Première partie: Lucien Gachon, d’“Une haute colline du Livradois.” 5

Les vieux manuels d’histoire d’avant guerre sont peuplés d’images d’Epinal qui ont marqué de nombreuses générations d’écoliers et, de l’avis général, s’il est une qui affecte l’oeuvre éducative de la III ème République, c’est bien celle de l’âge d’or de l’école de Jules Ferry, portant la civilisation, le savoir lire et écrire à des paysans qu’il restait à civiliser, même si cette gloire est parfois entachée par les propos de quelques chercheurs dénonçant l’aspect colonisateur de cette entreprise directement responsable de l’anéantissement des cultures locales. Jean François Chanet, au terme d’une rigoureuse enquête, livre à ce propos un regard nouveau 6. Il tend à prouver que les hussards noirs, pas plus que leur Ministère, n’auraient pas agi au mépris des réalités locales. L’instituteur, au sein de sa petite patrie, aurait opéré de savants dosages entre la pensée universelle et le local. L’oeuvre de Lucien Gachon ne peut pas être appréhendée sans comprendre sa ’ petite patrie”. Amené à servir ’la grande Patrie’, notamment par sa charge d’instruire, il percevra un décalage avec cet ancrage premier, au point de nourrir son oeuvre par la recherche d’un équilibre vite compromis par la course folle des événements. C’est donc à la source qu’il nous faut aller, parmi les petits paysans du Livradois au début du vingtième siècle.

Notes
5.

Titre emprunté à Lucien Gachon, dans un article paru en 1934, (Extrait de la Revue de Géographie alpine, sous la direction de Raoul Blanchard et Jules Blache, vol XXII), intitulé ’Une haute colline du Livradois’.

6.

L’école de la République et les ’petites patries ’, Jean-François Chanet, Aubier Histoires, 1996.