1. Venir au monde.

Pour les historiens démographes, l'action de naître renvoie d'abord à des pourcentages et à des séries statistiques. Depuis les travaux de M. Garden, on sait que la plupart des Lyonnaises mettent au monde un enfant chaque année, pendant les dix ans, au moins, qui suivent leur mariage. Les naissances se succèdent à un rythme rapide, plus soutenu même à Lyon que dans le reste du royaume. Dans la cité lyonnaise, les intervalles intergénésiques varient entre 18 et 22 mois alors qu'ils sont de 26 à 30 mois dans le reste de la France. Si cette natalité se révèle particulièrement forte chez les professionnels de l'alimentation (chez les bouchers notamment qui ont couramment plus de dix enfants), elle l'est aussi dans les autres catégories sociales : la descendance moyenne des ouvriers en soie de la paroisse Saint-Georges s'élève ainsi à 8,25 enfants. Les paroisses centrales de la Platière et de Saint-Pierre - socialement composites - connaissent une fécondité analogue. Au total, les familles lyonnaises mettent au monde plus de sept enfants, ce qui témoigne d'une belle fécondité ( 631 ). Bien entendu, ces indications chiffrées ne composent qu'un des aspects de la démographie. Pour être tout à fait complet, il faudrait mettre à jour les raisons - mentales, affectives ou naturelles - à l'origine d'une telle prolificité. Vaste terrain d'études encore insuffisamment exploré! On se contentera ici de rappeler les trois facteurs principaux qui expliquent la vitalité démographique des populations lyonnaises.

Le premier facteur est d'ordre biologique : la succession des grossesses est d'autant plus rapide et le nombre d'enfants élevé que les nouveaux-nés sont systématiquement mis en nourrice. En confiant l'allaitement de leur bambin à des nourrices, les Lyonnaises se privent d'un moyen de contraception efficace. En résulte un indice de fécondité fort malgré un âge au mariage relativement élevé et une forte proportion de célibataires. Aussi, jusqu'à la ménopause, la vie de nombreuses femmes mariées se passe-t-elle en grossesses successives comme en témoignent les mémoires et les récits autobiographiques. La mère de l'abbé Morellet met au monde quatorze enfants ( 632 ). Celle de Lacenaire treize ( 633 ). Quant à Bottu de la Barmondière, seigneur de Saint-Fonds, il déclare à son ami le Président Dugas qu'ils est père d'un nouvel enfant tous les ans ( 634 ).

Le second facteur explicatif tient au rôle que les familles comptent bien faire jouer à leurs enfants. Les filles et les garçons qui viennent au monde sont bien accueillis car ils constituent assez vite une main d'oeuvre utile qu'on emploie à l'atelier ou dans la boutique familiale. D'autre part, conformément aux valeurs en vigueur dans les sociétés traditionnelles, les enfants sont appelés à devenir de véritables «bâtons de vieillesse» quand leurs parents vieilliront ( 635 ). Ils assurent aussi la transmission du patrimoine et, dans le cas des mâles, perpétuent le nom.

Le troisième et dernier facteur explicatif est de nature religieuse et renvoie au modèle conjugal mis en avant par l'Eglise. Selon les clercs, le mariage ne se justifie que s'il débouche sur une descendance nombreuse. Elle seule peut permettre d'assurer la victoire finale des Chrétiens sur les Infidèles. Le devoir de l'homme est donc d'engendrer d'innombrables croyants de manière à hâter la venue du royaume de Dieu. Bottu ne dit pas autre chose quand, dans sa lettre datée du 4 octobre 1716 et déjà citée, il écrit: « Nous mettons nos enfants au monde pour être citoyens du ciel et non pas de la terre; ne soyons donc que légèrement en peine de la manière dont ils passeront cette courte et misérable vie et songeons uniquement à les faire....les premiers princes du royaume éternel »( 636 ). Cet enseignement est d'autant mieux reçu par les familles que la mortalité infantile ou juvénile atteint des chiffres colossaux : 19% des enfants nés à Lyon meurent dans la cité avant l'âge de cinq ans auxquels il faudrait rajouter tous ceux qui périssent en nourrice loin de la ville ( 637 ). Cette mortalité qui touche les très jeunes varie, bien entendu, selon les milieux sociaux. Dans la paroisse Saint-Nizier, les décès avant deux ans sont plus rares chez les enfants de négociants, de marchands, de bouchers ou de charcutiers que chez les enfants d'affaneurs ( 638 ). Cette inégalité devant la mort est un phénomène qui se vérifie dans toutes les villes du royaume( 639 ). Elle s'explique par le déséquilibre des fortunes et des conditions matérielles d'existence. Toutefois, bien que le taux de mortalité juvénile reflète l'importance des clivages sociaux, la disparition des tout petits n'épargne aucun groupe et touche durement aussi les classes privilégiées ( 640 ). C'est que les enfants sont exposés à toutes sortes d'accidents comme les chutes, les noyades ou les morsures et, surtout, qu’ils ont une santé fragile ( 641 ). Les convulsions, les troubles digestifs, la variole, la petite vérole ou la fièvre putride due à la mauvaise qualité des eaux potables fauchent régulièrement les jeunes générations, la classe d'âge la plus exposée restant celle des enfants de 1 à 4 ans ( 642 ). Dans ces circonstances, on comprend mieux pourquoi la période qui suit l’accouchement reste une phase angoissante et pénible pour les parents.

