2. « Bon » et « mauvais » voisin.

Le voisin ne se définit pas seulement à partir de la distance qui le sépare d’autrui. Les archives judiciaires l’associent à quantité de situations qui sont autant d’occasions pour l’historien de connaître les qualités dont on aimerait le voir paré. Le voisin idéal, le « bon voisin », celui avec lequel chacun souhaiterait pouvoir cohabiter, se voit ainsi doter de nombreuses vertus qui s’ordonnent autour de quatre registres principaux : ce sont, par ordre d’importance : l’entraide et la solidarité, l’honnêteté et la probité, la discrétion et la tranquillité, la bienveillance et l’urbanité. De toutes ces conduites, il sera largement question dans les chapitres qui suivent parce qu’elles commandent en grande partie les relations de voisinage. On se limitera donc ici à quelques remarques d’ordre général.

Tableau 2. Le bon voisin.
I. ENTRAIDE ET SOLIDARITE.

Qualités reconnues

Nombre d’occurrences

Qualités reconnues

Nombre d’occurrences

S’interposer dans une querelle pour retenir ou calmer un voisin


312

Recueillir la femme d’un voisin battue


47

Accommoder ou réconcilier un voisin

137

Pourchasser un voleur surpris dans l’immeuble ou dans le quartier


42

Donner l’asile à un voisin

96

Prévenir le chirurgien ou le curé

41

Aider financièrement ou matériellement un voisin en difficulté


81

Participer activement aux travaux collectifs


32

Défendre un voisin en s’opposant aux représentants de l’ordre


53

Surveiller les enfants ou la boutique du voisin


23

Aller chercher la garde

51
   
II. HONNETETE ET PROBITE

Qualités reconnues

Nombre d’occurrences

Qualités reconnues

Nombre d’occurrences

Etre franc, loyal et intègre

85

Faire preuve de modération ou de tempérance

47

Avoir des mœurs irréprochables

63

Veiller un voisin défunt

32

Se montrer digne de confiance

54

Respecter l’Eglise et les valeurs chrétiennes

17

Honorer ses dettes

52

 
III. DISCRETION ET TRANQUILLITE

Qualités reconnues

Nombre d’occurrences

Qualités reconnues

Nombre d’occurrences

Respecter le repos des voisins



76

Bannir les comportements égocentiques (accaparement des espaces collectifs, pollution olfactive….)



43

Ne pas s’immiscer dans les affaires d’autrui

52

Parler doucement

22
IV.BIENVEILLANCE ET URBANITE

Qualités reconnues

Nombre d’occurrences

Qualités reconnues

Nombre d’occurrences

Trinquer ou fréquenter le cabaret avec le voisin

207

Se montrer poli et courtois

69

Converser aimablement

126

S’informer de l’état de santé du voisin

55

Rendre visite au voisin

112

Donner de bons conseils

39

Inviter son voisin à déjeuner ou à souper

76

Etre cordial

25

En premier lieu, l’exigence de solidarité, si souvent exprimée dans les archives judiciaires, est étroitement liée au mode de fonctionnement d’une société à l’économie encore peu productive. Le tissu des relations, quand il est suffisamment serré, constitue un véritable rempart contre l’incertitude du lendemain, la précarité ou la pénurie. De tradition en effet, la pauvreté relève d’abord de la charité des voisins même si, à la fin du siècle, prévaut de plus en plus l’idée que c’est à l’Etat et au roi de prendre en charge les indigents ( 185 ). D’autre part, un certain nombre de pratiques solidaires visent à maintenir la paix au sein de l’immeuble ou du quartier comme l’interposition entre violents, l’appel à la raison, la recherche de l’accommodement ou l’accueil des femmes battues ( 186 ). L’intervention des voisins dans les conflits, leur détermination à neutraliser les plus agressifs sont autant de comportements appréciés par la collectivité. A l’inverse, le spectateur impassible ou indifférent est mal jugé. Son attitude est condamnée au même titre que celle du violent qui s’est laissé emporter par la colère. De fait, selon le point de vue le plus courant, l’important est de ne jamais laisser face à face deux adversaires: l’aveuglement et la passion risqueraient de les conduire à commettre des actes irréparables.

