d. une solution mixte

L’Épreuve révèle sa complexité dans la succession de deux faux dénouements de fin. Tout d’abord se produit un dénouement-leurre. Angélique, par protection contre le danger du dévoilement de son amour pour Lucidor, désigne comme son amoureux le premier homme présent, à savoir Blaise. De ce fait, elle rejoint le projet, le piège mis en place par Lucidor. La déclaration prend donc un tour curieux puisque c’est Angélique qui la profère par trois fois mais mêlée d’insultes diverses :

‘“C’est justement lui qui parle, cet indigne” ;
“Oui, c’est lui, je vous dis que c’est lui !” ;
“Oui, c’est vous, malhonnête que vous êtes !”  714 .’

Cette déclaration est un dénouement-leurre. Lucidor, en se chargeant d’aller convaincre Madame Argante du bien-fondé de l’union d’Angélique et de Blaise, semble entériner le caractère performatif de la déclaration, quoi qu’elle vaille. Mais ce dénouement-leurre est aussitôt annulé par un obstacle que suscite Angélique : pendant l’absence de Lucidor, elle somme Blaise de choisir entre elle et l’argent que lui a promis le jeune homme. Puis elle se réfugie dans une impasse :

‘“Et moi je ne veux plus de qui que ce soit au monde”.’

Cette assertion s’accompagne d’un mouvement de départ.

La réaction d’Angélique a trois fonctions :

La complexité est donc tout à fait remarquable dans L’Épreuve.

Notes
714.

On distingue dans ces énoncés une phase de révélation faite à Lucidor, une phase de déclaration faite à Blaise.