Chapitre 1. Arménie : histoire et civilisation

I - Carte de l'Arménie historique

Entrée très tôt dans l'Histoire sous le nom d'Ourartou, l'Arménie a vécu, entre Occident et Orient, une histoire riche et mouvementée.

D'une superficie de 300 000 km2, l'Arménie historique avait pour frontières, au Nord, la Géorgie et les chaînes du Caucase, à l'Est, la Perse, au Sud, la Mésopotamie, et à l'Ouest, l'Empire romain d'Orient. Sa position géographique en fit un pont économique et politique entre l'Est et l'Ouest, qu'empruntaient les caravanes de marchands, venus des Indes et de l'Asie centrale, pour se rendre à l'Ouest, et vice versa. Pendant des siècles, le pays devint également le centre d'opérations militaires entre de grandes nations anciennes, telles que Babylone et l'Assyrie, la Perse, Rome et la Grèce.

C'est dans ce contexte que l'Arménie fut nommée le "Berceau de la civilisation".

Du IXe siècle avant J.C. au XVe siècle de notre ère, le pays connut d'importantes fluctuations géographiques et presque tous les systèmes politiques ; cette Arménie "historique" se réduisit au cours des siècles par les conquêtes et les exterminations.

En effet, en un quart de siècle, entre 1895 et 1920, le peuple arménien perdit deux millions de personnes. Les Perses d'abord, au XVIIe siècle, ensuite et surtout les Turcs déportèrent et massacrèrent des millions d'Arméniens ; le Gouvernement "Jeune Turc" leur donna le coup de grâce le 24 Avril 1915, quand la population et notamment les intellectuels arméniens de Constantinople furent déportés et massacrés.

Un million et demi d'Arméniens périrent, et un autre demi million a formé une population d'apatrides dont les descendants vivent aujourd'hui dans un grand nombre de pays sur tous les continents.

Carte n° 1 - Empire Ottoman. Arménie. Début XX
Carte n° 1 - Empire Ottoman. Arménie. Début XXe siècle (in M. Nichanian, 1989)