VIII.3. D’une maigre récolte.

Dès le mois de novembre 1940, Lucien Gachon entame la rédaction d’un roman qui tient une place toute particulière dans son oeuvre, Henri Gouttebel, instituteur . Au milieu de sa vie, en pleine tourmente, il choisit d’écrire le parcours exemplaire d’un instituteur, depuis ses enfances paysannes jusqu’à son ascension sociale, le confort bourgeois d’un poste de bourgade. Tout comme pour lui, le passage de la quarantaine est, pour Henri Gouttebel, prétexte à une méditation sur le sens de la vie. A l’heure de l’écriture, le bon temps est aussi loin que les illusions du personnage. Quand bien même le ciel est assombri par les circonstances, rien n’entame sa volonté de durer, de poursuivre la lutte.

A l’instar d’Henri Pourrat 149, Lucien Gachon ne voit en Vichy que le Maréchal Pétain, le Ministre Caziot ou d’autres hommes engagés dans une remise en ordre morale du pays. “Travail, famille et Patrie” sont des mots chers à Lucien Gachon. Il assimile le travail au dur labeur paysan , qui n’est pas la tâche astreignante de l’ouvrier car le travail est oeuvre créatrice, fondement même de l’identité paysanne. Il en connaît la réalité et souhaite à défaut de le voir rétribué à sa juste valeur, sa glorification. A ce titre, Gachon n’est pas hostile à la mécanisation, dans la mesure où elle profite à l’homme; le libère sans porter atteinte à son rapport à la terre. Les conquérants, les audacieux sont appelés à faire reculer la friche, à reprendre l’héritage laborieux des anciens. De la sorte, l’ordre et la prospérité sont promis à une société un temps perdue dans l’illusion frivole de l’entre deux guerres. La famille nourrit l’attachement aux valeurs terriennes, si chères à Lucien Gachon. Inquiet de la crise démographique, il applaudit auxpolitiques familiales en faveur des naissances. La reconstruction des campagnes passe nécessairement par l’affluence massive de bras nouveaux. La volonté de moraliser les moeurs, de statuer sur les enfants illégitimes, perceptible dans l’oeuvre de Vichy, n’apparaît pas, aux yeux de Lucien Gachon, comme le moteur même du mouvement. Quant à la Patrie, elle se limite souvent à l’horizon de la petite patrie des paysans du Livradois. Il ne sollicite pieusement la Grande Patrie qu’à la seule fin d’exhorter à l’apaisement des rancoeurs, pour que chacun fasse son examen de conscience. L’amitié entre Français au milieu des tourments, est nécessité. C’est l’occasion d’enterrer d’insidieuses querelles.

Certes, Lucien Gachon n’a pas l’âme d’un combattant. La sagesse paysanne lui commande de survivre avant de pouvoir espérer une renaissance, de traverser la guerre comme il faut dépasser les conséquences d’une mauvaise récolte. Dès 1942, après s’être vu inspecteur général 150, il décline les offres du régime de Vichy. Ses amis et, tout particulièrement, Sénèze ont sans doute sorti le rédacteur des écoles du paysans de son aveuglement. Avant l’heure, comme à son habitude, Lucien Gachon pense que la partie est perdue et, sans même connaître l’issue prochaine de la guerre, il lui apparaît que la politique rurale de Vichy n’est que discours. D’autres, comme Jean Borotra, qui dirige le premier commissariat aux sports, sous Vichy, ont pourtant pu conduire des réformes de fond, dans la ligne de la politique inaugurée par le Front Populaire. Avant guerre, y compris dans les rangs des instituteurs, un enseignement plus proche de la vie, en rupture avec les intellectualismes, est réclamé. Les réformes favorables à cette idée n’aboutissent pas. Sous Vichy, l’allégement des programmes est l’un des outils contribuant à cantonner la majeure partie d’une classe d’âge à un enseignement primaire, conservant le secondaire à l’élite de la nation nouvelle. Curieusement, en transformant les écoles primaires supérieures en collèges modernes et les écoles professionnelles de commerce et d’industrie en collèges techniques, bien malgré lui, J. Carcopino, plus enclin à abaisser le primaire en lui ôtant son fleuron, aboutit à l’effet inverse 151.