Cette anxiété liée au sort incertain du nourisson, est précédée d’un autre sujet d’inquiétude : le déroulement de la grossesse. Car mettre au monde un enfant constitue toujours un exercice difficile et périlleux. La crainte des couches funestes hante les femmes qui, selon le vieux proverbe gascon ont « un pied dans la tombe » aussi longtemps qu’elles sont enceintes ( 643 ). Si l'accouchement reste une épreuve redoutée, c'est parce que nombreuses sont celles qui perdent la vie en voulant enfanter, comme le montre le nombre élevé de femmes décédées entre 25 et 35 ans ( 644 ). La fièvre puerpérale, les infections, le manque d'hygiène, la fatigue liée aux grossesses répétées constituent les causes ordinaires de la mort des parturientes. Ce n'est d'ailleurs pas par hasard si le thème de la femme morte en couches nourrit toute une partie de la littérature romanesque et qu'elle enflamme l'imagination d'auteurs aussi différents que Diderot, Lesage ou l'abbé Prévost ( 645 ). Ces sources littéraires, pour intéressantes qu'elles soient, ne constituent toutefois qu'une réplique plus ou moins fidèle de la réalité. Surtout, elles ne suppléent pas au manque cruel de témoignages sur la grossesse et sur l'accouchement. Les informations concernant la maternité et l'enfantement restent rares et dispersées : sauf exception, les archives judiciaires sont peu loquaces. Quant aux indications fournies par les ouvrages qui traitent de l'histoire de la médecine lyonnaise, elles demeurent souvent fragmentaires et imprécises ( 646 ). L'impression qui domine cependant est que la grossesse puis l'accouchement constituent une expérience commune à la parturiente et à la collectivité puique s'y trouvent directement impliqués les membres du voisinage.

Commençons par la grossesses, cette « maladie » qui fait de la femme enceinte une « patiente » ( 647 ). Elle se déroule habituellement sous la surveillance conjuguée des habitants du quartier et du curé de la paroisse. L’homme d’Eglise réconforte spirituellement la future mère. Il s'efforce aussi d'éviter les abandons ou les infanticides en signalant aux recteurs de l'Hôtel-Dieu toute personne enceinte. Combien d'enfants, en effet, sont jugés indésirables pour des raisons économiques ou sociales par celles qui les portent ? Les femmes qui vivent le plus mal leur grossesse sont incontestablement les filles célibataires et les veuves. La honte et la culpabilité aidant, d'aucunes cachent leur état le plus longtemps possible, dans l'espoir de faire une fausse couche ou encore de se faire avorter. L'opération, cependant, s'avère risquée. Non seulement elle peut être dangereuse pour la santé de l’intéressée mais elle constitue aussi un délit grave que le législateur réprime durement : depuis l'édit de février 1556, l'avortement est regardé comme un meurtre qui prive un petit innocent du baptême chrétien. La peine encourue ne peut donc être que la mort ( 648 ). Par peur de se faire avorter, certaines femmes préfèrent abandonner leur rejeton. L'exposition des enfants semble être une pratique assez courante si l'on en croit les responsables de l'Hôtel-Dieu ( 649 ). Pour une somme modique, on peut se débarrasser facilement d'un nourrisson en le confiant à une personne sans scrupules qui l'abandonnera sur le parvis d'une église ( 650 ). Quelques femmes, effrayées à l’idée de devoir nourrir et faire vivre un petit bâtard, mettent à mort leur enfant. La chose, cependant, passe rarement inaperçue. Les commères du quartier, par leurs bavardages, éventent rapidement l’affaire et font éclater le scandale. Alerté, le Lieutenant de police mène l’enquête et ses recherches se soldent parfois par de macabres découvertes. « ....ce jour 16 janvier 1790 à 10 heures du matin....(nous avons) trouvé un cadavre d'un enfant nouveau né de sexe masculin dans une fosse d'aisance de la maison du sieur Delhorme rue de la Barre » ( 651 ). La voix publique aidant, la coupable est facilement retrouvée et interrogée sur le champ. Le plus souvent, pour sa défense, elle soutient qu'elle a accouché d'un enfant mort-né. Elle espère ainsi éviter l'accusation d'infanticide et, du même coup, échapper à la peine de mort.

