d. choix d’utiliser comme terme un condensé de définition

Très souvent, l’adaptateur, citant le terme grec, l’accompagne d’une définition latine ou d’une courte glose, laquelle est parfois traduite d’Aristote lui-même. Ainsi chez Heinsius (1611 a), p. 23, peripéteia est-il cité en grec, avec sa définition aristotélicienne, traduite par in contrarium eorum quae aguntur mutatio“changement des actions en leur contraire”  202  ; se produit alors un phénomène d’épure progressive. La définition est peu à peu raccourcie jusqu’à ne garder que le substantif noyau. Cela donne chez Heinsius :

Grâce à ce phénomène d’épure progressive, mutatio devient le strict équivalent de peripéteia.

L’avantage de ce procédé est que, comme dans le cas du calque sémantique, il n’utilise pas un néologisme. L’inconvénient est que le noyau de définition qui finit par équivaloir au terme modèle a avec ce dernier une relation très lâche et peut être remplacé par l’un de ses synonymes sans dommage particulier. Ainsi Heinsius, qui utilise mutatio de façon stable, emploie occasionnellement conuersio (p. 196), qui, lui aussi, pourrait fonctionner comme noyau de la définition de peripéteia. Vossius utilise dans cette fonction (com‑ / im‑)mutatio, transitus, conuersio…  204 .

Notes
202.

Valant très littéralement pour eis tò enantíon tôn prattoménon metabolé.

203.

C’est exactement le tour que proposent Paccius (1549), col. 1341, ligne 34-35, et Riccoboni (1590), p. 378 D.

204.

Définissant explicitement la péripétie, Vossius (1647 b), I, 5, 17, p. 46, dit qu’elle est “eorum, quae aguntur, transitus in contrarium, siue mutatio haec secunda sit, siue aduersa”, “le passage en son contraire de ce qui se joue, que ce changement soit favorable ou défavorable”. Par simplification de cette définition, il peut aussi écrire rerum immutatio (I, 5, 19, p. 47), mais aussi commutatio ou conuersio (dans une note marginale apposée au terme original écrit en grec, en I, 5, 22, p. 48 : “conuersionem siue subitam in contrarium commutationem”), ou conuersio rerum (I, 5, 24, p. 48, en marge), ou encore “eorum quae aguntur in contrarium commutatio” (II, 18, 4, p. 89).