Victimes de leur attachement à la République, des prises de positions pacifistes de leurs représentants syndicaux, les instituteurs s’enferment dans un certain attentisme mais, dés novembre 1940, des enseignants parisiens se sont lancés dans une résistance active, avec la parution de “l’université libre152. Le manifeste atteste qu’il n’y pas de duperie possible quant à la nature véritable des changements annoncés. Il est trop tard, Lucien Gachon sait que, à l’exception de son ami Pourrat, les écoles secondaires rurales n’intéressent plus personne. Les réformes sont allées dans le sens souhaité par les défenseurs d’une éducation réservée à une élite, tournée vers les humanités classiques. La Révolution Nationale laissera sa marque par la création des centres de formation professionnelle et d’apprentissage, le développement de l’enseignement ménager et agricole. En dépit de ses discours ruralistes, le modèle des Ecoles du Paysans épousait de trop près certaines thèses novatrices, ne fournissait pas aux instances dirigeantes les garanties suffisantes d’influence auprès de la jeunesse. De plus, le passé syndicaliste de Lucien Gachon suscite la méfiance (il saura à la Libération qu’il avait été fiché). Faute de ne pas avoir pressenti la nature, les contradictions et l’incapacité de Vichy à agir pour les paysans, il risque d’être taxé d’opportunisme dans son projet.

Avant-guerre, le principe d’égalité des chances s’est arrêté aux portes de l’enseignement secondaire où les rares élèves issus des couches populaires n’ont pas d’autre perspective que la soumission à l’ordre et la culture de la classe bourgeoise dominante. Les écoles secondaires rurales pensées par Lucien Gachon autoriseraient un renversement du mouvement, l’expression d’une authentique culture populaire. Dans le contexte vichyste, elles risquent de concourir à l’affirmation de la supériorité revancharde de ceux qui peuvent revendiquer un ancrage dans une culture paysanne rendue mythique . Selon les principes d’égalité républicaine, une école rurale spécifique n’a jamais existé. De la même manière, au regard des décisions et des actions du gouvernement de Vichy, elle est restée lettre morte.

Le retour aux affaires de Laval marque l’évolution vers une politique résolument collaborationniste. Cependant, au fil des mois, les combats penchent de plus en plus nettement en faveur des Alliés. L’heure n’est plus aux réformes dans une France occupée et meurtrie. En janvier de l’année 1941, Lucien Gachon entreprend la rédaction d’un nouveau roman La première année , à l’écho de ses préoccupations du moment. En effet, ce texte colle à l’actualité, illustre l’aventure d’un jeune couple reprenant l’exploitation agricole délaissée par un oncle devenu professeur, en ville. Ce dernier personnage, bienveillant, est bien proche de l’auteur. Il manifeste ainsi son souci d’accompagner le retour à la terre par une redécouverte de la nature plus propice à l’affirmation d’une conscience morale intemporelle et détachée des contingences matérielles. L’accueil de l’ouvrage est favorable, de part et d’autre la nouvelle tentative de l’écrivain-paysan est saluée. Bien plus tard, certains lui donneront une portée que peu de lecteurs de la dernière réédition (1997) auront sans doute perçue.

“ Le roman se termine, symboliquement, sur un printemps. La résurrection commencée aux Pâques de l’année précédente se poursuit par une promesse de fécondité. Ce roman achevé en juillet 1941, qui s’inscrit si bien dans la propagande Vichyste, n’est imprimé qu’en juillet 1943. Le gouvernement alors n’en est plus à chanter le repli sur des sites sauvages qui sont en train de devenir le repli des maquisards. Difficultés matérielles de l’édition, retards supplémentaires apportés par l’examen de la censure: d’autres romans sur le même thème resteront à l’état de manuscrit. La Première année a certainement moins contribué à propager littérairement la thématique du retour à la terre que les romans de Giono parus avant-guerre. Son intérêt ne réside donc pas dans un hypothétique effet de l’oeuvre sur le public. En revanche, il s’y lit fort bien un des modes de réception du slogan pétainiste.” 153

