Le mode d'organisation de l'espace habité souligne d'autres oppositions. La distribution en hauteur des maisons, tout d'abord, permet de juger du degré de ségrégation verticale. La connaître est précieuse, d'autant que Lyon est une ville réputée pour ses façades élevées et longilignes ( 283 ). Par chance, dans un certain nombre de plaintes ou de témoignages, l’étage où loge le voisin est précisé. Grâce à ces indications, il est donc possible d’examiner la stratification verticale de la société lyonnaise classée, une fois encore, par grandes catégories socioprofessionnelles.
|
R.de chaussée. |
1 er étage |
2 ème étage |
3 ème étage |
4 ème étage |
5ème et plus |
|
|
Journaliers |
12% |
19% |
14% |
28% |
16% |
11% |
|
Artisans |
21% |
20% |
23% |
15% |
13% |
8% |
|
Prof. Libérales |
7% |
27% |
15% |
23% |
18% |
10% |
|
Négts-Mds |
32% |
21% |
27% |
11% |
6% |
3% |
|
Nobles Bourgeois |
12% |
4% |
19% |
26% |
14% |
5% |
|
Prof. Féminines |
4% |
7% |
10% |
16% |
38% |
25% |
| Les artisans. Etude de 306 cas | ||||||
|
Rez-de- chaussée |
1° étage |
2° étage |
3° étage |
4° étage |
5° étage et plus |
|
|
Compagnons |
12% |
15% |
24% |
5% |
5% |
9% |
|
Maîtres |
26% |
24% |
21% |
12% |
13% |
4% |
|
Non précisés |
22% |
19% |
24% |
18% |
7% |
10% |
|
Ensemble des artisans |
21% |
20% |
23% |
15% |
13% |
8% |
Au regard des tableaux, les conclusions de B. Cleux portant sur le quartier de la Juiverie s'appliquent, avec quelques nuances, à la ville toute entière ( 284 ). Plus on monte dans les maisons, moins le statut social est élevé. Ainsi s'explique la forte proportion des veuves et des filles célibataires exerçant un métier qui logent - à plusieurs parfois - aux troisième, quatrième ou cinquième étages des immeubles ( 285 ). Parmi elles, les brodeuses, les blanchisseuses les dévideuses occupent une place à part. Elles logent en priorité dans les étages supérieurs des maisons voire, parfois, dans les combles aménagés en mansardes. Bien entendu, ce mode d'occupation se vérifie dans les quartiers centraux, là où les maisons sont les plus hautes. A Ainay ou à Bellecour, en revanche, les hôtels particuliers et les résidences de qualité ont une élévation moindre. C'est pourquoi on dénombre davantage de servantes et de domestiques féminins aux premiers niveaux des habitations. Dans les autres catégories socioprofessionnelles, transparaît aussi une certaine forme de stratification verticale. Au regard des pourcentages, toutefois, elle paraît moins accentuée. Si 55% des travailleurs non qualifiés logent dans le haut des maisons (troisième, quatrième étage et au-delà), 31% occupent le premier et le second niveaux. Même remarque en ce qui concerne les bourgeois et les membres des professions libérales. Ils se répartissent pour moitié entre les parties basses de l'immeuble (rez-de chaussée, premier et deuxième étages) et les parties supérieures. Restent les marchands, les négociants et les artisans. Les deux premiers groupes sont nombreux à demeurer au rez-de-chaussée. C'est que pour exercer leur activité professionnelle, ils disposent de boutiques, de magasins ou d'entrepôts installés le long des rues. 32% des négociants, des marchands ou des revendeurs y travaillent et y logent à la fois. Ainsi la veuve Rave, une marchande de toiles. Elle loue un bas dans lequel a été aménagée une soupente où elle dort ( 286 ). Le dénommé Gingène connaît une situation assez proche : à l'arrière de sa boutique, il dispose d'une salle, fermée par un simple rideau, qui lui sert de chambre à coucher ( 287 ). Ce type d'aménagement, du reste, n'est pas propre aux commerçants ou aux négociants. Il se vérifie aussi, bien qu'à un degré moindre, chez les maîtres artisans (26%), notamment chez les menuisiers, les cordonniers, les boulangers et les teinturiers dont l'atelier ou la fabrique ouvre sur la rue. Cette manière d'habiter implique une absence de séparation entre le travail et le logement. On la retrouve d'ailleurs à tous le niveaux de la maison puisque de nombreux ateliers d'artisans sont installés dans les étages, à l'instar du sieur Quidam, un coffretier, qui travaille au cinquième étage d’une maison, sise rue Neuve ( 288 ). Elle