B - Types et degrés de bilinguisme

1) Compétence linguistique

Le bilinguisme est un tout indissociable ; ce point de vue holistique suppose l'existence d'une compétence globale du bilingue qui est unique et difficilement scindable. Il dispose d'une double compétence cohérente et harmonieuse, et non de deux compétences ajoutées. Le bilingue possède deux situations de communication de base, nécessaires à ses besoins, qui l'amènent à passer d'une langue à l'autre.

Cette compétence peut être équivalente dans les deux langues proportionnellement et qualitativement (A. de Houwer, 1990 ; J. Meisel, 1989).

Lambert (in J.-F. Hamers et M. Blanc, 1983) parle ainsi de "bilinguisme équilibré", C. Hagège (1996) "d'équilinguisme" (connaissance excellente des deux langues).

Cependant, dans les faits, le sujet bilingue est souvent doté de deux degrés de compétence, l'un étant plus élevé que l'autre, généralement. Il s'agit alors, selon cet auteur, de "bilinguisme dominant".

Pour H. Jisa (1989), beaucoup d'enfants bilingues simultanés montrent une compétence expressive plus développée dans une des langues, même si la compréhension des deux idiomes semble similaire.

La mesure du degré de bilinguisme s'effectue lors d'un examen bi-dimensionnel, fondé sur des tests spécifiques à l'aide desquels on vérifiera le degré de perfection des performances linguistiques de compréhension (orale, lecture) et d'expression (discours, écriture).

C. Perregaux (1994) donne au bilinguisme le qualificatif de "réceptif" lorsque le sujet comprend et lit plusieurs langues sans les écrire et les parler, et utilise le terme de "bilinguisme productif" lorsque la personne peut parler et écrire dans plusieurs langues.

Les termes "réceptif" et "productif" ayant un autre sens, nous emploierons plutôt les substantifs bilinguisme de compréhension et bilinguisme pour différencier, dans la suite de notre développement, les variabilités dans les compétences linguistiques des élèves.

Les termes de compétence passive et de production sont également employés pour désigner respectivement le décodage des énoncés entendus et leur expression.

Selon H. Jisa (1991), un sujet placé dans un contexte où sa langue non-dominante deviendrait langue dominante de la situation, transformerait assez facilement sa compétence passive accumulée avant la période de contact intensif en une compétence de production.