1.2.5 l'EIAO et l'enseignement des langues

L’Enseignement Intelligemment Assisté par Ordinateur (EIAO) apporta de nouvelles perspectives à l'ALAO. Mais la double complexité de la langue naturelle et d'une construction didactique visant à faire acquérir une langue étrangère n'a pas favorisé l'apparition de beaucoup de tuteurs intelligents dans ce domaine.

Les systèmes d'EIAO qui ont émergé sont essentiellement issus d'aspects "résolution de problème". Ces systèmes permettent par exemple d’acquérir la démarche optimale pour rechercher une panne. La compréhension des interactions causales entre divers phénomènes a aussi fait l'objet de quelques réalisations : "Pourquoi pleut-il ? Le climat de telle région sera-t-il favorable à la culture du riz et pourquoi ?".

Pendant un enseignement de langue, l'apprenant n'est pas confronté à un problème à résoudre à l'aide d'un algorithme à conscientiser et à maîtriser. Il ne se trouve pas non plus devant un réseau de relations causales qu'il faut démêler pour expliciter ou justifier un phénomène. L’EIAO semblait donc ne pas convenir au domaine de l’ALAO.

L'accent mis sur le développement d'un savoir linguistique expert, concentra alors les travaux sur l'acquisition de compétences grammaticales autour d'énoncés détachés d'une réelle situation communicative6.

Le degré d'individualisation offert par les logiciels resta cependant très limité, bien que ce point fût l'un des principaux sujets de controverse entre EAO et EIAO. Les modèles d'apprenants gérés automatiquement par les systèmes étaient sommaires et prenaient peu en compte les processus cognitifs mis en jeu dans l'acquisition d'une langue (Chanier, 92).

S'appuyant sur une critique facile des logiciels d'EAO existants, certains articles présentant des tuteurs intelligents (TI) laissaient entendre qu'il serait facile de doter les systèmes informatiques de larges aptitudes de compréhension du langage et de possibilités de conduite de dialogues très interactifs. Ces affirmations qui sous-estimaient largement les difficultés, en laissant croire prématurément à une intégration des tuteurs dans les cursus d’enseignement, furent battues en brèche par des chercheurs qui présentaient des logiciels d'EAO mieux conçus qu'auparavant (Chanier, 92).

Notes
6.

Voir quelques exemples de réalisations dans le livre de (Demaizière, 86, pp. 54-56).