débouche sur une confusion entre les espaces privé et public, renvoyant à un mode d'existence traditionnel, antérieur à la Révolution industrielle. Cependant, comme le souligne Daniel Roche, la mobilité des populations ouvrières et la politique d'assainissement lancée par les autorités établissent, de fait, une coupure de plus en plus nette entre le lieu de résidence et l'espace voué au travail ( 289 ). Certains louent une boutique au rez-de chaussée de l'immeuble et dorment dans une chambre située au premier étage. Telle est la solution adoptée par Joseph Pichot, un marchand ceinturonnier ( 290 ), ou encore par Mathieu Grand, cafetier place des Terreaux. L'établissement de ce dernier possède un bas qui communique à l'étage supérieur par un escalier en bois. C'est là qu'il couche avec sa famille tandis que ses employés sont relégués sous les toits ( 291 ). Certaines personnes opèrent une coupure plus nette encore. Le sieur Mignot fait le commerce de fromages. « ....A cet effet, il (dispose)....d'un magasin situé rue de la musique des Anges ». Il réside cependant à quelques pas de là, rue Saint-Marcel ( 292 ). Même si la distance parcourue entre le travail et le domicile demeure réduite, elle induit une nouvelle conception de l'activité professionnelle ainsi que des relations moins familières entre le patron et ses employés. Cette opposition toutefois reste encore inconnue pour toute une partie des compagnons et des ouvriers logés chez leur maître. C'est le cas notamment des travailleurs du textile, présents dans de nombreux quartiers de la ville.
Bien entendu, la séparation travail/domicile ne rend compte que très partiellement de la ségrégation verticale. D'autres facteurs entrent en ligne de compte, en particulier le coût des loyers. Une chambre située au cinquième étage de la rue Petit Soulier se paie 72 livres ( 293 ). Au second étage de la rue Paradis voisine, elle coûte 102 livres ( 294 ). Comment, dans ces circonstances, le petit peuple ne se nicherait-il pas en haut des maisons ? D’autant que les immeubles de rapport qui logent les artisans et les ouvriers connaissent eux aussi une certaine forme d'ascension. Tout au long du siècle, leur contenance s’accroît, les façades se développent en hauteur et le nombre d’étages se multiplie ( 295 ).
Pour mettre en valeur d'autres contastes dans la façon d'habiter, il faudrait aussi examiner l'horizon des logements et connaître le nombre de pièces par appartement. La série BP des archives criminelles, hélas, est muette - ou presque - à ce propos. L'orientation des appartements ne transparaît qu'une centaine de fois. Quant à la nature et au nombre de pièces, ils sont précisés dans 29 cas seulement. L'échantillon, par conséquent, pêche par indigence et les informations délivrées doivent être prises avec prudence 296 .
|
Orientation |
Nombre de cas |
% |
|
Sur la rue |
53 |
52% |
|
Sur la cour (ou le jardin) |
24 |
23 ,5% |
|
Mixte |
23 |
22,5% |
22,5% des logements s'ouvrent à la fois sur la rue et sur la cour (ou le jardin). Ce sont en général des appartements dotés de plusieurs pièces (deux, trois ou davantage) où la cuisine donne sur le derrière et la chambre sur le devant. Cette économie des espaces traduit une aisance relative et c'est pourquoi on la retrouve d'abord dans le logis des marchands, des commerçants ou des maîtres de métier. L’orientation sur la rue reste cependant la disposition la plus courante : une majorité (52%) de chambres ou de pièces s'ouvrent ainsi, comme le signale aussi B. Cottin dans ses travaux ( 297 ). Sans doute la curiosité à l'égard d'autrui et le goût du spectacle se nourrissent-ils en partie de cette relation à l'espace public ? Reste un dernier type d’exposition, celui des logements qui « prennent leurs jours » sur la cour de l'immeuble. Composant 23,5% du corpus, ils représentent une part non négligeable des habitations. Peut-être faut-il y voir, avec D. Roche, les effets d'une dégradation des conditions de vie des travailleurs, poussés vers le haut des maisons ? ( 298 ) C'est, en tout cas, un autre rapport à l'environnement urbain qui s'instaure et qui débouche sur une moindre participation à la vie de la rue.
