3. fonctionnement de la scène de dénouement

La scène de dénouement est dans les trois pièces une scène tout entière construite vers la déclaration. Cela induit deux effets. Tout d’abord, ces scènes sont composées d’ingrédients invariants très précis, les uns relevant de l’analyse du discours, les autres de l’analyse théâtrale propre.

Par exemple on peut dire que ces scènes de déclaration ont tout à fait la composition qui est décrite dans l’analyse conversationnelle : elles ont une séquence d’ouverture, dont les fonctions sont d’ “établir le contact physique et psychologique entre les interlocuteurs (fonction ‘phatique’)”, d’opérer une première mais décisive “définition de la situation” et d’amorcer l’échange proprement dit de façon favorable, grâce à un certain nombre de rituels “conformatifs” (salutation, manifestations de cordialité et du plaisir que l’on éprouve à cette rencontre) ; elles sont suivies du corps de l’interaction ; enfin, d’une séquence de clôture  562 . Dans les scènes concernées, nous verrons que la nature des rituels conformatifs est légèrement différente. En outre, la clôture de l’échange est différée et remplacée par une clôture englobante qui surgit plus tard, dans l’ultime scène.

En même temps que les scènes peuvent se lire à cette aune conversationnelle, elles obéissent à une contrainte dramaturgique qui est l’inscription de la scène dans la pièce. Cela passe par des phénomènes de lien à des scènes antérieures, ou par des bilans qui sont une autre forme de renvoi à ce qui précède.

Le dernier point essentiel, qui fédère les scènes de dénouement de ces trois pièces et permet de comprendre leur dynamique propre, relève du positionnement des personnages dans le dilogue. Cela se traduit concrètement par deux interrogations : qui détient le pouvoir, c’est-à-dire quel est le personnage dominant ? qui dirige le déroulement du dilogue et comment cette maîtrise se traduit-elle dans l’évolution de la scène vers la déclaration ?

Afin de faciliter la comparaison entre les trois pièces, nous étudierons successivement les points suivants :

Ce choix d’entrées nous permettra en même temps de rendre compte de la composition des scènes.

Notes
562.

Cf. C. Kerbrat-Orecchioni (1996), p. 6. V. Traverso (1999) propose une autre terminologie, en décrivant ainsi les trois temps de la conversation : l’ouverture, qui sert les tâches suivantes, est “ouverture du canal et prise de contact, mais aussi et surtout établissement d’une première définition de la situation”, “le corps de l’interaction <qui> se découpe en un nombre indéfini de séquences”, “la clôture <qui> correspond à la fermeture de la communication et à la séparation des participants” (p. 32).