Toutes les grossesses, heureusement, ne se déroulent pas de manière aussi tragique. Si les enfants à venir ne sont pas toujours désirés (mais « désirer un enfant » a-t-il un sens au XVIIIème siècle?), les femmes enceintes multiplient, en règle générale, les précautions pour mener leur rejeton à terme. Certes, dans les classes populaires, la grossesse ne modifie guère les conditions habituelles de vie. Malgré les condamnations toujours plus véhémentes des médecins, les futures mères travaillent jusqu'au bout, à l'exemple de Marie Jacquet, blanchisseuse ou de Pierrette Delorme, enceintes, l'une et l'autre, de huit mois ( 652 ). Mais comment pourrait-il en être autrement quand la précarité économique interdit toute interruption de l'activité salariée ? Seules les femmes issues des catégories aisées sont en mesure d'entendre et de mettre en application le discours des praticiens qui conseillent d'éviter le surmenage, d'avoir une nourriture saine ou encore de respirer le bon air ( 653 ). Les autres, à défaut de modifier leur mode de vie, s'efforcent d'éviter les « blessures », c'est-à-dire les fausses couches ou les accouchements prématurés, fort nombreux vraisemblablement ( 654 ). Par précaution, les femmes du peuple soutiennent leur bas-ventre en l'enveloppant de bandes ou de bandelettes de tissu ( 655 ). Surtout, peut-être, pour vivre une grossesse paisible et se mettre à l'abri des dangers naturels et surnaturels, elles ont recours à quantité de procédés magiques ou religieux. Parmi les nombreuses pratiques aux relents de paganisme inventoriées par les ethnographes, les plus courantes consistent à jeter du sel sur le pas de la porte afin d’éloigner les influence maléfiques, à manipuler certains talismans ou amulettes, à placer sur le ventre d'une parturiente qui souffre une image pieuse ou encore à l'empêcher de regarder une étoffe rouge de peur de la faire avorter ( 656 ). Il est possible aussi de se placer sous la protection de la Vierge, (n'a-t-elle pas enfanté sans douleur ?), d'invoquer Sainte-Marguerite ou de prier Sainte-Anne, les deux patronnes des femmes enceintes. De ces oraisons, Lyon a gardé la trace. Ainsi cette prière en latin destinée à obtenir un accouchement heureux, datée de la fin du XVème siècle ( 657 ). Ces rituels de dévotion confinent souvent à la superstition comme le regrettent les autorités religieuses. Peut-on s'en étonner quand on sait la méconnaissance des mécanismes de gestation du corps humain ? Les pratiques magico-religieuses sont autant de procédés, jugés efficaces, destinés à protéger les femmes au cours de leur grossesse et à pallier l'impuissance ou l'absence des médecins.

Si elles ne bénéficient d’aucune sollicitude particulière ni même d’un aménagement de charges sur leurs lieux de travail, les femmes enceintes savent qu'elles peuvent compter sur la bienveillance active des voisines. L'entraide féminine existe, bien qu’elle reste difficile à saisir et qu’elle laisse peu de traces dans les archives judiciaires. Louise Cécile Neyret prête la main à la femme Dussud qui est « sur le point d'accoucher » pour qu'elle puisse regagner au plus vite son domicile ( 658 ). Françoise Rollet, en allant au puits, ramène un seau plein d'eau à sa voisine qu'elle sait « avancée en grossesse »( 659 ). Combien d'autres gestes encore qui disent la solidarité au quotidien mais que les documents n'ont pas retenus? Du côté des hommes, les attitudes adoptées paraissent plus ambiguës. Si certains, à l'instar de Bottu, témoignent d'une réelle attention à l'égard de leurs épouses, d'autres au contraire adoptent un comportement beaucoup plus fruste. Ainsi le sieur Bony, un épicier, qui passe dans son quartier pour être un homme « brutal » et ayant « de temps à autre l'esprit égaré ». « Le 14 de ce mois, raconte une témoin, entre 7 et 8 heures du soir,....il se trouvait à la fenêtre de son domicile quand il vit le sieur Bony qui donnait des coups sur sa femme qui est enceinte de plusieurs mois….et qui la trainait par les cheveux….De nombreuses personnes survinrent qui firent cesser le scandale » ( 660 ). Ces cas extrêmes, cependant, restent rares. Ils ne sauraient donc être généralisés.