Le nombre et la nature des pièces composent un autre aspect essentiel de la question du logement. Ils permettent d'évaluer l'aisance des foyers et de mesurer leur degré d'intimité. Seulement, rappelons-le, les renseignements fournis par l'échantillon sont insuffisants et n'autorisent aucun calcul statistique. Tout au plus peut-on dégager quelques observations générales dont la valeur reste toute relative.
La difficulté principale qui se pose ici est celle de l'imprécision ou de l'ambiguïté des termes. Ainsi, de nombreux foyers sont nommés « appartements » sans que l'on sache toujours s'il s'agit d'un logement à une ou à plusieurs pièces. De même, le mot « chambre » renvoie souvent à des réalités bien différentes. Il peut s'agir d'un espace clos entre quatre murs sans adjonction d'aucune sorte. C'est ainsi que se présente le logis de Geneviève Rousset, une brodeuse, domiciliée rue Saint-Marcel. Son réduit tient lieu à la fois de chambre à coucher, de cuisine, de salle à manger et d'espace pour son travail ( 299 ). Dans d'autres cas, la « chambre » se compose d'une pièce principale dans (ou à côté de) laquelle a été aménagée une annexe. Cette dernière est désignée sous différents noms tels que cabinet, garde-robe, soupente, retranchement ou bouge. Bricolée ou artificiellement créée au moyen d'une cloison de bois, elle complète efficacement la surface habitable. La place manque en effet dans les maisons en raison de l'étroitesse et de l'irrégularité du parcellaire ( 300 ). C’est pourquoi les moindres recoins sont utilisés comme le laisse deviner la description de l’appartement occupé par Jean-Pierre Auguste Boyer, rue Lafont : autour d'une pièce centrale, baptisée « salle à manger », ont été installés deux alcôves, une souillarde et un cabinet, tous attenant les uns aux autres ( 301 ). Si les descriptions contenues dans les procédures judiciaires, à cause de leur imprécision, ne permettent pas de tracer de plans véritables, elles soulignent l'enchevêtrement des espaces et le désir de créer un peu d'intimité. A sa façon, la multiplication des annexes témoigne de la formidable promiscuité contre laquelle on cherche à se protéger ( 302 ). Elle va de pair avec un souci nouveau de confort qui se traduit, notamment, par une plus grande spécialisation des pièces ( 303 ). L'appartement loué, rue Buisson, par Jean-Baptiste de Vieussens, au troisième étage de la maison Bourlier de Parigny, en est un bon exemple. Composé de trois pièces et d'une cuisine, il se présente de la manière suivante : la cuisine s'ouvre sur les jardins de l'immeuble. Elle est munie d'un évier pour l'écoulement des eaux usées et se voit séparée de la salle à manger par un galandage en briques. Dans le fond de la pièce, on aménage une petite alcôve pour y loger les domestiques. Attenantes à la salle à manger, sont installées deux chambres à coucher, munies d'une cheminée, auxquelles fait suite une garde-robe réservée au rangement. A proximité se trouve un cabinet de toilette qui communique avec chacune de ces chambres. Enfin, le locataire dispose d'un grenier transformé en galetas et d'une cave où il entrepose son vin ( 304 ). Une telle organisation de l'espace domestique, pour intéressante qu'elle soit, ne concerne cependant qu'une minorité de Lyonnais. En dépit d'une volonté toujours plus affirmée de se dérober au regard et à la curiosité d'autrui, la polyvalence des pièces reste souvent la règle. La cuisine sert parfois de salle à coucher pour les servantes ou encore de laboratoire de préparation chez certains maîtres de métier. La pièce principale peut tenir lieu de salle de réception pour accueillir les parents, les amis ou les voisins mais aussi d'espace consacré au repos et au sommeil. Quant au cabinet, à la garde robe et au bouge, leur fonction est multiple et varie d'un ménage à un autre. On les utilise comme bureau de travail, réserve, débarras, chambre à coucher les enfants, parfois, même, comme lieu d'aisance. Si bien qu'au total, la spécialisation des pièces ne se vérifie pas, loin s'en faut, dans tous les foyers. Largement entamée dans les classes dominantes, elle demeure balbutiante dans les classes populaires ou artisanales ( 305 ). Quelques signes, toutefois, permettent de nuancer ce jugement sévère : ce sont la multiplication des cloisons et des galandages qui assurent une meilleure distribution des pièces, la généralisation des galeries et des corridors à fonction de desserte ou encore l'utilisation fréquente des paravents et des meubles pliants, faciles à déplacer. A travers ce redécoupage de l'espace habité, se devine une volonté de mieux organiser le cadre familial dans le sens d'une plus grande autonomie. N'est-ce pas là la manifestation d'une sensibilité nouvelle à mettre en relation avec le développement de ce qu'il est convenu d'appeler « la sphère privée »?
