2.2.4 Définition de l'unité lexicale (Dichy, 1997)

Une question fondamentale se pose lorsqu’on entend réaliser un lexique pour les applications d'analyse et de génération : c’est celle du choix des unités lexicales (UL) qui constitueront les formes générées dans le dictionnaire à qui seront associées les propriétés syntaxiques et sémantiques.

Cette UL ne coïncide pas toujours avec le formant noyau (Fn). En effet, en ce qui concerne les noms (et à la différence des verbes), certains formants-extensions (Fe) sont susceptibles, lorsqu’ils sont associés à une base nominale, de se trouver pris avec elles dans un processus de lexicalisation. Un formant-extension sera dit lexicalisé (appelé formant-extension lexicalisé – Fel) lorsque l’unité <Fn, Fel> résultant de son association à un formant noyau constitue une unité du lexique indépendante. Une UL est donc constituée :

L’unité lexicale (UL) est définie aussi par ses relations avec d’autres ULs. Ces relations ou ce fléchage entre deux ou plusieurs ULs, peuvent être représentées sous cette forme : ULx(UL1, UL2, …,ULn).

Le fléchage reflète au départ une propriété morphologique "correspondant à la dérivation interne" : le passage du verbe au participe actif, d’une forme nominale au singulier à son correspondant au pluriel ("pluriel brisé "), etc., ce passage pouvant s’effectuer de manières classiquement présentées ainsi :

par « dérivation externe ». Par exemple, (مُعَلِّم : Mu c aLLim) =(« maître d’école ») a pour pluriel masculin (مُعَلِّمُون : Mu c aLLimûn), construit par la suffixation de (ُُون : ûn) au masculin singulier.

par « dérivation interne ». Par exemple, (لَطِيف : LaTîf) =(« doux ») a pour pluriel (لِطَاف : LiTâf), qui bien qu’ayant la même racine (ل،ط،ف : LTF), est construit selon un schème différent.

Le fléchage permet d’un autre côté de nuancer certains sens polysémiques. En effet, dans les cas de polysémie d’une forme correspondant à une entrée nominale du dictionnaire, des pluriels distincts sont susceptibles d’être associés à des sens différents. Par exemple, l’unité lexicale UL1 = <حَدِيث : Hadî T > =(« discours rapporté, récit, conversation »), est reliée par un fléchage au pluriel UL2 = <أَحَادِيث : ?aHadî T > et elle est distincte de l’unité lexicale UL’1 = <حَدِيث : Hadî T > =(« moderne »), qui est plutôt reliée par un fléchage aux pluriels UL’2 = <حِدَاث : Hidâ T > et UL’2 = <حُدَثَاء : Huda T â?>. Ce phénomène est observable aussi pour la relation entre les verbes de la forme simple et les noms de procès (المصادر).

Par conséquent, « On dit qu’il y a un fléchage entre deux UL (ou plus) lorsque l’une d’entre elles est supplétive de l’autre, c’est à dire lorsque l’une d’entre elles remplace l’autre dans les paradigmes morpho-syntaxiques d’une manière qui ne peut être prédite au sens strict par des règles opérant en génération, ou qui présente un caractère d’opacité en reconnaissance » (Dichy, 1997). Ainsi, la relation de fléchage n’est pas bijective.

Cette définition donne au concept de fléchage une extension plus large que celle de la « dérivation interne ». Deux types de cas, non compris dans cette dernière, sont en effet inclus (Dichy, 1997) :