c. l’attente de la scène à faire

Parfois, c’est le caractère inédit de la scène à faire qui en signe l’importance. Ainsi, après une première partie de pièce qui se solde par un échec, suivi de trois scènes de préparation, le lecteur-spectateur est impatient d’assister à la rencontre entre Éraste et Mademoiselle Argante, qu’il perçoit comme décisive et, étant donné l’économie de la pièce, inaugurale de l’espace de fin (Le Dénouement imprévu). Toute la préparation et l’esthétique du retardement concourent à rendre incontournable cette scène de surprise de l’amour subtilement placée à la fin de la pièce.

Parfois, c’est une réédition, longtemps attendue, qui a la même fonction. Les pièces qui s’achèvent par un mariage sont souvent rythmées par les scènes de duo. Marivaux place en général le premier duo assez tôt dans la pièce et met entre celui-ci et le ou les suivant(s) des scènes intermédiaires qui donnent l’illusion du temps écoulé. Le sentiment de l’importance peut être accentué par une scène programmatique antérieure. Celle-ci dévoile à l’avance le rôle joué par la scène de duo dans l’économie finale. Ainsi, dans Le Legs, la scène entre la Comtesse et Lisette permet d’anticiper l’équipollence entre scène de duo et scène de dénouement  708 . Au-delà du duo amoureux, la scène à faire relève de toutes les formes de confrontation entre des personnages qui peuvent ensemble faire avancer l’action ou se présentent au contraire comme des forces antagonistes. Dans L’École des mères, on entre dans l’espace de fin lorsque Monsieur Damis, informé par Frontin, décide de s’inviter à la rencontre amoureuse entre Angélique et Éraste. La conjonction entre les deux intrigues dans le même espace-temps est structurellement symptomatique de la fin.

Notes
708.

À la scène XIII.