b. la scène de dénouement

En tant que telle, elle est inscrite dans l’économie de la pièce. On peut dire qu’elle entretient avec les autres scènes deux niveaux d’inscription : l’un structurel, qui concerne son statut de scène et relève donc de la perception du lecteur-spectateur ; l’autre conjoncturel, qui relève du contenu, de l’événementiel et concerne donc plus spécifiquement le personnage  587 .

L’inscription structurelle de la scène de dénouement dans la pièce se fait à un niveau que l’on pourrait appeler formel. C’est un duo et, en tant que tel, il renvoie aux autres duos de la pièce. En outre, si l’on envisage le fonctionnement, l’organisation dramaturgique, on peut dire que la scène de dénouement renvoie aux scènes de faux dénouement antérieures. Cela crée une architecture qui facilite les renvois internes et les mises en abyme.

L’inscription conjoncturelle est la façon dont la scène est rattachée à des scènes préalables, comme si des fils invisibles en faisaient la suite directe ou différée d’autres scènes. C’est alors un lien par contextualisation. C’est le cas lorsque, pour justifier l’existence même de l’interaction, on fait référence à une demande ou à un événement déjà montré(e). Dans L’Épreuve ou dans Le Préjugé vaincu, le personnage masculin répond à une “convocation” du personnage féminin.

L’autre lien est le bilan, qu’on trouve dans chacune des trois pièces. Par un effet de condensation, la pièce est résumée par l’un des deux personnages présents ; l’ensemble des événements défile comme en vitesse rapide dans ces quelques répliques.

La scène de dénouement a une dynamique propre, faite d’avancées, de reculs, de décrochements, de commentaires apparemment détachés. Cela tient essentiellement à des problématiques liées aux personnages. Il y a dans chaque scène un personnage dominant et un personnage dominé. Le premier fait avancer le dilogue, le second utilise des stratégies d’évitement ou de clôture. Cette différence de rôle ou de compétence dans la manière de conduire et de construire le discours se complique du fait qu’il y a en quelque sorte un obstacle interne à la scène du dénouement et qui peut se traduire ainsi : “Qui a le droit de se déclarer ?”, sachant que les conventions liées à la condition et au sexe peuvent se combiner. Du coup, les dynamiques de scènes sont entravées et les lignes droites qui sont censées mener à la déclaration sont brisées par des clôtures ponctuelles ou durables.

Notes
587.

Ou le spectateur, qui n’a pas, contrairement au lecteur, de repère concernant la fragmentation de l’espace textuel. Le lecteur, lui, dispose à la fois de l’événementiel et de la répartition en scènes.