4.3.1 Les applications pédagogiques du concordanceur

Les concordanceurs sont très utiles lorsqu'un apprenant désire approfondir ses connaissances sur un mot donné. L'apprenant peut, soit explorer directement les résultats retournés par le concordanceur40, soit s'exercer sur des activités générées automatiquement.

L’intérêt du premier type d'utilisation est que les phrases obtenues sont extraites de textes authentiques et reflètent véritablement l’usage de la langue. Ce ne sont pas des exemples construits par des spécialistes (traditionnellement, la préparation des compilations de concordances se réalisait par l'enseignant à la main qui construisait lui-même ses phrases). Avec cet outil, l’apprenant a la possibilité d’assumer lui-même le contrôle du processus d’apprentissage et devient le « linguiste », essayant d’identifier, de classifier et de dégager les régularités dans le comportement syntaxique, collocationnel et sémantique du vocable, ce que Tim Johns (1991) appelle Data Driven Learning, c’est à dire une exploration conduite par les données. D’après Johns, il est possible d’observer de nombreux phénomènes linguistiques comme par exemple les structures grammaticales (constructions différentes pour les verbes anglais convince et persuade), les hyperonymes (révélés par l’emploi de such as : industries such as steelmaking) ou les adverbes (différence d’utilisation entre however et nevertheless). L’intérêt des concordanceurs est d’autant plus évident que ces informations ne sont pas toujours décrites par les dictionnaires.

Le concordanceur permet aussi la génération automatique d’activités lexicales ou grammaticales qui peuvent être adaptées au profil de l’apprenant. Différentes formes d’activités peuvent être imaginées à l’aide des concordanceurs41 (cf. chapitre 7) : Exercices à trous, questions à choix multiples, etc. Dans le chapitre 4 de leur livre, Tribble et Jones (1997) proposent de nombreuses activités en anglais à exploiter en classe (individuellement, en binôme ou en sous-groupe), selon un principe de difficulté croissante pour l'élève. Les auteurs fournissent de nombreux exemples, expliquent les objectifs pédagogiques visés, le déroulement prévu et les consignes à donner pour chaque activité. La première consiste à remplacer le mot-cible par un mot inventé, puis à demander aux apprenants de rétablir la vérité. Ceci permet à l'apprenant de comprendre de lui-même ce qu'est une concordance. Les suivantes montrent comment travailler la syntaxe (travail sur les post-positions anglaises), la sémantique et le lexique (différences entre "look", "see" et "watch"), et l'idiomaticité (concordances sur "foot", "mout", etc). Joseph Rézeau (1997) propose aussi dans son article une série d’activités très intéressante dans le domaine de l’étude des locutions figées et semi-figées, des mots composés, des réseaux sémantiques et des mots instrumentaux pour le français (Voir aussi, (Johns, 1988)).

Notes
40.

Les résultats des concordances peuvent être directement visualisés sur écran ou imprimés sur papier.

41.

Le site de Joseph Rézeau offre des exercices et des discussions basés sur le travail des concordances. Grande richesse de liens. Consulté en mai 2001 : http://www.uhb.fr/campus/joseph.rezeau/welcome.htm