L’honnêteté est la seconde des vertus attribuée au « bon voisin ». Ce terme générique recouvre une pluralité de sens qui sont le fruit d’une longue évolution sémantique ( 187 ). Si l’honnête homme du XVIIème siècle est affable et de conversation agréable, s’il cultive le courage, les vertus chrétiennes et le goût de la poésie, il est aussi celui qui limite ses ambitions aux possibilités de sa naissance et qui sait rester à sa place. Au siècle suivant, bien que les honnêtes gens soient encore décrits comme devant être conformes « à l’honneur et à la vertu » par le Dictionnaire de l’Académie, ils sont aussi emplis de « probité » ( 188 ). A la notion d’honneur, donc, - si fortement ancrée dans les mentalités populaires, comme le montreront d’autres chapitres – s’ajoutent celles de loyauté et de droiture ( 189 ). L’honnête homme devient l’homme intègre. Il est celui en qui on a une entière confiance au point de lui laisser sa boutique à garder ou ses enfants à surveiller. Au fond, dans l’opinion commune, l’honnête homme c’est le « brave homme », respectueux du bien d’autrui et doté d’un véritable sens moral. « Le sieur Bonnefond, lit-on dans une procédure, s’est toujours comporté de la manière la plus honnête qui soit. Il a une conduite très régulière et entretient avec ses voisins des relations sans histoire. Son tempérament calme et tranquille, sa modération l’ont toujours tenu éloigné des querelles inutiles. La confiance qu’il inspire le fait estimer de tous les habitants de l’immeuble » ( 190 ). Avec le temps, l’honnêteté se charge d’autres vertus encore : l’intégrité physique, la propreté et la fierté familiale ( 191 ). Ainsi que le dit l’Encyclopédie, elle entretient « l’esprit de justice, la bienséance, la délicatesse, la décence, enfin le goût….des bonnes manières » ( 192 ) . En ce sens, dans la nation comme dans la communauté de voisinage, elle est garante de l’ordre et de l’harmonie sociale.

Le respect de la quiétude et du repos public, la bienveillance et l’urbanité représentent deux autres catégories de vertus hautement appréciées chez un voisin ( 193 ). Rester discret, éviter le bruit et les altercations inutiles, garder son sang froid mais aussi savoir se montrer sociable et avenant vis-à-vis de la collectivité sont autant de qualités que chacun aimerait voir prévaloir dans les rapports sociaux . N’est-ce pas là aussi le vœu des juristes quand ils cherchent à fixer les devoirs dits de « bon voisinage » ( 194 ) ? Dans l’esprit de tous, la meilleure conduite possible consiste à suivre la voie du juste milieu et de la modération. Réservé sans être indifférent, ennemi des discordes mais volontiers convivial et aimable, le « bon voisin » sait respecter la tranquillité de ses compatriotes. A sa façon, il fait siennes les préoccupations qui habitent les manuels de civilité, les traités de bienséance et les catéchismes qui appellent au contrôle des affects et des pulsions : la parole et le corps y sont présentés comme les lieux par excellence de la démesure ( 195 ). La première, note Gracian, est « une bête sauvage qu’il est très difficile de remettre à la chaîne, quand une fois elle est échappée » ( 196 ). Au siècle suivant, l’abbé Dinouart incite à son tour à retenir sa langue et à ne prononcer que des choses raisonnables ( 197 ). N’est-ce pas la meilleure façon déviter les écarts de langage et, partant, les injures et les calomnies ? Quant au corps, il doit être tenu en laisse lui aussi, c’est-à-dire ne pas céder aux pulsions sexuelles ou aux passions belliqueuses. La collectivité toute entière y gagnera calme et concorde.

