La Joie imprévue (Italiens, 7 juillet 1738)

(La scène est à Paris, dans un jardin qui communique à un hôtel garni)

‘Pasquin fait des remontrances à son jeune maître Damon. Au lieu de s’acheter une charge, comme il était censé le faire en venant à Paris, le jeune homme a retiré et perdu la moitié de la somme prévue à cet effet au jeu, contre un Chevalier rencontré à l’hôtel où il loge. Depuis ces derniers quinze jours, en outre, on apprend que le jeune homme et son valet ont également fait connaissance de Constance et de Lisette, dont ils sont tombés respectivement amoureux, mais cette union possible n’est pas du goût de Madame Dorville, la mère de Constance (I). Le Chevalier entre et, malgré les efforts de Pasquin, réussit à s’entretenir avec Damon. Rendez-vous est pris le soir même pour jouer à nouveau, pendant un bal masqué. Damon compte utiliser le restant de la somme pour le jouer et récupérer l’ensemble (II). Continuant ses remontrances, Pasquin rappelle à Damon les missions que lui a confiées son père, Monsieur Orgon : aller chercher l’argent de la charge et porter une lettre à Madame Dorville. Or Damon a oublié de s’acquitter de cette deuxième mission, et il découvre à cette occasion que Madame Dorville est la mère de Constance. Il va donc pouvoir se présenter à elle grâce au prétexte de la lettre. Il quitte la scène pour aller chercher le reste de l’argent de la charge (III). S’en allant, il rencontre Lisette qui annonce la promenade de sa jeune maîtresse (IV). Lisette et Pasquin échangent des propos amoureux et des informations : Madame Dorville aurait un projet de mariage pour Constance. Il faut donc se hâter pour favoriser les amours de Damon (V). M. Orgon se présente et révèle à Pasquin qu’il espionne leurs agissements depuis une quinzaine et qu’il sait tout ce qui s’est passé. Il fait des reproches au valet et obtient de lui toutes les informations qui lui manquent sur les opérations en cours. Le père s’enquiert aussi des amours du jeune homme et révèle que c’est justement à Constance qu’il souhaite l’unir. Rendez-vous est pris pour le soir ; le père donne au valet une lettre pour Damon et réclame le secret (VI). Lisette apporte à Pasquin une mauvaise nouvelle : Madame Dorville interdit désormais aux jeunes gens de se rencontrer ; mais, fort des renseignements obtenus de Monsieur Orgon, Pasquin se contente d’en rire, suscitant l’incompré­hension de Lisette (VII). La même information est transmise à Damon. Pasquin continue sur le même registre (VIII). Face au désespoir de son maître, Pasquin l’encourage à remettre la lettre de son père à Madame Dorville. Il lui donne en outre la lettre de son père à lui destinée (IX). Pasquin rencontre Madame Dorville, Constance et Lisette ; sans se laisser impressionner, il réitère des propos optimistes sur l’avenir et prophétise que Damon et Constance se marieront. Madame Dorville en profite pour interroger Constance sur le comportement de Damon à son égard et conclut qu’il était temps de séparer les tourtereaux (X). Madame Dorville confirme à Damon l’interdic­tion de voir Constance ; le jeune homme lui remet la lettre de son père. Cela a pour effet de changer la donne : Madame Dorville autorise à nouveau le jeune homme à rencontrer sa fille tout en lui confirmant qu’il y a du mariage dans l’air (XI). Madame Dorville, prenant Lisette à part, la sonde sur les sentiments de Constance pour Damon et lui annonce son intention de les marier. C’était là le projet qu’elle avait prévu, sans connaître Damon, et que le hasard et les inclinations naturelles des deux jeunes gens ont conforté. Elle demande le secret à Lisette (XII). Madame Dorville rappelle Constance et la réinterroge. La jeune fille affirme qu’elle obéira à sa mère en toute occasion (XIII) mais exprime sa colère à Lisette, qui affirme se rallier au projet matrimonial décidé par Madame Dorville (XIV). Les amoureux se rencontrent devant Lisette. Constance déclare son amour à Damon et l’encourage à hâter les choses, mais le jeune homme lui lit la lettre qu’il vient de recevoir de son père et qui évoque un projet de mariage “avec une des plus aimables filles de Paris”. Damon décide alors d’affronter son rival et Constance de se jeter aux genoux de sa mère. Lisette s’amuse des réactions des jeunes gens et essaie de rassurer Damon sans rien lui dévoiler (XV). Lisette rencontre Pasquin, dont elle se joue dans un premier temps, avant de lui révéler le projet de Madame Dorville. Parallèlement, Pasquin révèle la présence à Paris de Monsieur Orgon. Pasquin associe Lisette à la ruse qu’il prépare pour contrer le Chevalier (XVI). Monsieur Orgon arrive, sous le domino de même couleur que celui que le Chevalier doit porter pour le bal masqué. Pasquin se laisse d’abord prendre puis, reconnaissant son maître, il lui désigne Damon sous son déguisement (XVII). Damon entraîne son père, qu’il prend pour le Chevalier, dans le cabinet de jeu (XVIII). Le véritable Chevalier arrive, sous son domino. Pasquin le retient en lui faisant croire que Damon n’est pas encore là ; Pasquin lui prédit un mauvais sort au jeu (XIX). Lisette survient et annonce au Chevalier qu’une dame riche et veuve souhaite lui parler. Le Chevalier hésite entre les deux opportunités qui s’offrent à lui (XX). Damon surgit, désespéré : il a tout perdu. Le Chevalier s’aperçoit qu’on s’est joué de lui ; Damon ne comprend plus rien : contre qui a-t-il donc joué, si le Chevalier se trouve maintenant devant lui ? Monsieur Orgon se dévoile ; Damon se repent. La réconciliation s’opère. Le Chevalier propose alors à Monsieur Orgon de jouer contre lui, mais il est chassé (XXI). Madame Dorville entre, suivie de sa fille. Elle reconnaît Monsieur Orgon, qu’elle présente à Constance comme son futur beau-père. Mais Constance, qui n’a pas encore perçu le lien filial entre cet homme qu’elle n’a jamais vu et son cher Damon, refuse aussi longtemps que le quiproquo est entretenu par sa mère. Une fois la méprise dissipée, la joie est générale (XXII).’