Chapitre V: L’écrivain paysan.

Armé de sa naïveté, le jeune Lucien Gachon, ‘“un primaire qui continue’ 57 ”, s’était déjà risqué en février de l’année 1921, à envoyer une lettre à l’écrivain de renom Henri Pourrat. C’était déjà espérer une certaine reconnaissance. Encouragé, il n’a pas tardé à livrer le sens même de l’intérêt qu’il portait à l’écriture. Les années d’Ecole Normale n’ont pas pu gommer l’héritage paysan qu’il portait en lui et qu’il entendait, y compris par l’écriture, défendre et promouvoir. S’il regrettait de s’être éloigné de la condition paysanne, il assure que l’instituteur peut, quand il est resté paysan, contribuer à l’oeuvre collective de mémoire, témoigner du renouveau de la vie paysanne. C’était déjà faire preuve d’audace, comme en témoignent les propos de tel ou tel inspecteur 58.

Notes
57.

Lettre à H. Pourrat du 3 février 1921, Correspondances Henri Pourrat-Lucien Gachon, du 31 janvier 1921 au 25 décembre 1927, p164.166.

58.

En témoignent le rapport de l’inspecteur Penard, membre de la Ligue civique, 17 janvier 1918,“Je savais que cet instituteur se croyait un certain talent littéraire, qu’il avait des prétentions au journalisme. Il avait cela de commun, malheureusement pour l’enseignement primaire, avec un certain nombre de normaliens, cela tient je pense, à l’organisation des études de la troisième année, qui incline les élèves-maîtres à la prétention, à l’orgueil, à la discussion, au lieu de la modestie et de la réserve qui leur siéraient beaucoup mieux et seraient plus en rapport avec le rôle qu’ils ont à jouer.”