Après le temps de la grossesse, vient celui de la délivrance. Moment dangereux pour la mère comme pour l'enfant, l'accouchement reste aussi une séquence ordinaire de la vie des Lyonnaises, habituées aux difficultés, à la rudesse et à l’âpreté de l’existence quotidienne.En règle générale, il se déroule à domicile, dans une pièce chauffée, à l'abri du froid et des courants d'air( 661 ). Dès les premières contractions, des voisines, accourent et font cercle autour de la parturiente, à l’instar de Magdeleine Desproit venue soulager l’épouse de Jean Pulliat ( 662 ). Car l'accouchement est d'abord une affaire féminine comme le montre cette assiette de faïence datée du XVI° siècle, sur laquelle deux femmes s'empressent autour de l'accouchée ( 663 ). La présence du mari est jugée superflue. Il n’intervient que lorsque les choses tournent mal et que sa femme court un réel danger. C'est, du moins, ce qui ressort de la plainte déposée par Claudine Gros contre son époux. Parmi les nombreux reproches qu'elle formule à son endroit, le plus grave, sans doute, est qu'il ne l'ait pas secourue alors qu'elle éprouvait les douleurs les plus vives. Au lieu d'aller chercher un médecin ou un prêtre, comme son devoir le lui commandait, il a continué à boire au cabaret allant même jusqu'à conseiller « de....jeter (sa femme) dans un four pour qu'elle ne souffre plus »( 664 ).

« Domaine réservé » des femmes, l'accouchement voit se succéder dans la chambre de la parturiente des voisines qui prodiguent conseils et recettes ou qui font part de leur expérience. Cette « société de la naissance » turbulente pour reprendre l'expression de J. Gelis, assure à la parturiente une aide matérielle et morale importante : les unes font chauffer des bassines d'eau, d'autres préparent un bouillon, d'autres encore réconfortent la future mère. Cette solidarité féminine est d'autant appréciée que pendant des générations, elle a constitué la seule forme d'assistance existante. Elle va du reste de soi parce que chaque femme sait qu'un jour, quand elle accouchera, il lui faudra à son tour compter sur le secours de ses voisines. Au sein de cette assemblée, domine la figure de la « passeuse ». Longtemps, ce rôle a été tenu par une ancienne qui jouissait d'une bonne réputation dans le quartier. A Lyon, au XVIIIème siècle, la place est désormais occupée par des professionnelles qui exercent le métier d'accoucheuses ou de garde-malades. Elles assistent, au côté des voisines, la parturiente au travail et s'assurent du bon déroulement de l'accouchement. Ainsi procèdent Catherine Meunier, accoucheuse de son état, ou encore Louise Martin, une garde malade âgée de 50 ans, appelées toutes les deux au chevet d'une Lyonnaise en couches ( 665 ). Ces femmes sont-elles dotées d'une formation plus solide que celles qui les ont précédées, les matrones ? Rien n'est moins sûr. Il semble bien qu’une grande majorité d'entre elles tient son savoir d’une expérience acquise « sur le tas ». Quand tout se passe bien, leur instruction est suffisante. Distendre les « parties de la génération » de manière à faciliter la sortie du foetus, frictionner le dos et les reins du nouveau-né ou encore lui préparer un bouillon : autant de gestes élémentaires qui demandent peu de connaissances théoriques.

En revanche, lorsque l'enfant se présente mal, l'accouchement peut vite devenir dramatique. Les voisines atteignent vite les limites de leurs compétences et les exemples de naissances catastrophiques qui hypothèquent la santé ou qui provoquent la mort de l'accouchée ou du nourisson ne manquent pas ( 666 ). Pour l'ensemble de la France, ce sont près de 10% des femmes qui meurent en couches ( 667 ). 28% des enfants n'atteignent pas leur premier anniversaire ( 668 ). En multipliant le nombre de sage-femmes et en réformant leur satut, l’Etat royal vise à réduire cette terrible hémorragie ( 669 ). Il cherche à contrôler plus étroitement et à subordonner aux hommes de l'art toutes les femmes qui s'occupent des nouveaux nés et des nourrissons ( 670 ). Cette médicalisation de la naissance, partie de Paris, gagne progressivement les villes du royaume. Une véritable mutation s'opère à partir du milieu du XVIIème siècle qui voit de plus en plus de chirurgiens assister aux accouchements. Lancée , dit-on, par Louis XIV, cette « mode » se répand d'abord dans l'aristocratie puis gagne bientôt toutes les couches de la société ( 671 ). Sûr de son savoir et de sa science, le médecin rassure et inspire confiance. Il représente la garantie d'une meilleure protection de la mère et du jeune enfant ( 672 ). De nouvelles techniques apparaissent, encore très incertaines, c’est vrai : le forceps, par exemple, ou la césarienne ( 673 ). Relayée par le discours éclairé de l'époque, une ébauche de rationalité médicale s'impose 674 . Elle pénètre les esprits par le biais d'imprimés et de journaux qui diffusent quantité d'informations sur la santé des Français dans le royaume. Deux magazines médicaux semblent avoir connu un certain succès à Lyon à la veille de la Révolution : le Journal des maladies règnantes à Lyon, un hebdomadaire crée en 1779 par Vitet et Petetin et l'Essai de médecine, théorique et pratique, publié par quatre médecins, les sieurs Morizot, Brion, d'Ivoiry et Richoud. Cette dernière brochure, comme l'indique son sous-titre, est un ouvrage « dédié aux amis de l'humanité ». Paraissant deux fois par mois, elle s'adresse à un public savant, acquis aux idées modernes( 675 ).