L'examen de l'échantillon - composé, rappelons-le à partir du dépouillement des archives criminelles - a permis de dégager quelques traits caractéristiques, constitutifs d'une géographie urbaine et sociale de la ville.
Le siècle finissant est marqué par un déséquilibre grandissant entre la rive droite de la Saône, en plein déclin, et la presqu'île. Ce contraste se traduit d'abord par un déséquilibre démographique : 80% des foyers sont localisés entre les fleuves. Il se manifeste aussi par une essouflement certain du « côté de Fourvière » et par l'installation des classes fortunées autour de Bellecour et des Terreaux. Pour autant, l'analyse conjointe des adresses et des activités professionnelles montrent que la ségrégation topographique suit des lignes de partage passablement embrouillées. Les quartiers et les rues abritent une population hétérogène même si, çà et là, des îlots d'habitations - dans les pennonages de Sainte-Croix, de Saint-Vincent ou d'Ainay par exemple - offrent un visage plus homogène. A l'échelle de la ville, la ségrégation n'est donc que partiellement entamée. Elle se renforce, cependant, depuis la seconde moitié du siècle, quand de nouveaux programmes immobiliers sont réalisés dans le quartier Saint-Clair ou le long des quais du Rhône.
La différenciation sociale met en valeur d’autres divisions : des divisions horizontales principalement. Le peuple locataire et sous-locataire occupe plus souvent le haut des maisons que les étages inférieurs. Avec des nuances cependant selon les catégories et le type d'activité exercée. La confusion entre les espaces réservés au travail et ceux qui sont dévolus au logement, la disposition des boutiques et des ateliers, la domiciliation chez le maître sont autant de facteurs qui expliquent la répartition des habitants au sein des immeubles. S'y ajoutent aussi le montant des loyers, la qualité des maisons et le nombre des pièces. Le prix des logements et l'attrait exercé par la ville de Lyon sur les provinces avoisinantes, poussent une fraction de la population à s'installer dans les garnis ou les pensions. Chers, mal famés, ces logements éphémères restent le lot des catégories les plus faibles, même si y résident parfois des personnes venues d'autres horizons. A l'autre extrémité de l'échelle sociale, les classes aisées aspirent au confort et au calme 306 . Une nouvelle organisation de l'espace habité voit le jour qui se traduit par la spécialisation accrue des pièces. Quand éclate la Révolution, cependant, celle-ci demeure l'apanage de quelques privilégiés.
A cette stratification horizontale et verticale, la société des voisins reste étroitement soumise. Mis à part quelques secteurs où se sont édifiés des hôtels particuliers ou des immeubles de rapport luxueux, le voisinage, en règle générale, est subi et chacun doit savoir composer avec lui. Certes, les propriétaires peuvent sélectionner leurs locataires et les personnes de qualité habiter selon leur rang. Certes, la communauté des habitants fait-elle régulièrement exclure du quartier les personnes jugées indésirables( 307 ). Toutefois, les immeubles et les rues conservent d’ordinaire leur caractère hétéroclite comme en témoignent de nombreuses procédures. Dans le procès qu’il engage contre les époux Legras, François Nicolas Maubet, marchand herboriste rue Saint-Jean, fait citer comme témoins une quinzaine de voisins. On y trouve, pêle mêle un avocat, une bourgeoise, un sculpteur, un voiturier, un domestique, deux imprimeurs, un marchand, deux artisans, un commis, un chirurgien et deux couturières ( 308 ). Cette juxtaposition sociale, si elle stimule peut-être le contact entre les classes, induit surtout des relations entre voisins au statut et à la culture dissemblables. Elle contribue au maintien d’une sociabilité à la fois large et conflictuelle que les élites éclairées cherchent partout à fuir. L’arrivée dans le quartier de nouveaux venus, le changement de domicile des uns, le départ des autres, la mobilité géographique en général, renforcent encore l’hétérogénéité d’un voisinage qui s’impose aux Lyonnais plus qu’il n’est choisi.
() Leroudier (E.), « Les agrandissements de Lyon à la fin du XVIII° siècle », Revue d’histoire de Lyon, 1901, pp. 81-102.
() Cleux (B.), Le recensement de 1709, géographie sociale et micro-analyse urbaine, mémoire de maîtrise sous la direction d’O. Zeller, 1996, 2 vol., 111 et 77 pages, Centre Pierre Léon.
