Première partie. La structuration des interactions

Introduction

D’après Kerbrat-Orecchioni,1996, à un premier niveau, dans toute interaction, il faut au moins deux interlocuteurs qui parlent à tours de rôle. Une interaction verbale est une succession de «tours de parole». Cette succession est soumise non seulement aux règles d’alternance mais aussi :

‘«à certains principes de cohérence interne : une conversation est une organisation qui obéit à des règles d’enchaînement syntaxique, sémantique, pragmatique et c’est cette grammaire des conversations qu’il s’agit, à un deuxième niveau, de dégager. On dira que les différentes contributions des participants sont en relation de dépendance conditionnelle, c’est-à-dire que toute intervention crée sur la suite un certain nombre de contraintes, et un système d’attentes[…]» (Kerbrat-Orecchioni, 1996 : 34)’

L’organisation séquentielle des interactions peut être envisagée au niveau global et local. Au niveau global, on reconstitue le scénario (ou script) de l’ensemble de l’interaction. Ce scénario est directement lié au type d’interaction. Au niveau local, on étudie la façon dont s’effectue, pas à pas, l’enchaînement des différents constituants de l’interaction. Par exemple, cet enchaînement peut se faire au niveau explicite ou implicite.

Dans cette partie, nous allons présenter notre analyse des règles qui régissent la structuration des interactions et leurs variations entre les interactions commerciales en France et celles au Vietnam.

Le chapitre 3 sera consacré aux problèmes théoriques. Nous allons présenter un modèle hiérarchique des unités d’une interaction à cinq rangs proposé par Kerbrat-Orecchioni, qui constitue pour l’analyse des interactions un outil précieux et qui présente l’intérêt de rendre compte à la fois de leur organisation locale et globale. Nous présenterons successivement ces unités : l’interaction, la séquence, l’échange, l’intervention, et l’acte de langage. Nous allons aussi présenter le schéma global des interactions.

Dans le chapitre 4, nous analyserons les séquences encadrantes (ouverture et clôture), séquences fortement «rituelles». Nous voulons savoir, dans une interaction commerciale, la présence de ses séquences est obligatoire ou facultative. Puis, nous analyserons leurs composantes et leur mise en séquences.

La séquence centrale de transaction sera analysée au chapitre 5. Nous présenterons le script minimal de la transaction, tel que l’a dégagé par Traverso 1 . Dans ce script, la requête sera considérée comme l’acte central de la transaction. Nous distinguerons d’abord les requêtes et les questions, puis la requête principale et les questions subordonnées. Nous présenterons les variantes du script minimal ayant la requête principale comme noyau. Nous analyserons ensuite la séquence de marchandage dans le corpus vietnamien, un facteur principal qui complexifie la structuration des interactions commerciales. Nous présenterons la notion générale de la négociation et le marchandage, son script général et ses composantes. Nous aborderons enfin les modules conversationnels dans une interaction commerciale en envisageant des problèmes suivants : définition, caractère routinier, placement, durée relative, conditions d’apparition, etc.

Une conclusion partielle fermera cette partie.

Notes
1.

Voir Traverso, 2001 b.