Reste à mesurer les effets de cette politique volontariste. Est-elle parvenue à transformer le mode d'accouchement des Lyonnaises et à imposer le médecin accoucheur au chevet des parturientes ? A-t-elle ruiné les solidarités féminines traditionnelles – les solidarités de voisinage notamment - en ouvrant le monde de la naissance aux hommes ? Il semble bien que non, et cela pour plusieurs raisons.

Tout d'abord, la diffusion des ouvrages de médecine, grands pourfendeurs des anciennes moeurs sanitaires, connaît quelques déboires. Faute de lecteurs, l'Essai de médecine, théorique et pratique disparaît en 1784, deux ans seulement après sa création( 676 ). Dans le même temps, on constate une méfiance persistante à l'égard des médecins et des chirurgiens dont témoignent, par exemple, les troubles populaires de 1768 et le saccage de l'Ecole de médecine( 677 ). En dépit d'une intense propagande médicale, les charlatans de tout poil continuent à pulluler, ainsi que le déplore le Lyonnais Gilibert( 678 ). Le recours au médecin reste rare, non seulement parce que ses prestations sont onéreuses mais sans doute aussi par préjugé et par « obscurantisme ». Longtemps, en effet, l'accouchement d'une femme par un homme choque la morale commune. A l'époque de Louis XIV, il suscite la jalousie des époux ( 679 ). Un siècle plus tard, l'obstétricien doit composer avec le tabou qui lui interdit la vision du sexe féminin ( 680 ). De tels obstacles expliquent que l'accoucheur n'attire qu'une clientèle restreinte, limitée le plus souvent aux classes supérieures de la société. En témoigne le profil socioprofessionnel de 18 femmes en couches qui ont fait appel à un médecin et dont les archives judiciaires ont gardé la trace.

Tableau 23. La clientèle féminine des médecins d’après la profession déclarée du mari. Etude de 18 cas

Profession de l’époux

Nombre de cas relevé

Négociant ou marchand

9

Arts libéraux

4

Artisans

3

Autres professions

2

La médicalisation de l'accouchement se heurte également à l'incapacité des chirurgiens et des médecins à assurer de manière satisfaisante la formation des sages-femmes. Non seulement les praticiens ont une connaissance toute théorique du corps féminin, mais encore, ils se dressent fréquemment les uns contre les autres et s'épuisent dans de vaines querelles de personnes. Ainsi en est-il de la rivalité qui oppose Louis Vitet, le directeur de l'école des sages-femmes et Antoine Peronet, un chirurgien concurrent qui dispense ses leçons d'obstétrique au Collège de chirurgie de Lyon ( 681 ). L'efficacité de l'enseignement prodigué pose également question : le caractère éphémère et discontinu de certains cours ainsi que la faiblesse numérique du recrutement font douter de l'influence réelle des sages-femmes ( 682 ). Comment, dans ces circonstances, ces dernières pourraient-elles détrôner l’accoucheuse du quartier dépourvue de qualification et s'imposer au côté des médecins ? Leur présence au chevet des accouchées reste, en tout cas, rare, voire exceptionnelle ( 683 ). La majorité des Lyonnaises semble préférer l'assistance d'une voisine, d'une garde-malade ou d'une « délivreuse » expérimentée. L'heure du «tout médical» n'a pas encore sonné. Le recours au médecin et au personnel soignant spécialisé ne s'impose que dans les cas les plus difficiles : quand l'enfant se présente mal ou lorsqu'il faut faire usage d'instruments de chirurgie. Si l'accouchement, au contraire, est « naturel », les vieilles méthodes sont toujours de mise. La présence, l’aide et le soutien apportés par les voisines continuent d’être appréciés. En témoigne Marie Rey, une brodeuse, venue réconforter sa voisine, tourmentée par les douleurs de l’enfantement ( 684 ). Avec d’autres elle saura accueillir le nouveau-né et lui formuler les vœux traditionnels de bonne santé.

Notes
631.

() Garden (M.), op. cit., pp. 25-81.

632.

() Morellet (A.) Abbé, Mémoires sur le XVIIIème siècle et sur la Révolution, Mercure de France, 1988, 657 pages, p.44.

633.

() Lacenaire (P.F.), Mémoires et autres écrits, José Corti, 1991, 390 pages, p.49.

634.

() Poidebard (W.), op. cit., T. I, p. 61, Lettre du 4 octobre 1716.

635.

() Garden (M.), op. cit., p.158 et Gutton (J.-P.), Naissance du vieillard, Essai sur l'histoire des rapports entre les vieillards et la société en France, Aubier, 1988, 279 pages, pp. 33-54.

