Quatrième partie. Résultats, analyses et interprétations des données

Rappel des hypothèses

Avant de présenter brièvement cette quatrième partie, nous récapitulerons au préalable nos objectifs et hypothèses :

– décrire les grandes tendances de la psychogenèse de l'écrit en langue arménienne, et généraliser les productions recueillies, afin d'établir un comportement moyen en arménien et en français de notre population.

– étudier s'il existe une corrélation dans les stades d'appropriation, sachant que les enfants seront bien plus avancés en français, ne bénéficiant que d'une heure d'enseignement de langue arménienne par jour.

– noter les éventuels interférences et transferts d'habiletés apparaissant dans les écrits de notre population.

– étudier l'homogénéisation des profils individuels opérée par l'enseignement lors des études longitudinales et transversales.

– repérer la pluralité de stratégies d'un même enfant au cours d'une même séance (variations intra-individuelles).

– faire une étude comparative de la construction du concept du nombre avec l'hypothèse d'une acquisition plus précoce en arménien en tant que système ne contenant que des morphonogrammes et ne nécessitant qu'un travail de réanalyse (vs. nécessaire travail de conceptualisation en français).

La morphographie du nombre en arménien, entraînerait-elle des interférences en français ? Ou bien les enfants simplifieraient-ils, au contraire, les termes français et surchargeraient-ils l'écrit arménien dans sa morphographie du pluriel ?

– analyser les processus d'acquisition de l'écrit pour une langue que l'on maîtrise oralement (enfants bilingues), et pour une langue non maîtrisée (enfants précocement immergés mais monolingues ou bilingues de compréhension). Evaluer ainsi les effets qu'entraîne l'apprentissage sans appropriation véritable.

– étudier les points de divergence entre ces deux langues, et déterminer en quoi les procédures repérées sur le français vont être retrouvées en arménien.

Cette quatrième partie se propose de rassembler les données recueillies, de les analyser puis de les interpréter suivant plusieurs axes.

Pour tenter de répondre à nos hypothèses théoriques, notre plan de dépouillement des données comprend deux études transversales, des études comparatives ainsi qu'une étude longitudinale.

Le premier chapitre propose en premier lieu une étude tranversale des productions recueillies en deux langues, incluant un regroupement des données, pour chaque expérimentation, par niveaux de conceptualisation et procédures de traitement.

Succédera, dans le deuxième chapitre, une seconde étude transversale des seules données de l'épreuve du pluriel.

Les études comparatives du troisième chapitre sont réalisées autour de plusieurs thèmes émergeant des données recueillies.

Le quatrième et dernier chapitre sera consacré à une analyse longitudinale regroupant cinq études de cas que nous considérons comme représentatifs des profils individuels observés dans l'ensemble de la classe.

Nous rappelons au lecteur le sens que nous attribuerons aux termes "stratégie" et "procédure" dans la suite de notre propos : la notion de stratégie est à comprendre comme une hypothèse de traitement, les procédures seront définies comme «l'ensemble des opérations d'identification et de transformation des données graphiques effectuées par le sujet» (J.-M. Besse, 1992b).