Les Ecoles du Paysan constituent une doctrine pédagogique dont le fondement est l’enracinement, la sauvegarde du monde rural par le maintien des élites locales. Chanet a relevé l’élogieux compte-rendu signé par le résistant Guy de Pompery, paru dans Combat, le 4 septembre de l’année 1943, sous le titre de “Lucien Gachon et les écoles du paysan .” 154 De longue date, une réforme de l’enseignement agricole était attendue et le projet des écoles secondaires rurales ne pouvait que susciter l’intérêt d’hommes décidés à agir. Bien au delà d’un lourd contexte ou de l’incurie du pouvoir de Vichy, l’échec des écoles du paysan tient aussi au fait que leur utopie rurale sous-jacente supposait l’immobilisme des sociétés, ce qui allait en contradiction avec le sens de l’histoire, les aspirations d’un peuple opprimé qui, retrouvant sa liberté, voulait rompre avec le passé dans lequel il avait manqué d’être enfermé. Les écoles du paysan tentaient le compromis, avec l’ouverture des études secondaires aux enfants du peuple tout en fournissant les garanties que ses promus ne viendraient pas concurrencer les élèves issus du recrutement traditionnel des formations classiques. L’égalité de chances par l’avènement de l’école unique rêvée par les Compagnons de l’Université était ce que les conservateurs et autres réactionnaires à la République entendaient combattre au même titre que la démocratie, les droits sociaux et la circulation des peuples. Les uns comme les autres avaient compris qu’il suffirait de quelques générations d’enfants assis sur les mêmes bancs de l’école pour que les choses ne soient plus véritablement comme avant. Les plus farouches opposants n’hésitent pas à avancer contre l’école pour tous jusqu’à des théories pseudo-scientifiques. Alexis Carrel déclare que ”‘ceux qui sont aujourd’hui des prolétaires doivent leur situation à des défauts héréditaires de leur corps et de leur esprit”’ 155 et préfère voire s’installer “‘la biocratie au lieu de la démocratie”’ 156. Plus insidieuse est l’apparente bienveillance portée au peuple par les théoriciens de Vichy, qui laisserait à penser que l’instruire c’est le trahir 157. La glorification du travail de l’artisan, de l’oeuvre du paysan ou du bon ouvrier dissimule mal la volonté de les tenir dans l’ignorance. Pour le Général de Castelnau, ‘“Le peuple instruit n’est plus le peuple, il perd son identité et ses références initiales”’ 158. L’ouvrage de Maurice Barrès, Les déracinés, allait trouver un écho quelques années plus tard, dans les principes de la Révolution Nationale qui affichait sa volonté de fidélité à la tradition populaire, de ne rien changer, de ne rien gâter par l’instruction 159. Il suffit alors de rajouter que le peuple doit rester fidèle à lui-même dans son refus de parvenir pour comprendre comment Gachon, à l’écho d’Albert Thierry, a pu inexorablement glisser dans la thématique vichyste. Le constat de déracinement est partagé, mais il y a une profonde divergence entre ceux qui entendent asservir le peuple par l’ignorance ou quelques rudiments d’un apprentissage pratique et ceux qui oeuvrent à le libérer en faisant en sorte qu’il trouve ses propres ressources.

Notes
149.

Dans un article intitulé “L’imagerie populaire dans l’oeuvre d’Henri Pourrat” , Claude DALLET analyse le positionnement politique d’H. Pourrat:

“Le chef français ne se présente pas comme un ouvrage de propagande. En effet, Pourrat le rappelle sans cesse: il ne se veut ni politicien, ni psychologue, ni philosophe de l’histoire. Jamais il ne fera partie de quelque parti politique que ce soit, il ne se sentira ni d’un côté, ni de l’autre. Faut-il lui reprocher d’avoir participé de manière active, aux formes d’altruisme qu’ont été pendant la guerre l’entraide sociale et le secours national? Ce sont les seules formes d’engagement qu’il s’est cru autorisé et capable de prendre. Faut-il dire qu’il a

recueilli, dans des conditions matérielles bien lourdes, dés le début des hostilités, la famille Zimmer. Il est rendu nécessaire, eu égard à la personne et à l’oeuvre d’H. Pourrat, de nuancer à l’extrême la portée des jugements d’ordre politique et idéologique.

