a. La Méprise

La dernière scène de La Méprise commence alors que l’espace est déjà structuré par le trio Hortense ‑ Ergaste ‑ Frontin. On peut supposer que le couple Ergaste ‑ Frontin, déjà présent précédemment, se tient d’un côté et qu’Hortense leur fait face.

L’arrivée de Clarice, suivie vraisemblablement par Lisette, se fait de l’autre côté. La didascalie “Et se tournant du côté d’Hortense” semble en effet indiquer qu’Ergaste occupe une position centrale entre les deux sœurs. On peut donc supposer que les personnages sont rangés en arc de cercle autour d’Ergaste et de Frontin, Hortense s’un côté, Clarice, Lisette et Arlequin de l’autre.

Cette posture axiale d’Ergaste est confirmée par le fait que tous les personnages s’adressent directement à lui. L’agenouillement d’Ergaste devant Clarice rompt en quelque sorte cet hémicycle pour faire place momentanément à un tableau. La didascalie “À Hortense” change le point de focalisation de la scène. C’est alors Hortense qui devient le point de convergence des regards et des répliques. Puis, donnant le signal du départ, Hortense rompt cette nouvelle figure. Un trio passe alors au premier plan, Frontin, Arlequin, Lisette, pendant que le trio principal (celui qui participe involontairement de la méprise) se recule.

La lecture de la scène donne donc l’impression de figures organisées, immobilisées, rompues par un déplacement spécifique bien délimité. La scène est structurée par cette alternance de plus en plus rapide :

10 répliques d’installation : Ergaste est au centre d’un demi-cercle ;
2 répliques de mouvement : un faux mouvement (fausse sortie), un agenouillement ;
1 réplique de tableau : le couple constitué ;

Fin du premier cycle

5 répliques d’installation : Hortense est le point de convergence ;
1 réplique de mouvement : sortie

Fin du deuxième cycle

4 répliques d’installation : le second plan passe au premier plan

Fin de la scène

Les trois cycles se répondent, en composition régressive. Une tension s’y exerce entre esthétique du tableau (l’agenouillement d’Ergaste est, en gros, au centre névralgique de la composition) et dynamique de groupe qui conduit à la nécessité dramaturgique de faire sortir les personnages de scène.