c. la parole récit du dénouement

Lorsque la parole information sert le récit d’un événement qui constitue le dénouement, le problème est dans le décalage entre le temps du dénouement et l’annonce du dénouement. On rend compte d’un dénouement qui s’est déjà produit et que l’on n’a pas montré. Force est alors de constater que l’événement qui s’est déroulé hors scène ne devient dénouement qu’a posteriori, lorsqu’il est raconté en différé. En outre, lorsqu’il s’agit d’un long récit, il va falloir repérer la phrase, le groupe de mots, le mot même qui constitue(nt) le dénouement  904 .

Notes
904.

On sait que l’option du récit pour dénouer n’a pas traditionnellement la faveur des théoriciens. Cf. un extrait du Paradoxe sur le Comédien, dans Diderot, Œuvres, Pléiade (A. Billy éd.), p. 1011 : “Avez-vous jamais réfléchi à la différence des larmes excitées par un événement tragique et des larmes excitées par un récit pathétique ? On s’entend raconter une belle chose : peu à peu la tête s’embarrasse, les entrailles s’émeuvent, et les larmes coulent. Au contraire, à l’aspect d’un accident tragique, l’objet, la sensation et l’effet se touchent ; en un instant, les entrailles s’émeuvent, on pousse un cri, la tête se perd, et les larmes coulent ; celles-ci viennent subitement ; les autres sont amenées. Voilà l’avantage d’un coup de théâtre naturel et vrai sur une scène éloquente, il opère brusquement ce que la scène fait attendre ; mais l’illusion en est beaucoup plus difficile à produire ; un incident faux, mal rendu, la détruit. Les accents s’imitent mieux que les mouvements, mais les mouvements frappent plus violemment. Voilà le fondement d’une loi à laquelle je ne crois pas qu’il y ait d’exception, c’est de dénouer par une action et non par un récit, sous peine d’être froid”.