2) Apprentissage de la seconde langue

Dans la mesure où il est phénomène multidimensionnel, le bilinguisme est toujours appréhendé sous un certain angle de pertinence, et les épithètes qui lui sont accolés renseignent sur la nature de cet angle. Il est par conséquent judicieux de prendre en compte une typologie pour apprécier les dimensions du bilinguisme.

Lorsque la seconde langue est apprise dans un contexte naturel, indépendamment de la langue maternelle, le sujet bilingue dispose de deux systèmes verbaux indépendants.

Les chercheurs Ervin et Osgood (in J.-F. Hamers et M. Blanc, 1983) parlent de "bilinguisme coordonné" (coordinate). Les mots de la langue A ne sont associés qu'avec les sens qui sont propres à cette langue, et de même ceux de B avec les sens qui sont propres à B. Il s'agirait donc d'une expérience de deux cultures, supposant chez l'enfant, même très jeune, une certaine conscience du fait qu'il dispose de deux codes distincts, reflétant un monde différent ; chacun est applicable à un type spécifique d'échange verbal (C. Hagège, 1996).

En revanche, le "bilingue composé" (compound) disposerait de compétences linguistiques pour une seule représentation cognitive, car sa seconde langue serait acquise/apprise par la médiation exclusive de sa langue maternelle (cas de l'apprentissage scolaire d'une deuxième langue, cas des situations familiales dans lesquelles les parents utilisent, indifféremment, l'une ou l'autre langue).

Toutefois, il paraît plus vraisemblable que, à des degrés divers, chez le même sujet, certains éléments des deux langues soient organisés de manière composée et d'autres de manière dissociée.