Si l’examen des procédures judiciaires permet de dégager les qualités du « bon voisin », de même, il renseigne sur son contraire : le « mauvais voisin ». Le plus souvent, les documents décrivent des attitudes ou des comportements négatifs qui se situent à l’opposé de ceux qui viennent d’être évoqués : à la franchise se substitue la déloyauté, à l’amabilité la rudesse, à la modération l’intempérance etc….Parfois, cependant, le « mauvais voisin » se voit affublé de défauts ou de tares plus spécifiques.

Tableau 3. Le mauvais voisin.
I.COMPORTEMENT ASOCIAL OU INADAPTE A LA VIE COLLECTIVE

Caractéristiques

Nombre d’occurrences

Caractéristiques

Nombre d’occurrences

Recourir à l’injure, à la calomnie, à la diffamation

728

Etre grossier ou goujat

76

Se montrer agressif ou violent à l’encontre des voisins


482

Refuser de participer aux travaux collectifs


32

Troubler la quiétude de la maisonnée ou incommoder les voisins


223

Etre acariâtre


26

Provoquer ou se moquer

167

Refuser de secourir charitablement autrui

22

Exciter la jalousie entre voisins

125
   
II. MAUVAISE CONDUITE MORALE

Caractéristiques

Nombre d’occurrences

Caractéristiques

Nombre d’occurrences

Etre malhonnête

187

Se montrer impudique

27

Se comporter en libertin, débauché, ivrogne


112

Manquer d’autorité sur sa femme ou sur ses enfants

21

Faire preuve d’hypocrisie ou être déloyal


49

Témoigner d’un esprit irréligieux


13
III. ATTEINTE A LA PROPRIETE OU AUX BIENS D’AUTRUI

Caractéristiques 

Nombre d’occurrences

Caractéristiques

Nombre d’occurrences

Voler

91

Désavouer ou ne pas honorer ses dettes

79

Dégrader ou détériorer la propriété d’autrui

67
   
IV. APPARTENANCE A UNE CATEGORIE DE PERSONNES ETRANGERES OU JUGEES SUSPECTES

Caractéristiques

Nombre d’occurrences

Caractéristiques

Nombre d’occurrences

Etre un étranger, un forain, un individu venu de l’extérieur du royaume


76

Etre un vagabond, une personne sans aveu


46

S’être nouvellement installé dans le quartier ou dans l’immeuble


52

Etre un Juif

7

Quatre raisons principales distinguent le « mauvais voisin » : un comportement contraire à la vie en collectivité, une inconduite notoire et scandaleuse, une offense à la propriété d’autrui ou encore une origine étrangère ou jugée « suspecte ».

Sans s’attarder sur chacune de ces attitudes, on notera cependant que, dans la conscience commune, le « mauvais voisin » c’est, d’abord, celui qui foule aux pieds le pacte communautaire. Par son comportement négatif et son mépris des autres, il contribue à la déliquescence de la collectivité et aggrave les tensions entre ses membres. L’injure, la calomnie, l’agressivité, la violence gratuite, le vol, le refus de venir en aide à autrui sont, dans l’ordre, les conduites jugées les plus attentoires à la vie du groupe. Ce sont elles aussi qui se trouvent à l’origine de la plupart des plaintes entre voisins ( 198 ).

Le non respect de la morale traditionnelle constitue un autre type de grief adressé au « mauvais voisin ». Dans une société où la vie familiale et privée sont encore fortement marquées par l’intervention de la collectivité, l’intempérance et l’immoralité sont jugés infamants, comme l’irréligion. Elles contreviennent en effet aux vertus modernes et chrétiennes de la modération et de la modestie ( 199 ). Surtout, elles menacent l’ordre et la paix interne de la maisonnée en instillant une dangereuse portion d’individualisme et d’égoïsme incompatible avec les prérogatives communautaires.