(De Vichy au Mont-Mouchet, L’Auvergne en guerre 1939.145 ., Institut du Massif Central, 1991, p: 101.).

150.

“Et enfin la solution donnée au problème de recrutement des instituteurs. J’avais cristallisé mon espérance civique autour de cette question. Je ne croyais pas possible que la dernière vraie position des ruraux pour l’accès au fonctionnariat rural: les cours complémentaires ruraux puis les Ecoles normales, puisse être ainsi tout au moins grandement affaiblie par la nécessité du bachot. Décidément ce qu’il y a de trop cérébral dans l’université se trouve ainsi primé alors que le but premier et beau de notre gouvernement est la rénovation de la France rurale, de la France charnelle, instinctive, raisonnable et mystique à la fois. Peut-être les choses iront-elles mieux que je ne l’imagine. Puissé-je me tromper! Puissions avoir des aigles d’intelligence qui ne sont pas brillants, qui sont rebelles aux langues mortes et vivantes mais qui portent vivante en eux notre vieille langue française et patoise, mais qui sont sages, dociles, travailleurs, qui ne rouspètent pas et ignorent le système D, les Paul Four, les Chauchat, les Bourasset, les miens, les nôtres, n’est-ce pas Henri?”.

Ici l’Inspecteur d’Académie m’a suggéré la solution qui serait, je crois, la meilleure: qu’on me nomme inspecteur général de l’école rurale. Ainsi, j’aurais le pied dans la maison, et pas seulement pendant une vie ministérielle. Du point de vue pratique, je réussirai:

1) quand il y aura un homme au Ministère pour l’Ecole rurale.

2) quand j’aurai trouvé un administrateur pour toutes les démarches de création et d’administration.

Correspondances Henri Pourrat-Lucien Gachon, du 21 octobre 1942, Edition établie par Claude DALET, Cahier H. Pourrat n°9, Clermont-Ferrand, Bibliothèque Municipale Interuniversitaire, 1991.

151.

C. Nique l’observe précisément:

“La captation du réseau des écoles primaires supérieures par le secondaire aboutit en effet à une démocratisation (durable) du secondaire. Si l’on s’en tient aux taux d’enfants d’ouvriers de l’industrie présents dans les sixièmes des lycées et collèges, on obtient l’évaluation significative suivante: octobre 1936: 2,7 °/°, 1942: 8,3 °/°, 1944: 13,2°/°, 1946: 12,4 °/°, 1956: 12,3 °/°.

NIQUE C. & LELIEVRE C., Histoire bibliographique de l’enseignement en France , Retz, 1990, p: 260.

152.

Instituteurs et Institutrices de France.

Le temps des épreuves est revenu pour l’Ecole laïque et ses maîtres. Il n’y a pas si longtemps, maîtres et maîtresses de l’école publique étaient traqués et traînés dans la boue par le châtelain, le gros bourgeois et un clergé fanatisé. Aujourd’hui ceux qui s’intitulent pouvoirs publics ont repris le vieux cri de guerre de la réaction blanche et noire:”L’instituteur voilà l’ennemi”.

C’est en raison même de votre effort pour enraciner dans le coeur des enfants les traditions de progrès, de liberté et d’attachement à la raison, que vous avez, vous, instituteurs et institutrices laïques, l’honneur d’être en butte aux insolences des généraux fuyards, des politiques espions, des journalistes qui se vendent au plus offrant, des capitalistes qui pillent le pays aujourd’hui comme ils l’ont fait hier, de toute la coterie qui s’intitule “gouvernement de Vichy”.