636.

() Poidebard (W.), op. cit., T. I, p. 61, Lettre du 4 octobre 1716.

637.

() Selon Garden (M.), op. cit., p. 140, sur les 5 à 6000 enfants nés chaque année, il en meurt en nourrice de 1500 à 2200.

638.

() Garden (M.), op. cit., p.137.

639.

() Dans le cas de Rouen par exemple, étudié par Bardet (J.-P.) in Rouen aux XVIIème et XVIIIème siècles : Les mutations d'un espace social, Société d'Edition d'Enseignement Supérieur, Paris,1983, 421 et 197 pages, pp. 368-372, les familles de notables ont un taux de mortalité infantile inférieur de près de moitié à celui des familles ouvrières.

640.

'() Ainsi Bottu de la Barmondière : « ....à l'égard de vos enfants et des miens, le Seigneur les a enlevés de ce monde .... ....j'en aurais douze s'ils étaient tous vivants; mais de ces douze, il ne m'en reste que trois, et encore n'espérais-je pas trop les conserver. Il est certain que leur perte me serait infiniment sensible; mais il faudrait bien faire de nécessité vertu et se soumettre tranquillement aux ordres du Souverain Maître » in Poidebard (W.), op. cit., T. I, p. 125, Lettre du 16 octobre 1719.

641.

() Laget (M.), Naissances. L'accouchement avant l'âge de la clinique, Le Seuil, 1982, 364 pages, pp. 282-306.

642.

() Gelis (J.), Laget (M.), Morel (M.-F.), Entrer dans la vie, Naissances et enfances dans la France traditionnelle, Archives, 1978, 245 pages, pp.189-190.

643.

() Lebrun (F.), Se soigner autrefois, Médecins, saints et sorciers aux XVII° et XVIII° siècles, Le Seuil Histoire, 1995, 202 pages, p. 136.

644.

() Dans la paroisse Saint-Georges, sur 240 familles, 28 mères de famille meurent en couches ou dans les jours qui suivent. En moyenne, elles ont 34 ans et ont déjà eu 7 enfants. Plus d'une femme sur 10 meurt donc en mettant au monde un enfant. Ce chiffre énorme est identique dans le reste du royaume Cf. Dupaquier (J.), « Caractères généraux de l’histoire démographique française au XVIII° siècle » Revue d’histoire moderne et contemporaine, avril-juin 1976, p.64.

645.

() Diderot (D.), Les bijoux indiscrets, Acte Sud, 1995, 407 pages. Lesage (A.R.), Histoire de Gil Blas de Santillane, Garnier, 1996, 2 volumes, XXII-406 pages et 408-16 pages. Prévost (A. F.), Mémoire d’un homme de qualité qui s’est retiré du monde, Presses Universitaires de Grenoble, 1978, 492 pages.

646.

() Deux ouvrages retracent l’histoire de la médecine à Lyon : Bouchet (A.), (Sld), La médecine à Lyon des origines à nos jours, Fondation Mérieux, Hervas, 1987, 540 pages et Lyon et la médecine, 43 av.J.C.-1958, Revue lyonnaise de médecine, 1958, 374 pages. Les sources iconographiques, elles aussi sont pauvres. Pour la région lyonnaise, on consultera avec intérêt, dans quelques livres trop rares, la reproduction de scènes d’accouchement. Ainsi Bégule (L.) in Antiquités et Richesses d’art du département du Rhône, Lyon, 1925, 165 pages, p.53, présente un bas-relief daté du XIIème siècle qui figure une nativité de la Vierge, avec représentation d’une sage-femme et d’un berceau suspendu. Bouchet (A.), (sld), op. cit., p. 328, reproduit une miniature du XVème siècle sur laquelle Marie est assise dans son lit tandis que que deux sages-femmes baignent l’enfant Jésus, voir aussi p.325 une photographie d’un bois polychrome déposé représentant Sainte Marguerite, patronne des accoucheuses. Quelques artistes ont cherché aussi à figurer la venue au monde des puissants de ce monde. Pierre Revoil, par exemple, peintre lyonnais né en 1776, est l’auteur d’une Naissance d’Henri IV, dessinée à la plume. Dans la chambre de l’accouchée, deux sages-femmes s’activent : l’une présente à la mère un bouillon, l’autre prépare le berceau royal. Le dessin est reproduit dans Chaudonnerel (M.-C.), La peinture troubadour, deux artistes lyonnais Pierre Revoil (1776-1842), Fleury Richard (1777-1852), Arthena, 1980, 217 pages, reproduction n° 268.

647.

() Gelis et alii, op. cit., p. 63.

648.

() Lebrun (F.), La vie familiale sous l’Ancien Régime, op. cit., p.155. 

649.