Le « mauvais voisin », enfin, c’est l’individu de passage, l’étranger nouvellement installé dans la rue ou dans l’immeuble, celui que le groupe ne reconnaît pas comme étant un des siens en raison de sa marginalité sociale ou de sa religion. « Les habitants (de l’immeuble), peut-on lire dans une plainte,….ont toujours témoigné la plus grande méfiance à l’adresse du sieur Guichard. Il habite le quartier (depuis un mois)….et (fait partie)….de ces gens suspects (comme le sont)….les tripoteurs, les agioteurs, les Juifs, les colporteurs, les gibiers de potence » ( 200 ). Cette défiance à l’égard d’un inconnu, issu d’espaces ignorés, mi-travailleur, mi-vagabond, n’est pas nouvelle. L’étranger, parce qu’il échappe aux formes ordinaires du contrôle et de l’encadrement social ou religieux est porteur de danger. Plutôt qu’un rejet catégorique, il suscite une pluralité de sentiments qui va de la réserve prudente à la jalousie tenace en passant par la curiosité, l’interrogation, la peur ou l’angoisse. La haine déclarée, en revanche, reste exceptionnelle( 201 ). Ce mélange de réactions est étroitement lié à l’histoire de la ville qui attire chaque année son lot de « forains ». L’arrivée massive d’immigrants est perçue à la fois comme une nécessité – garante du rayonnement et de la vocation internationale de Lyon - et un facteur de déstabilisation, source de tensions entre travailleurs concurrents ( 202 ). De ce paradoxe naissent des attitudes équivoques ainsi qu’un sens de l’hospitalité discutable, plus développé, selon certains observateurs chez les personnes de qualité que dans les catégories populaires. « Il y a à Lyon, constate Brackenhoffer, beaucoup de gens discrets qui se montrent polis et bienveillants envers les étrangers, en particulier ceux qui ont eux-mêmes voyagé et qui se sont frottés à d’autres gens ; mais la grande masse est ce qu’elle est partout » ( 203 ). Les archives judiciaires confirment le discrédit dont souffre l’étranger que la collectivité peine à reconnaître comme voisin véritable. « Le sieur Legras, est-il écrit dans une procédure, ….(a dit) qu’il n’avait pas besoin d’avoir pour voisin un inconnu, un ignorant qui ne cherche qu’à tromper et qui a peut-être éprouver des châtiments honteux » ( 204 ). Le groupe des voisins, inquiet pour son unité, déstabilisé par la venue de forains à la culture et aux traditions différentes, troublé par les soubresauts chroniques de la Fabrique a tôt fait de voir dans l’étranger l’instable, le marginal, le mendiant, le responsable de ses difficultés. Cette antipathie jouera à fond lors des troubles de 1789( 205 ).

Les pages qui précèdent ont peu à peu permis de découvrir ce que les hommes de l’Ancien Régime mettent sous le nom de voisin. Témoins de leur temps, les dictionnaires sont précieux parce qu’ils décrivent l’usage du terme en tenant compte de la dimension du passé. Ils ouvrent le vocable et ses dérivés sur la culture et les sentiments collectifs en citant de nombreux dictons qui soulignent tous l’aspect double du voisin : il est à la fois un bien et un mal, un adversaire en puissance et un précieux compagnon, un être familier et encombrant avec lequel il faut savoir composer.

Si, conformément au vieux droit communautaire, le voisin a longtemps été confondu avec la demeure qui l’abritait, l’époque moderne le dote d’une nouvelle personnalité juridique. Le voisin devient un individu à part entière et se trouve personnellement engagé par ses actes. Qu’il soit propiétaire de son logement ou locataire, il est astreint à une série de règles, d’accords, de conventions, de principes qui cherchent à concilier ses intérêts propres et ceux de la collectivité. Cette responsabilisation de chacun n’interdit pas cependant le maintien d’une certaine forme de responsabilité collective. Le voisin est soumis par les autorités à une solidarité réglementée qui fait de lui un élément pleinement associé à la vie de la maisonnée. Il évolue donc au cœur d’un monde solidement encadré où entraide et conflits se succèdent et structurent son quotidien .