() Le constat est identique au siècle précédent cf. Zeller (O.), Les dénombrements de 1597 à 1636, op. cit., p. 159-161.
() Arch. dép. Rhône, BP 3474, 27 septembre 1781.
() Arch. dép. Rhône, BP 3536, 29 juillet 1790.
() Arch. dép. Rhône, BP 3466, 22 juillet 1780.
() Roche (D.), Histoire des choses banales, op. cit., pp. 101-102.
() Arch. dép. Rhône, BP 3532, 29 octobre 1789.
() Arch. dép. Rhône, BP 3537, 29 octobre 1790.
() Arch. dép. Rhône, BP 3538, 13 février 1790.
() Arch. dép. Rhône, BP 3505, 15 janvier 1786.
() Arch. dép. Rhône, BP 3516, 23 juin 1787.
() Garden (M.), op. cit., p. 20.
() Seuls les inventaires après décès conduisent dans l’intimité des ménages et permettent une connaissance approfondie de l’espace habité. Si leur dépouillement systématique n’a pas été entrepris, c’est pour garder à cette étude toute sa cohérence. De fait, il aurait fallu, en toute logique, retrouver l’inventaire après décès des voisins dont le nom est consigné dans l’échantillon. Mais la « rareté » relative de l’inventaire après décès (il n’est rédigé que par 15 à 20 % des Lyonnais) et, surtout, la durée d’observation retenue, trop brève (1776-1790, soit 15 ans) , rendaient la tâche impossible.
() C'est le cas notamment des immeubles de rapport, construits en peine ville, dont les appartements les plus importants ont vue sur la rue.
() Roche (D.), Le peuple de Paris, op. cit., p. 119. Cette observation ne s’applique pas aux maisons du quartier Saint-Jean construites, dès le départ de cette manière là, voir Lavigne (M.), Inventaire monumental, îlot 18. Quartier Saint-Jean, thèse de 3ème cycle, Université Lyon 2, 1973, 3 vol., 1 vol. de planches, 1 carton de planches.
() Arch. dép. Rhône, BP 3471, 3 avril 1781.
() Cf. première partie, l’introduction du chapitre 1, première partie
() Arch. dép. Rhône, BP, 3518, 11 octobre 1787.
() Evoquant, les mauvaises conditions de logement, Prost de Royer écrit : « Le malheur est encore plus grand dans une ville comme Lyon, où la population est si considérable qu’il y a une infinité de chambres occupées par 2 ou 3 ménages à la fois. Dans une ville où les maisons sont si hautes, les cours si petites, les rues si étroites et les locations si chères que dans aucune ville d’Europe…..des locataires généraux….placent sans inquiétude des pauvres familles et des gens de toute espèce dans des greniers et des galetas, sans cheminées, sur des planchers non carrelés, entre de vieilles planches de sapin et à travers des matières combustibles. Ces galetas sont remplis de lits dans lesquels couchent à 2 sous par nuit plus de 6000 personnes sans domicile » Arch. dép. Rhône, 1C 12, Ordonnance de police pour les précautions contre les incendies, 1777.
() Parmi les éléments qui contribuent au développement du confort, il faut rappeler le succès grandissant au XVIIIème siècle des fenêtres dites « à la française ». Dotées de deux vantaux ou d’une coulisse, elles remplacent peu à peu les croisées à meneaux et à croisillons. Chez les plus aisés, le chassis garni de papier huilé ou de toile cirée cède également la place aux carreaux de verre transparents, transformant ainsi entièrement l’économie intérieure de la fenêtre en donnant aux habitations un éclairage de qualité bien supérieure. Cottin (F.R.), « La fenêtre et le verre à Lyon aux XVIIème et XVIIIème siècles » in Mélanges offerts à Maître J. Tricou, Lyon, 1972, pp. 111-137.
() Arch. dép. Rhône, BP 3455, 7 avril 1779.
() Les dictionnaires de la fin du XVIIème siècle témoignent de la spécialisation grandissante des pièces. Ainsi L’Encyclopédie, op. cit., T. III, p. 44 définit-elle la chambre comme un lieu réservé au repos et à l'intimité alors que la salle est le lieu spécifique de la sociabilité.
() Sur le développement du goût du confort, voir Roche (D.), La France des Lumières, Fayard, 1993, 651 pages, pp. 551-558.
() Voir deuxième partie, chapitre 3, B, 3.
() Arch. dép. Rhône, BP 3482, 23 septembre 1782.