() Plus d'une dizaine de plaintes émanant des administrateurs de l'Hôtel-Dieu ont été recensées entre 1780 et 1784. Ainsi celle du 10 juin 1782 qui s'élèvent contre « des quidams qui font métier d'exposer nuitament des nouveaux-nés » Arch. dép. Rhône, B.P. 3480, 10 juin 1782. Alors qu'à Paris l'exposition des enfants disparaît presque totalement dans la seconde moitié du siècle, à Lyon elle demeure une pratique courante adoptée par de nombreuses filles incapables de surmonter les préjugés qui sévissent contre les filles-mères ou d'assurer l'existence des nouveaux-nés Cf. Lebrun (F.), La vie familiale sous l’Ancien Régime, op. cit., p.155.

650.

() Arch. dép. Rhône, BP 3524, 24 août 1788.

651.

() Arch. dép. Rhône, BP 3538, 16 janvier 1790.

652.

() Arch. dép. Rhône, BP, 3481, 11 juillet 1782.

653.

() Gelis (J.), L'arbre et le fruit, La naissance dans l’Occident moderne (XVIème-XIXème siècle), Fayard, 1984, 611 pages, p. 146 et suivantes.

654.

() « Le nombre considérable des fausses couches, d'enfants prématurés non viables, de morts-nés à terme mais non enregistrés au baptême, représente une masse d'enfants conçus impossible à comptabiliser » Gelis (J.) et alii, Entrer dans la vie, op. cit., p. 46.

655.

() Gelis (J.), L’arbre et Fruit, op. cit., p. 150.

656.

(). Van Gennep (A.), op. cit., pp. 115-117. Voir aussi Mozzani (E.), Le livre des superstitions, mythes, croyances et légendes, Bouquins, 1995, 1822 pages, pp. 9-18, 832-842.

657.

() « Si tu veux (c'est nous qui traduisons) que ta femme enfante rapidement et sans douleur, mets lui cette oraison dans la main droite et elle accouchera sans accroc » Suit la prière suivante : « (Sainte) Anne mit au monde Marie. Marie, le Sauveur. Elisabeth, Jean-Baptiste. Marie femme de Jacques, (saint) Jacques (de Compostelle). De même cette femme accouchera sans difficulté. Au nom de Jésus Christ notre Seigneur. Enfant qui est dans l'utérus, que tu sois un garçon ou une fille, viens dehors : le Christ t'appelle à voir la lumière, il te désire, ne te fais pas attendre » cité par Venard (M.), Bonzon (A.), op. cit., p. 145.

658.

() Arch. dép. Rhône, BP 3474, 7 septembre 1781.

659.

() Arch. dép. Rhône, BP 3448, 6 mai 1778.

660.

() Arch. Dép. Rhône, BP 3455, 14 juin 1779.

661.

() Gelis (J.), L’arbre et fruit, op. cit., p. 170. Seules les femmes ou les filles pauvres vont à l’hôpital. Entassées dans une athmosphère putride, c’est là qu’elles font leurs couches Cf. Gélis (J.) et alii, op. cit., p. 92.

662.

() Arch. dép. Rhône, BP 3479, 6 mai 1782.

663.

() Cette assiette de faïence est reproduite dans l'ouvrage de Candilis-Huisman (D.), Naître, et après? Du bébé à l'enfant, Découvertes Gallimard, 1997, 160 pages, p. 39. Elle est reproduite aussi en annexes, p.

664.

() Arch. dép. Rhône, BP 3520, 29 février 1788.

665.

() Arch. dép. Rhône, BP 3445, 7 janvier 1778 et BP 3462, 23 avril 1780.

666.

() Quelques exemples célèbres : la naissance du comte de Tilly faillit faire mourir sa mère Cf. Tilly (J.P.A.), Mémoires du comte Alexandre de Tilly pour servir à l’histoire des mœurs à la fin du XVIIIème siècle, Mercure de France, 1965, 469 pages, p. 358. Rousseau dans ses Mémoires, op.cit., p. 9, raconte qu’il naît presque mourant. Quant au cardinal de Bernis, sa venue au monde fut particulièrement longue et difficile : « ma naisance pensa coûter la vie à ma mère » écrit-il dans ses Mémoires, Mercure de France, 1986, 613 pages, p. 52.

667.

() Gelis (J.) et alii, op. cit., p. 95.

668.

() Lebrun (F.), Se soigner autrefois, op. cit. p.133.

669.

() Madame du Coudray, maîtresse sage-femme du roi, est à l’origine de cette entreprise. Dès 1759, elle met au point un mannequin pour populariser les techniques de l’accouchement. Pendant 25 ans, elle parcourt le royaume et dispense ses cours aux élèves sages-femmes à qui elle apprend l’art de mettre au monde un enfant avec le minimum de risques .

670.

