La Dispute (Comédie-Française, 19 octobre 1744)

(La scène est à la campagne)

‘Le Prince et sa bien-aimée Hermiane ont eu une dispute sur le sujet de savoir qui, de l’homme ou de la femme, est à l’origine de l’inconstance. Hermiane soutient que c’est l’homme, le Prince que c’est la femme. Le Prince a donc amené sa belle dans un endroit sauvage et reculé où il se propose de faire l’expérience de la naissance de l’amour et de l’inconstance. Il renvoie sa suite et donne ordre à Carise et Mesrou, ses serviteurs dont il attend un prochain signal, de faire ce qui a été prévu (sc. I). Il explique à Hermiane que son père, confronté à la même dispute, a fait enlever quatre enfants, deux filles et deux garçons, qu’il a fait élever en secret, à l’écart du monde et en isolement complet, par Carise et Mesrou. Ils ont à présent dix-huit ans et leur confrontation apportera une réponse à la question de l’inconstance. Au bruit de trompette convenu, le Prince et Hermiane vont se placer dans une galerie écartée d’où ils pourront tout voir (II). Églé paraît la première, amenée par Carise. Elle découvre avec bonheur son reflet dans le ruisseau (III). Survient le jeune Azor. Entre lui et Églé se produit, en accéléré, l’éveil à l’amour. On entend du bruit. Azor se cache (IV). Mesrou et Carise entrent. Églé les informe de sa rencontre avec le jeune être ; les deux gardiens lui révèlent qu’il s’appelle Azor (V). Azor rejoint le groupe. Carise et Mesrou conseillent aux deux jeunes gens de se séparer ponctuellement pour avoir plaisir à se retrouver. Les deux jeunes sauvages manifestent étonnement et réprobation. Pour compenser l’absence de l’autre, Carise donne à chacun un portrait de l’autre et un miroir (VI). Azor et Églé jouent avec le portrait d’Églé et son miroir, qu’ils embrassent. Ils décident de suivre les conseils de leurs gardiens et se séparent (VII). Églé, restée seule, se regarde dans le miroir et dans le ruisseau (VIII). Elle voit apparaître Adine, l’autre jeune fille. Aussitôt elles se disputent pour savoir qui est la plus belle. On apprend que Mesrin, le deuxième jeune homme, a rencontré Adine hors scène. Carise apparaît (IX). Elle s’étonne de la dispute des deux jeunes filles, qui se menacent de se voler leurs amants respectifs. Églé sort (X). Adine doit aller à sa leçon de musique, mais en sortant elle tombe sur Mesrin (XI). Adine révèle à Mesrin qu’elle a rencontré une autre jeune fille, qu’elle décrit comme laide et méchante. Adine sort, emmenée par Carise (XII). Mesrin rencontre Azor. Les deux jeunes gens se témoignent de l’amitié (XIII). Survient Églé. Mesrin s’étonne de la différence entre le portrait qu’en a fait Adine et ce qu’il voit, qu’il trouve charmant. Les présentations ont lieu. Églé tâche d’éloigner Azor pour rester seule avec Mesrin, mais Azor entraîne son nouveau camarade (XIV). Églé confie à Carise son désir d’inconstance ; Carise l’encourage à rester fidèle (XV). Mesrou tente de retenir Mesrin qui, lui aussi, veut céder à la tentation de l’inconstance. Carise essaie d’entraîner Églé. Mais Églé et Mesrin se laissent aller à badiner ensemble. Églé est d’autant plus motivée par cette infidélité faite à Azor que, par là même, elle s’apprête à faire de la peine à Adine. Mesrin lui donne le portrait de sa rivale (XVI). Azor entre tristement sur scène. Mais apprenant qu’Églé ne l’aime plus, il retrouve sa gaieté et quitte la scène (XVII). Églé, dépitée qu’Azor soit désormais amoureux d’Adine, souhaite le ravoir, pour n’avoir rien perdu (XVIII). Les quatre jeunes gens se retrouvent ensemble, en présence de leurs gardiens. On semble se diriger vers un nouvel échange (XIX). Le Prince et Hermiane interrompent l’expérience. Les jeunes gens veulent s’enfuir, mais Carise et Mesrou les rassurent. Entrent alors Meslis et Dina, un nouveau couple dont le Prince n’avait pas parlé jusqu’ici. Carise propose aux deux nouveaux venus de se choisir un autre partenaire, mais tous deux refusent et font le choix de la constance. Le Prince et Hermiane décident de les récompenser ; les quatre autres jeunes sauvages sont isolés selon un plan préalable qui reste implicite. Le débat entre le Prince et Hermiane n’est pas tranché. Hermiane quitte la scène brutalement (XX).’