III. Conclusion du chapitre

Les grandes pièces offrent-elles le même éventail de possibilités ? Le tableau synoptique ci-dessous nous permet d’attester que tel n’est pas le cas.

Un regard panoramique sur le tableau ci-dessus permet d’observer que les pièces longues se situent très majoritairement dans le modèle de la dramaturgie de blocage, et plus précisé­ment toujours dans le blocage antérieur à la déclaration (dix pièces sur douze). Les deux autres modèles dramaturgiques ne sont représentés chacun que par une grande pièce. Inversement, les petites pièces viennent plutôt s’insérer dans des espaces laissés libres par les comédies en trois ou cinq actes. Hormis L’Épreuve, L’École des mères et Le Préjugé vaincu, qui s’inscrivent dans la dramaturgie de blocage mixte, vigoureusement représenté par des pièces longues, il n’y a pratiquement pas de concurrence typologique entre les unes et les autres : dans la dramaturgie de blocage, les pièces courtes explorent plutôt des sous-types spécifiques que les grandes pièces ne traitent pas, et réciproquement. Parmi les grandes pièces, seule La Fausse Suivante, qui décidément impose sa singularité, se trouve isolée dans son type, face à sept petites comédies.

On peut donc souscrire à l’idée que les pièces en un acte sont pour Marivaux un champ privilégié d’expérimentation dramaturgique, un espace de liberté essentiel.

Nous avons pu constater aussi que chaque modèle dramaturgique induisait un questionnement particulier au sujet du dénouement. La troisième partie aura pour ambition d’examiner le fonctionnement précis de chaque type de dénouement et, au-delà, la poétique du dénouement marivaudien.