Le statut juridique du voisin n’est pas tout. Encore faut-il connaître le sens que le mot – dans son acception géographique – revêt chez Les Lyonnais. Les archives judiciaires sont ici irremplaçables en ce qu’elles donnent au vocable un contenu précis. La qualité de voisin est attribuée, d’abord, à celui qui loge dans l’immeuble. Vient ensuite la personne qui réside dans la même rue ou dans le même quartier. Comme il était attendu, l’attribution du titre dépend étroitement de la distance qui sépare les individus et décroît en fonction de l’éloignement de chacun. D’autre part, la communauté de voisinage hésite toujours à admettre en son sein ceux qu’elle nomme les « mauvais voisins » : forains, saisonniers, errants, minorités religieuses mais aussi réfractaires à l’ordre collectif sont régulièrement tenus à l’écart, voire marginalisés. Celui qui cherche à débusquer les voisins dans les documents d’archives et à les dénombrer doit-il, lui aussi, refuser de les prendre en compte ? Non, semble-t-il. D’abord parce que ce rejet est loin d’être systématique. Ensuite parce qu’il varie selon les individus et en fonction de critères impossibles à déterminer. Seront donc appelés voisins désormais les hommes et les femmes qui évoluent à l’intérieur du périmètre ci-dessus défini. Et eux-seuls, exclusivement.

Notes
185.

( ) Le droit du pauvre à la subsistance est une idée qui naît au siècle des Lumières. Montesquieu, dans L’Esprit des lois, La Pléiade, 1951, T. II, 1807 pages, p. 702, l’exprime avec force : « Quelques aumônes que l’on fait à un homme nu dans les rues ne remplissent point les obligations de l’Etat qui doit à tous les citoyens une subsistance assurée, la nourriture, un vêtement convenable et un genre de vie qui ne soit point contraire à la santé ». L’assistance devient un devoir d’Etat alors que, semble-t-il, la charité privée s’essouffle, comme le déplore le Dictionnaire de Trévoux, op. cit., T.1 V° Charité, p. 1670 : «  Dans ce siècle, la charité est non seulement refroidie, mais presque éteinte et l’on croit perdre le bien que l’on distribue en aumônes ». Ce « refroidissement » est confirmé par les historiens et notamment par M. Vovelle qui souligne in Piété baroque et déchristianisation en Provence au XVIIIème siècle d’après les clauses de testaments, Plon, 1973, 701 pages, pp. 228-270 la chute en Provence des legs destinés aux pauvres. La rupture avec l’aumône et la charité traditionnelle marque le passage vers une bienfaisance publique et nationale que la Révolution aura à cœur d’organiser. Sur ce thème, voir Duprat (C.), «  Pour l’amour de l’humanité » Le temps des philanthropes. T.I, La philanthropie parisienne des Lumières à la monarchie de Juillet, C.T.H.S., 1993, 485 pages, pp. 289-358.

186.

( ) Voir deuxième partie, chapitre 3 A, 1.

187.

() Sur le concept d’honnêteté, consulter Castan (Y.), Honnêteté et relations sociales en Languedoc (1715-1780), Paris, 1974, 699 pages, pp. 22-35.

188.

( ) Dictionnaire de l’Académie, T. I, Paris, ed. 1762, 984 pages, V° Honnête, pp. 882-883.

189.

( ) Cf. troisième partie, chapitre 1, A, 1.

190.

( ) Arch. dép. Rhône, BP 3514, 21 février 1787.

191.

( ) Cabourdin (G.) et Viard (G.), Lexique historique de la France d’Ancien Régime, A. Colin, 1990, 325 pages, V° Honnêteté, p. 163.

192.

( ) Op. cit., T. XVII, 1029 pages, V° Honnêteté, p. 704.

193.

( ) Sur les difficultés de voisinage liées au bruit, voir troisième partie, chapitre 1, pp. 439 et suivantes.

194.

( ) Cf. première partie, chapitre 1, p. 93 et suivantes.

195.

