8.2 Typologie des modèles de l'apprenant

Le modèle de l'apprenant est une structure de données, au sens informatique, qui caractérise, pour l'environnement d'apprentissage, l'état d'un sous-ensemble des connaissances de l'apprenant du point de vue du système.

Il va se définir par l'écart entre les propres connaissances (supposées) de l'apprenant et les connaissances cibles, enjeu de l'apprentissage, telles qu'elles sont représentées dans le système. La façon de concevoir cet écart conduit à distinguer deux grandes classes de modèles :

  • Les modèles d'expertise partielle ou de superposition : (overlay model, Goldstein et Carr, 1977), dans lesquels la connaissance de l'apprenant n'est qu'un sous-ensemble de la connaissance cible. L'idée sous-jacente à ce type de modèle est que l'apprenant présente des lacunes ou des connaissances encore mal assurées, en quelque sorte des faiblesses, qu'il s'agit d'identifier pour lui permettre de progresser. L'objectif du système d'apprentissage est alors de compléter les connaissances de l'apprenant pour qu'il acquière l'ensemble des connaissances précisées dans le modèle.
  • Les modèles différentiels : (Wenger, 1987), qui incorporent des “ connaissances fausses ”, correspondant à des perturbations des connaissances expertes ou des préconceptions erronées. En effet, des études montrent que de nombreuses erreurs ne sont pas dues à un comportement erratique des apprenants, mais à l'application correcte de procédures fausses. Pour élaborer un modèle des connaissances des apprenants, il faut prendre en compte ces erreurs de type systématique, que les chercheurs vont désigner par le terme “ bogue ” (bug).

Alors qu'un modèle d'expertise partielle invite à des stratégies d'enseignement centrées sur le fait de combler les lacunes de l'apprenant, les modèles différentiels vont induire des stratégies basées sur la remédiation. Dans le domaine de l'ALAO d'une langue seconde, l'analyse des erreurs de l’apprenant s’avère être une tâche très ardue. Plusieurs processus cognitifs peuvent être proposés comme sources possibles d'explications des erreurs, dont l'interférence avec la langue maternelle.