II - Bilinguisme et développement neuropsychologique

A - Aspects psychologiques

Quand un enfant devient bilingue par une décision pré-établie de ses parents, nous voyons que ces derniers réunissent certaines conditions pour rendre leur objectif accessible et durable.

A noter toutefois que les choix de langues, qui ne reposent sur aucune motivation naturelle et dont l'enfant n'aperçoit pas la nécessité, aboutissent le plus souvent à des échecs (A. Lietti, 1994).

C'est aussi l'avis de L.N. Arnberg (1987) pour qui, en l'absence d'un contexte où seule la langue non dominante dans l'environnement linguistique peut servir de langue de communication, les enfants bilingues n'éprouvent pas la motivation nécessaire à cette acquisition.

En revanche, aucun projet de bilinguisme fixé à l'avance n'existe pour ceux qui doivent vivre dans un pays d'adoption ; ils ne s'approprieront la langue et la culture du pays d'accueil que s'ils assument leur propre identité.

D. Bouvet (1984) insiste sur le fait que ceci est réalisable seulement dans le respect de la langue d'origine. Redécouvrir ses racines les plus profondes et rétablir la communication avec sa communauté culturelle naturelle, semble le point de départ de toute quête d'identité (C. Fitouri, 1983). Lorsque, dans son effort intense d'apprentissage de la langue de son pays d'adoption, l'enfant est mis dans la situation de perdre sa langue d'origine, peut-il vraiment s'agir de l'appropriation d'une parole ?

Le langage, outil d'expression, instrument de communication, est aussi un moyen de forger sa propre identité. Il est donc essentiel que les enfants de migrants puissent approfondir leur langue maternelle en la réservant non plus au cercle familial, mais en la reconnaissant également hors de ce milieu.

Le bilinguisme deviendra alors "un luxe nécessaire" (D. Bouvet, 1984), un enrichissement de la personnalité pour cet enfant immergé dans deux cultures. En contemplant le monde par deux "lucarnes", sa vision du monde s'élargit et, comme le définit E. Deshays (1990), cela lui apporte «une certaine lucidité, une ouverture d'esprit et des capacités d'adaptation à un autre groupe».

Depuis longtemps on a reconnu que les bilingues possèdent généralement une malléabilité et une souplesse cognitives supérieures à celles des unilingues (B. Bain, 1974). Voyons plus précisément ce qui peut l'expliquer.