a. parties de quantité

Les parties de quantité sont les subdivisions proprement spatiales de la pièce de théâtre. Dotées d’une étendue et d’une chronologie stricte, elles partagent le spectacle en étapes facilement repérables : le prologue, les épisodes, l’exode, tous séparés par des chants du chœur.

(i) prólogos

Le prologue est la toute première partie du drame, caractérisée plus matériellement que dramaturgiquement par sa place avant même l’entrée du chœur sur la scène. Il est, dit Aristote (52 b 19), la “partie complète de la tragédie qui précède l’arrivée du chœur” (trad. J. Hardy, Budé). Il est aussi parfois ce hors-d’œuvre sans relation avec la fable que Scaliger (1561) qualifie d’accessoire (p. 14), et dans lequel l’auteur est amené le cas échéant à préciser ses intentions.

Vossius s’explique assez clairement sur cette ambiguïté d’emploi, qu’il met sur le compte de la différence de deux systèmes, le grec (Aristote) et le latin (Evanthius ou “Donat”) :

Vossius (1647 b) II, 5, 17 : “Telle est la division d’Aristote. (…) Pour Aristote, le prologue est, dans le drame, tout ce qui précède l’arrivée du chœur. Voici ses mots : ‘le prologue est une partie complète de la tragédie qui précède l’arrivée du chœur’. Ainsi nous apprenons qu’Aristote ne donne pas au mot prologue le même sens que les Latins. Pour Aristote c’est une partie de la fable nécessairement liée à toutes les autres. Mais pour Evanthius (dans le préambule à l’analyse de Térence qu’on prête généralement à Donat), c’est un morceau oratoire qui précède la véritable composition de la fable, à savoir un discours tenu à l’intention des spectateurs avant le début de la pièce authentique. Si on utilise le terme en ce sens, alors les pièces grecques sont dépourvues de prologue” (p. 24)  169 .

Les Latins, adaptant à leur usage la terminologie grecque, ont contribué à obscurcir le concept : il faut dès lors toujours se demander s’il s’agit d’un prologue à la grecque, partie véritablement intégrante de la fable, ou à la latine, hors-d’œuvre souvent polémique.

Notes
169.

“Est haec divisio Aristotelis. (…) Siquidem prologus Aristoteli est, quicquid in dramate antecedit chori ingressum. Sic enim loquitur (…) : Est autem prologus tota tragoediae pars, ante chori ingressum. Unde cognoscimus, aliter ab Aristotele accipi prologi vocem, quàm à Latinis. Aristoteli designat partem fabulae cum caeteris necessariò connexam. Euanthio* (*In Prolegomenis Terentianis, vulgo attributis Donato) verò est antecedens veram fabulae compositionem locutio : hoc est, oratio, quae ad spectatores ante legitimam habetur fabulam. Quomodo si utamur eâ voce, Graecorum dramata carent prologo”. De même Scaliger (1561), p. 15 ; d’Aubignac (1657), III, 1, p. 243 et suiv.