5. l’espace de conclusion

La conclusion de la pièce peut se raccorder directement au dénouement ou suivre la séquence d’achèvement. Cela induit des différences sensibles de locuteurs, de liens logiques et de frontière avec la séquence précédente.

a. le raccord de la conclusion au dénouement

Plusieurs procédés sont possibles. Il peut par exemple y avoir prise en compte du dénouement grâce à une formulation qui rebondit sur la réplique précédente. Ainsi dans L’École des mères, quand Monsieur Damis prend acte du dénouement en utilisant l’expression “sur ce pied-là”  765 , qui, par le démonstratif, représente la situation dénouée. De même Timagène, dans La Colonie, commence sa réplique par le constat du dénouement :

‘“Je me réjouis de voir l’affaire terminée”.’

Dans ce cas, le dénouement, bien que tardif, ne suffit pas à clore la pièce. Il faut encore qu’un personnage autorisé l’entérine pour ouvrir l’espace de conclusion.

Parfois c’est le même personnage qui est source du dénouement et de la conclusion. Cela implique alors qu’apparaisse entre les deux phases un lien (chrono)logique net. Il est explicite dans Arlequin poli par l’amour, grâce au système de coordination :

‘“Arlequin : ‑Je lui pardonne, mais je veux qu’on chante, qu’on danse, et puis nous irons nous faire roi quelque part”  766 .’

Il est parfois plus implicite. Dans L’Île des esclaves, la longue tirade de Trivelin fait passer insensiblement du dénouement à la conclusion en deux phrases distinctes :

‘“Vous partirez dans deux jours, et vous reverrez Athènes” [dénouement] // “Que la joie à présent, et que les plaisirs succèdent aux chagrins que vous avez subis, et célèbrent le jour de votre vie le plus profitable” [conclusion].’

Le lien implicite entre les deux propositions est une liaison consécutive qui repose sur une confrontation temporelle entre le départ à venir et la fête présente. Il est implicite mais repérable.

Il en est de même dans Le Triomphe de Plutus, quoique le système soit complexe. Le dénouement s’inscrit dans une longue tirade de Plutus, qui indique, comme Trivelin ci-dessus, un départ (“Adieu la compagnie”). Le lien logique avec la conclusion doit être retissé à partir d’un matériau asyndétique. Nous indiquons entre crochets et en gras les liaisons restituées :

‘“Plutus : ‑ (…) Adieu, la compagnie. [Mais puisque] Vous êtes de bonnes gens ; [et que] vous m’avez fait gagner la gageure, et [que] je vais bien faire rire l’Olympe de cette aventure. [Alors] Allons, divertissez-vous ; les musiciens sont payés, la fête est prête, qu’on l’exécute!”.’

L’articulation repose donc sur la mise en place d’un système d’opposition et d’un rapport cause / conséquence qui place la conclusion dans un rapport étroit avec le dénouement.

Notes
765.

C’est aussi la formule de Clarice dans La Méprise.

766.

La première conjonction induit un rapport curieux. L’opposition masque peut-être une condition implicite : je lui pardonne à condition qu’elles et les autres dansent avec nous. Cela expliquerait la différence entre le on inclusif et un nous représentant seulement Arlequin et Silvia. Ou même, vu l’accord au singulier de roi, un nous de majesté (déjà !).