b. niveau 2

C’est le cas du personnage absent qui est intégré dans une fonction actantielle. Il est rattaché à l’un des personnages de la pièce. Merlin, qu’on ne voit jamais, est amoureux de la Fée (Arlequin poli par l’amour), et c’est bien cette donnée qui, avec le revirement de Trivelin, conduit à un succès improbable le duo Arlequin-Silvia ; le Baron absent du Préjugé vaincu a des prétentions sur Angélique.

Pour accroître le rôle actantiel de ces personnages, ils sont décrits comme existant dans un espace relativement proche. Dans la scène IV d’Arlequin poli par l’amour, Trivelin affirme à la Fée :

‘“Merlin est venu pour vous voir”.
Dans Le Préjugé vaincu, le Baron se montre à travers une lettre qu’il envoie, où il annonce son arrivée imminente :

“Le Marquis : ‑Voici une lettre que je viens de recevoir de lui, et qu’il a écrit la veille de son départ” (scène V) ;

“Angélique : ‑Il arrive, ce malheureux Baron, il a gagné son maudit procès que l’on croyait immortel, qui ne devait finir que dans cent ans…” (scène VIII) ;

“Enfin, il arrive ce soir ; il entre peut-être actuellement dans la cour du château” (ibid.) ;

“Lisette : ‑Monsieur, il vient de venir un homme que vous avez, dit-il, envoyé chercher pour le Baron, et qui attend dans la salle” (scène XIV).’

Le personnage absent, qui est presque ici un personnage de coulisses, se trouve donc investi d’une réelle importance. Aucun, pourtant, dans le théâtre marivaudien, n’en a davantage que Jupiter dans La Réunion des amours : physiquement absent, c’est pourtant lui qui, par le biais d’un discours rapporté par Minerve, a le pouvoir de conclure la pièce.