( ) Dans son Nouveau Traité de civilité, Publications de l’Université de Saint-Etienne, Ed. 1998, 228 pages, p. 208, Antoine de Courtin (1622-1685) voit dans la « contenance » une des toutes premières vertus de l’honnête homme et rappelle qu’une personne « n’est censée avoir de la contenance que parce qu’elle contient en premier lieu ses passions, et puis ses membres ou ses actions, sa langue ou ses paroles dans les bornes où toutes ces choses-là doivent être ». Quelques décennies auparavant, Baltasar Gracian in L’homme de cour, Ivréa, Ed. 1993, 192 pages, p. 31, avait écrit : « C’est un grand point que d’être toujours maître de soi-même. C’est être homme par excellence, c’est avoir un cœur de roi….Les passions sont les humeurs élémentaires de l’esprit : dès que ces humeurs excèdent, l’esprit devient malade ; et si le mal va jusqu’à la bouche, la réputation est fort en danger ». De son côté, Furetière, op. cit., T. I, V° Civilité, définit la civilité comme « une manière honnête, douce et polie d’agir, de converser ensemble », converser étant pris dans le sens d’art de savoir fréquenter autrui.

196.

( ) Gracian (B.), op. cit., p. 135.

197.

( ) « Il faut savoir gouverner sa langue, prendre les moments qui conviennent pour la retenir ou pour lui donner une liberté modérée, écrit-il in L’art de se taire, Petite collection Atopia, 2002, 95 pages, p. 38.

198.

( ) Cf. deuxième partie, chapitre 1.

199.

( ) La modestie des attitudes et son apprentissage deviennent une matière nouvelle d’enseignement dans les petites écoles dès la fin du XVIIème siècle. On y apprend la civilité selon les principes exposés par Jean-Baptiste de la Salle dans son ouvrage intitulé les Règles de la bienséance et de la civilité chrétienne. Ce manuel, publié une première fois en 1703 connaît aussitôt un succès considérable. Il sera republié plusieurs fois au cours du siècle, cf. Chartier (R.), Compère (M. M.), Julia (D.), L’éducation en France du XVIème au XVIIIème siècle, Sedes, 1976, 300 pages, pp. 142-144.

200.

( ) Arch. dép. Rhône, BP 3453, 23 janvier 1779.

201.

( ) Cf. deuxième partie, chapitre 1, A.

202.

() « La ville de Lyon, lit-on dans un jugement de police, abonde d’étrangers, d’ouvriers d’artisans ; ils y tendent à l’opulence ; plusieurs y arrivent…. ; plusieurs y échouent et plusieurs ne sont d’ailleurs pas très délicats sur les moyens d’y parvenir. De là une foule de malveillants, de malfaiteurs, de vagabonds, même de voleurs », Arch. comm . Lyon, FF 041, non daté.

203.

( ) Brackenhoffer (E.), Voyages en France : 1643-1644, Paris, Berger-Levrault, 1925, IX-269 pages, p. 115. Le chevalier de Jaucourt, dans l’article de l’Encyclopédie, op. cit., T. XIII, 1042 pages, p.265, qu’il consacre aux étrangers, écrit: « Aujourd’hui que le commerce a lié tout l’univers, que la politique est éclairée sur ses intérêts, que l’humanité s‘étend à tous les peuples….on n’agite plus la question, si l’on doit permettre aux étrangers, laborieux et industrieux, de s’établir dans notre pays en se soumettant aux loix. Personne n’ignore que rien ne contribue davantage à la grandeur, la puissance et la prospérité d’un état que l’accès libre qu’il accorde aux étrangers de venir s’y habituer, le soin qu’il prend de les attirer et de les fixer par tous les moyens les plus propres à y réussir ». Cette appréciation tranche avec le point de vue commun, beaucoup plus critique à l’égard des étrangers et témoigne, à sa façon, du fossé qui sépare parfois l’opinion éclairée et l’opinion populaire.

204.

( ) Arch. dép. Rhône, BP 3482, 23 septembre 1782.

205.

( ) Les émeutes des 1er et 2 juillet 1789, par exemple, au cours desquelles les Lyonnais saccagent les octrois de Lyon, sont déclenchées à partir d’une rumeur répandue dans les cabarets de la ville. Les habitants, persuadés qu’une troupe de brigands et d’étrangers s’apprête à fondre sur la cité accourent en masse et attaquent les bureaux situés aux portes de Lyon Trénard (L.), La Révolution française sans la région Rhône-Alpes, op. cit., p. 174.