Nombreux sont ceux d’entre vous qui ont été “sanctionnés” pour leurs opinions ou pour leur “race”, nombreux sont les déplacements d’office, les interdictions de séjour, les suspensions, les révocations. La “circulaire Ripert” prépare de nouvelles “charrettes”, vos garanties contre l’arbitraire sont supprimées, vous êtes à la merci d’une lettre anonyme, vos organisations syndicales indépendantes ont été dissoutes, vous êtes privé de tout moyen de défense légale.

“Les Ecoles normales, coupables de recruter des fils d’ouvriers et de paysans, de les éduquer dans l’esprit laïque pour en faire des maîtres dévoués à la cause du peuple, sont détruites. Les mesures prises par le Ministre Mireaux du “Temps”, et du Comité des forges placent les écoles privées sur le même plan que l’école publique. Et, tandis que de nombreuses écoles publiques sont occupées par les Allemands, que les classes fonctionnent dans des taudis, que la pénurie charbon, des fournitures scolaires y créent des conditions désastreuses et que les oeuvres périscolaires et postscolaires sont supprimées, le nombre des écoles confessionnelles ne cesse d’augmenter.

“Les buts poursuivis sont parfaitement clairs. Le gouvernement de Vichy veut détruire l’Ecole laïque en tant qu’institution. Il veut démolir tout l’édifice de l’enseignement républicain, issu de la lutte du peuple français pour le droit à l’instruction et à la liberté de pensée. Il veut briser les instituteurs, chasser du corps enseignant tout ceux qui demeurent fidèles à leur formation laïque et républicaine pour transformer les autres privés de tout droit et, par la destruction du syndicat, de tout moyen de défense, en domestiques obéissant au doigt et à l’oeil”.

153.

THIESSE Anne-Marie., Ecrire la France, Le mouvement littéraire régionaliste de langue française entre la Belle Epoque et la Libération , P.U.F Ethnologies 1991, p. 279.

154.

CHANET Jean-François, “Lucien Gachon, instituteur, géographe et écrivain-paysan”, p. 42.

155.

Alexis CARREL, L’homme cet inconnu, Paris Plon, 1935, p. 361.

156.

Alexis CARREL, Jour après jour (1893.1944), p138.

157.

Jean-Michel BARREAU a étudié et dénoncé cette option gouvernement de Vichy notamment dans son ouvrage, Vichy contre l’école de la République, Flamarion, 2001, 334 p.

158.

L’Illustration, “L’Ecole unique”, Général de Castelnau du 20 mars 1926.

159.

Jean-Michel BARREAU explique en détail ce positionnement :

“Car pour eux, la tradition populaire est au passé ce que l’instinct est à l’intelligence. L’école a alors le devoir, pour les plus humbles de fidélité à ces valeurs. De même que l’école doit les respect au bon sens instinctuel, elle doit aussi le respect aux coutumes traditionnelles. Tous ce que réclament ces théoricens, lorsqu’ils réfléchissent à l’éducation du peuple, c’est de ne toucher à rien ou d’y toucher le moins possible. L’école ne doit pas transformer le peuple, disent-ils, mais le garder intact. Elle ne doit pas le précéder mais le suivre. Porteur de traditions, de racines, de coutumes géographiques, socialement et historiquement implantées, le peuple doit garder ce patrimoine. Au delà, toute entreprise d’éducation est une entreprise de destruction ou de trahison. Instruire le peuple, c’est trahir le peuple. Instruire le peuple, c’est détruire le peuple. Le détruire ou le trahir parce que le défaire de ce que le lieu et le temps -la géographie et l’histoire- ont gravé en lui. Pérennité, fidélité, respect est la trinité que défendent ces idéologues lorsqu’il réfléchissent au rapport que doit entretenir l’éducation avec le peuple: la tradition comme horizon pédagogique. Le peuple élevé dans les traditions pour faire qu’il reste fidèle à lui-même.”

(Vichy contre l’école de la République, Flamarion, 2001, p.198.).