1. Les querelles à mains nues.

Les rixes entre voisins se déroulent dans 65% des cas sous la forme de simples bagarres à mains nues tandis qu'une fois sur 3 environ (35% des cas) les adversaires utilisent une arme ou un instrument offensif.

Graphique 40. Etude de 576 querelles
Graphique 40. Etude de 576 querelles

Cette répartition, du reste, ne varie guère quel que soit le sexe du comparant mis en cause par le plaignant.

Tableau 55. Les querelles à mains nues et les autres.



% de querelles à mains nues

% de querelles avec usage d’intruments offensifs

Quand lecomparant est un homme

67,5%

32%

Quand le comparant est une femme

60,5%

39%

Dans les rixes dépourvues d'ustensile ou d'objet d'attaque, le violent utilise deux fois sur trois ses mains ou ses poings pour combattre son adversaire. « Hier, explique un affaneur, ....le sieur Jarret le poursuivit dans la rue du Bât d'argent, le terrassa au milieu de la rue et lui donna une multitude de coups de poing sur la tête, le visage et le ventre » ( 1327 ). Que l'on gifle sa victime ou qu'on la boxe main fermée, les coups sont rudes comme le constate amèrement l'épouse d'un marchand épicier, la femme Arnaud : «  elle a reçu, raconte-t-elle, un soufflet si violent qu'elle ne vit dans ce moment que du feu » ( 1328 ). De fait, les femmes comme les hommes - et autant que les hommes - sont sujettes à ce type de pratiques. En sens inverse, elles savent, elles aussi, faire usage de leurs mains et de leurs poings, griffer ou s'en prendre à la chevelure de l'adversaire. La femme Recouvreur, blanchisseuse, cogne et « écorche » sa voisine en lui promettant de « lui en donner davantage » lorsqu'elle la croisera de nouveau ( 1329 ). Michèle Laporte, une fille brodeuse, est malmenée par la femme Perronet « laquelle a arraché la plus grande partie de ses cheveux au point qu'elle est obligée de porter....une tresse de faux cheveux » ( 1330 ).

A cet usage ordinaire des mains et des poings, le violent associe une fois sur deux l'emploi de ses pieds. Au cours des bagarres en effet, coups de poing et coups de pied vont souvent de pair, les seconds succédant aux premiers dans un même élan de brutalité. « Vendredi, expose une revenderesse en menues denrées, ....Jolivet cabaretier un de ses voisins lui acheta des chandelles mais il ne voulut pas payer le prix demandé. Il l'a traita comme une fille publique, cria qu'elle était une garce, une salope, une putain et la frappa. (....). Il la terrassa, lui donna des coups de poing à la tête, des coups de pied sur le côté gauche et lui dit qu'elle était bien heureuse qu'il y eut beaucoup d'yeux fixés sur elle sans quoi elle ne verrait pas la fin du jour » ( 1331 ). Plus rarement, les procédures judiciaires font allusion à d'autres « techniques » de combat, aux morsures notamment que peuvent s'échanger les bélligérants. Naturellement, seuls les cas les plus sévères - ceux qui ont donné lieu à des blessures graves - sont évoqués dans les plaintes. Ainsi la mésaventure arrivée à André Emery, un chapelier domicilié rue Thomassin. Il a été mordu à la main gauche – « jusqu'à l'os » précise-t-il - par l'époux irascible d'une boutiquière à qui il a fait perdre un procès. Après examen de la blessure, les médecins estiment qu'une quinzaine de jours seront nécessaires pour que la plaie se referme et que le plaignant puisse retrouver l'usage complet de sa main ( 1332 ).

Notes
1327.

() Arch. dép. Rhône, BP 3454, 21 mai 1779.

1328.

() Arch. dép. Rhône, BP 3473, 12 août 1781.

1329.

() Arch. dép. Rhône, BP 3525, 1er septembre 1788.

1330.

() Arch. dép. Rhône, BP 3436, 16 janvier 1777.

1331.

() Arch. dép. Rhône, BP 3471, 3 avril 1781.

1332.

() Arch. dép. Rhône, BP 3472, 16 juillet 1781.