5.5 Protocole expérimental

Après avoir défini les fondements théoriques de notre démarche et les ressources informatiques disponibles, il fallait articuler le tout autour d’un programme pédagogique pertinent. Pour cela, nous avons mis en place une expérience d’enseignement de l’arabe langue seconde à l’université lumière (Lyon 2)47, qui s’est déroulée sur deux phases : Une première phase classique d’enseignement dans une classe et une seconde phase autonome qui était assurée par l’environnement informatique d’apprentissage.

Le public des étudiants était constitué d’une dizaine d’étudiants en troisième année universitaire en section Langues Étrangères Appliquées (LEA). Ces étudiants avaient un niveau intermédiaire : Ils disposaient de connaissances grammaticales assez importantes mais non encore assises : ils ont acquis les conjugaisons, les formes dérivées et l’essentiel des règles de syntaxe. L’objectif de ce cours était de leur permettre de retenir un nombre important de familles de mots pendant un semestre, d’une telle manière qu’ils pourront les utiliser lors de leurs productions écrites.

La démarche de l’enseignant en classe, consistait à faire des études de textes bien ciblés. Après la lecture à haute voix du texte, il s’arrête au niveau de chaque phrase, puis au niveau des mots qu’il juge difficiles ou intéressants. Il effectue tout d’abord une analyse morphologique et syntaxique du mot graphique. Si le mot est obtenu à partir d’un processus de dérivation régulier, l’enseignant revient sur ce processus pour expliquer le ou les sens du mot.

Il présente ensuite un schéma organisé autour de la racine du mot, incluant un ensemble d’unités lexicales qui peuvent être associées au mot traité. Les mots doivent être en effet appris avec toutes les informations qui permettent leur réemploi : On peut citer pour les noms les formes au singulier, au pluriel, au féminin, l’adjectif de relation, etc. ; pour les verbes : les formes à l’accompli, à l’inaccompli, le masdar, le « régime » des compléments : avec ou sans préposition structure syntaxique de la complétive, etc. A chacune de ces unités est associé une signification et sa traduction. Les apprenants notent ces informations sous forme de fiches ou chacune d’elles correspond à un mot nouveau et comprend l’ensemble de ces informations et l’analyse de l’exemple traité.

Pour pouvoir mémoriser ces mots, les étudiants passent en revue l’ensemble des fiches construites sur des périodes de plus en plus espacées. Les tests de mémorisation, consistent à se faire deviner le sens du mot à partir de sa traduction ou le contraire.

Dans la plupart des cas, cette méthode s’avère efficace, même si elle exige une motivation de la part des apprenants pour mener le processus de mémorisation du lexique jusqu’au bout.

Malheureusement, le volume horaire n’était pas assez suffisant pour pouvoir passer en revue plus que deux ou trois textes par semestre, ce qui correspond à un vocabulaire très limité. D’autre part, la présence du professeur est obligatoire pour pouvoir nuancer les sens des mots afin qu’ils puissent être correctement mémorisés. Enfin, l’absence d’entraînement et d’exécution d’activités lexicales qui favorisent l’inférence par les apprenants ne favorise pas la maîtrise lexicale.

Par conséquent, notre tâche consistait dans la réalisation d’un environnement d’apprentissage qui pourra compléter le travail entamé par le professeur en classe. Cet environnement qui est basé sur les principes pédagogiques cités dans ce chapitre, sera détaillé au fur et à mesure dans les chapitres restants de cette thèse.

Notes
47.

Ce cours a été assuré par le professeur J. Dichy, qui s’est impliqué personnellement et a adapté son contenu pour les besoins de l’expérience. Mr Ammar MEDFAI, qui avait une très longue expérience dans l’enseignement de l’arabe langue seconde et qui poursuivait un DESS en nouvelles technologies éducatives, nous a fortement aidé notamment pour la conception des activités de l’environnement.