B. Partager les grands moments de la vie.

La naissance, le mariage et la mort représentent trois moments qui ordonnent toute vie humaine. Ils sont accompagnés de nombreuses pratiques rituelles, religieuses ou sociales, que les ethnologues, à la suite de Van Gennep, désignent sous le nom de « rites de passage » ( 628 ). Si, pendant tout l'Ancien Régime, ces grandes étapes sont prises en charge par l'Eglise, elles engagent également la communauté de voisinage. Ainsi, attendre un enfant constitue à la fois une expérience (et une épreuve) intime et « une aventure collective » ( 629 ). De son côté, le mariage reste soumis à l'approbation du voisinage : selon les cas, ce dernier participe aux réjouissances organisées par les époux ou sanctionne les époux mal assortis en organisant un charivari. Quant à la maladie et à la mort, elles échappent encore largement au for familial. Le mourant attire d'ordinaire de nombreux amis et voisins qui font cercle autour de lui pour l'aider à « bien mourir » ( 630 ). Disons le tout net. Les archives judiciaires évoquent rarement ces «temps forts» de l'existence. Ou plutôt, quand elles le font, c'est incidemment, au hasard d'une affaire ayant pour toile de fond l'accouchement d'une femme, le mariage d’un couple ou le décès d'un homme. C'est pourquoi, les quelques indications fournies sont précieuses. Leur exploitation, en tout cas, semble nécessaire car elle permet de mieux apprécier le caractère semi-public des grands moments de la vie auxquels les Lyonnais se trouvent confrontés.

Notes
628.

() « Les rites ou cérémonies de passages sont ceux qui accompagnent tout changement de place, d'état, de situation sociale et d'âge. Ces cérémonies comportent régulièrements trois stades équivalents : celui de la séparation, celui d'attente, et celui d'agrégation » Van Gennep (A.), Le folklore français, T.I, Du berceau à la tombe. Cycle de Carnaval-Carême et de Pâques, Bouquins, 1998, 332 pages, p.109.

629.

() Milliot (V.), Cultures, sensibilités et société dans la France d’Ancien Régime, op. cit., p. 27.

630.

() Chaunu (P.), La mort à Paris, XVIème, XVIIème, XVIIIème siècles, Fayard, 1978, 543 pages, p. 347.