() La mortalité excessive des enfants provoque un grave débat pendant tout le XVIIIème siècle. Doit-on confier les nouveaux-nés à des nourrices qui les feront grandir à la campagne ou bien faut-il les laisser en ville, avec leur mère pour qu’elle les allaite ? Le problème est d’autant plus sérieux qu’un nombre impressionnant d’enfants placés meurent dans les premières années de leur vie. Rousseau préconise à la fois l’allaitement maternel et les avantages de la vie champêtre, position irréaliste pour de nombreux couples de travailleurs, comme l’a bien compris Prost de Royer : « Il serait sans doute à désirer que les femmes de notre peuple allaitassent leurs enfants, mais comment les amener à cette première loi de la nature au milieu de la corruption des villes, avec l’embarras des manufactures, la cherté des loyers, le rétrécissement et l’infection des domiciles ? Comment une femme chargée de se vêtir, d’approvisionner et de nourrir une famille déjà nombreuse et travaillant elle-même pour subsister pourra-t-elle avoir un nourrisson ? » in Mémoire sur la conservation des enfants lu dans l’Assemblée publique de l’Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Lyon le 5 mai 1778, Lyon , De la Roche, 1778, 60 pages, pp. 12-13.

671.

() Bely (L.), (sld), Dictionnaire de l’Ancien Régime. Royaume de France XVème-XVIIIème siècle, P.U.F., 1996, 1384 pages, V° Accouchement, p. 23.

672.

() La promotion des médecins et de ceux qui exercent une profession médicale se retrouve aussi dans la classification sociale des académiciens et des francs-maçons, Cf. Roche (D.), Les Républicains des Lettres, Gens de culture et Lumières au XVIIIème siècle, Fayard, 1988, 393 pages. Dans ces sociétés savantes qui contribuent à la diffusion des idées nouvelles, l'importance numérique des médecins ne cesse de croître au cours du siècle. Quand débute la Révolution, dans l'Académie des sciences, des Belles Lettres et des arts, ils représentent 15% des adhérents.

673.

() En cas d’accouchement « laborieux », on a parfois recours au forceps. Cette sorte de « pince », mise au point par les frères Chamberlin de Londres et par André Levret en 1747, remplace les « crochets » terriblements mutilants et mortifères. A Lyon, il semble avoir mis longtemps avant de s’imposer, Cf. Bouchet (A.), (sld), op. cit., p. 327. La césarienne, quant à elle, est une opération risquée qui reste interdite par l’Eglise. N’équivaut-elle pas, presque toujours, à tuer la mère ? Au XVIIIème siècle, cependant, quelques césariennes réussissent, comme en témoigne le duc de Luynes : « L’autre opération extarordinaire, c’est l’opération césarienne ; que l’on fit il y a quelque temps, à Paris, à la femme d’un ouvrier qui est contrefaite…. ; on tira l’enfant, qui se porte bien ainsi que la mère ; ce n’est pas une chose nouvelle que cette opération, mais il est rare que la mère ou l’enfant n’en meurent pas » De Luynes (Duc de), Mémoires du duc de Luynes sur la cour de Louis XV (1735-1758), Paris, 1860-1865, T. III, p.207-208.

674.

() Keel (O.), L’avènement de la médecine clinique moderneen Europe (1750-1815), P. U. F., 2001, 542 pages.

675.

() Bouchet (A.), (sld), op. cit., p. 489.

676.

() Ibid.

677.

() Voir troisième partie, chapitre 1, A, 1.

678.

() Gilibert (J.-E.), L’Anarchie médicinale ou la Médecine considérée comme nuisible à la société, Neuchâtel, 1772, 418 pages, pp. 256-257.

679.

() Mauriceau (F.) écrit  in Traité des maladies des femmes grosses et de celles qui sont accouchées : « un chirurgien qui veut pratiquer les accouchements doit être malpropre ou tout le moins fort négligé, se laissant venir une longue barbe sale, afin de ne faire aucune jalousie aux maris des femmes qui l’envoient quérir pour les secourir », cité par Candilis-Huisman (D.), op. cit., p. 43.

680.

() Baudelocque, un des fondateurs de l’obstétrique moderne, note dans l’Art des accouchements: « On couvre la femme afin qu’elle ne soit point à découvert aux yeux des assistants et à ceux de l’accoucheur qui n’a point besoin d’y voir et qui doit juger par le toucher », cité par Candilis-Huisman (D.), ibid.

681.

() Bouchet (A.) (sld), op. cit., p. 223 et suivantes.

682.

() Ibid..

683.

() Entre 1760 et1790, 10 000 sages-femmes, environ, sont formées dans tout le royaume. Mais deux régions restent privilégiées : le Hainaut et l’Alsace (Voir Bely (L.), op. cit., p. 23). A Lyon, dans les procédures dépouillées, aucun plaignant, accusé ou témoin ne déclare exercer la profession de « sage-femme ».

684.

() Arch. dép. Rhône, BP 3445, 6 janvier 1778.