1. situation générale de la scène de dénouement

Dans les trois pièces, le dénouement se situe à l’avant-dernière scène : la scène XXI dans L’Épreuve, la scène XV dans Le Préjugé vaincu, la scène XXIV dans Le Legs. Dans tous les cas, il s’agit d’une rencontre entre les deux amoureux. C’est une scène à faire, qui renvoie à d’autres dilogues antérieurs.

Dans L’Épreuve et dans Le Legs, une seule scène de duo a eu lieu préalablement, dans le premier tiers de la pièce  558 . Il est évident que le long moment qui sépare les deux duos a pour effet de donner l’illusion du temps qui s’écoule et aussi de susciter l’impatience du lecteur-spectateur. La scène de dénouement est pleine de cette scène antérieure qui lui sert d’arrière-plan : elle en figure une variation, un reflet à la fois semblable et différent. Un fil ténu est tissé entre ces deux moments forts et les met en résonance. Dans les pièces concernées, les effets d’intertextualité interne ne sont pas de même nature. À partir de la même proposition émise par les deux personnages masculins, à savoir celle d’épouser un ami, se mettent en place deux interprétations différentes :

La scène de dénouement se nourrit donc, chez les personnages, de cette première scène de méprise ; pour le lecteur-spectateur, elle se déroule en condensant ce qui est dit et ce qui a été dit. La dynamique est à la fois active et rétroactive.

L’arc des duos est plus complexe dans Le Legs puisque trois scènes précèdent le duo final et témoignent de la difficulté du Marquis à faire avancer le processus amoureux qui s’immobilise du fait de son incapacité à parler mais aussi du positionnement qu’il attribue à la Comtesse. Celle-ci, par un jeu de glissements, devient la confidente de la question d’argent qui oppose le Marquis à Hortense. Problématiques amoureuse et financière ne font pas bon ménage dans l’univers marivaudien. La cohabitation des deux thématiques dans les scènes de duo nuit indéniablement au développement du sentiment amoureux, en tout cas à son ex­pression.

Notes
558.

Scène IV dans Le Préjugé vaincu, scène VIII dans L’Épreuve.