, et faisant de l'écrit un objet de contact distant, puis de rapprochement, et enfin de familiarisation et d'appropriation ; un objet de plaisir que l'on peut, à son gré, démonter et reconstruire.

La seconde partie de cette thèse abordera la question d'enfants confrontés à un double apprentissage de l'écrit, au confluent de deux cultures et de deux langues présentant de multiples points de divergence. Nous examinerons comment cette confrontation peut déboucher sur des voies de coexistence très variées (complémentarité, dualité, entente, conflit).