c. le dénouement-impasse

Le dénouement-impasse empêcherait in fine tout dénouement de survenir car il consiste à faire partir un des personnages essentiels à la résolution. Un grand nombre de pièces contiennent en germe l’aporie. Sortir de scène avant un accord préalable, ce n’est certes pas mourir, mais c’est faire mourir dans l’œuf le dénouement. La menace apparaît dans les didascalies (cf. “Il veut s’en aller”, Le Dénouement imprévu). Elle est aussi présente dans le discours des divers personnages, qu’ils appartiennent au groupe des parents  712 ou à celui des amoureux  713 .

‘Partir, c’est s’abstenir de parler, c’est quitter l’espace scénique, mais aussi, au-delà, le dialogue théâtral. ’

Le dénouement-impasse met en place très rapidement une potentialité de fin par rupture que l’on verra réalisée dans d’autres comédies de Marivaux mais qui est latente même dans les pièces qui se terminent par un mariage.

L’aporie prend une autre forme dans La Femme fidèle. Ce qui menace le dénouement de cette pièce, c’est le silence ; ce dénouement-impasse est évoqué au début de la scène XVI :

‘“Non, Madame, j’ai changé d’avis, dispensez-moi de parler… ”.’

Le silence, l’absence sont évidemment des modes d’effacement du personnage qui nuisent au surgissement de la parole libératrice.

Notes
712.

Cf. Madame Argante : “ (…) car je m’en vais” (Les Acteurs de bonne foi) ; Monsieur Orgon : “Retirons-nous”, puis “Suivez-moi Damon” (La Joie imprévue).

713.

Cf. la Comtesse : “Je ne saurais tenir. Adieu” (Le Legs) ; Dorante : “Je serai donc le seul qui m’en retournerai…” (Le Préjugé vaincu) ; Clarice : “Retournons-en, ma sœur…” (La Méprise).