A - Sujets français

Ce sont les enfants ou petits-enfants des immigrés ayant vécu les massacres de 1915. Pour les survivants, égarés sur les routes de l'errance entre les camps de réfugiés et les orphelinats, il y avait impossibilité d'un retour en arrière, donc de réintégrer le sol natal. En une génération, leurs enfants s'intégrèrent dans une société occidentale avancée. Ceux-ci se sont d'autant plus facilement fondus dans le creuset français que régnait la volonté de s'établir définitivement dans le pays d'accueil (C. Jelen, 1991).

L'épisode de 1947 a introduit une rupture dans ce processus d'adoption (M. Hovanessian, 1995).

Les premières impressions du voyage vers la "terre promise" ont été une succession de désillusions, laissant entrevoir un avenir menaçant et misérable. La confrontation quotidienne avec d'autres conceptions de la vie collective suscita la prise de conscience de l'immense duperie de ce retour.

Dès 1956, pour certains de ces rapatriés, commença un moment de retour massif vers la France avec le double défi : quitter un lieu et en retrouver un autre fait d'un monde d'incertitudes.

Pour ces derniers, pourtant, être de nationalité française facilita bien des démarches et, en particulier, l'intégration dans la communauté d'accueil.