La Colonie (représentée sur un théâtre de société ; publiée dans Le Mercure, décembre 1750)

(La scène est dans une île où sont abordés tous les acteurs)

‘Une colonie s’est établie depuis peu dans une île. Arthénice, femme noble, et Madame Sorbin, femme du peuple, ont été choisies par les femmes pour les représenter. Elles comptent profiter que de nouvelles lois sont en cours d’élaboration pour défendre les droits des femmes. On doit choisir deux hommes pour faire les lois et le tambour bat pour convoquer l’assemblée. Madame Sorbin et Arthénice décident de réunir l’assemblée des femmes et de faire sécession (sc. I). Madame Sorbin et Arthénice interrogent Monsieur Sorbin et Timagène, leurs mari et amant respectifs, pour connaître les intentions des hommes sur le rôle dévolu aux femmes dans la prochaine constitution. Les deux hommes affirment ne pas comprendre la revendication (II). Les deux femmes commentent cet affront (III). Persinet, amoureux de Lina, la fille de Madame Sorbin, vient demander l’autorisation d’épouser sa bien-aimée. Les deux femmes le chassent au nom de la guerre des sexes (IV). Arthénice et Madame Sorbin informent Lina des nouvelles règles : l’amour et le mariage sont abolis. Lina fond en larmes (V). Madame Sorbin et Arthénice prêtent serment, reçoivent un bracelet de ruban rayé, symbole de leur fonction à l’exécutif, et l’assurance de l’obéissance de l’assemblée des femmes (VI). Arthénice propose une discussion ; on décide de s’asseoir. Persinet est convoqué pour aider à déplacer les bancs (VII). Persinet dispose les bancs puis il est chassé (VIII). Arthénice dresse le tableau de la situation des femmes, très en retrait de leurs talents naturels. Elle propose que les femmes deviennent laides pour punir les hommes. Mais l’assemblée proteste et rejette la motion (IX). Commentaires des deux chefs de l’exécutif féminin. Madame Sorbin interdit à Lina de parler à Persinet et lui demande de l’avertir quand les hommes paraîtront (X). Persinet arrive et Lina tâche de se taire pour obéir à sa mère. Elle le regarde néanmoins et contourne l’interdit (XI). Les hommes quittent le Conseil : ils ont élu Timagène et Monsieur Sorbin. Persinet leur raconte l’assemblée des femmes. Les hommes s’étonnent de leur sécession et Monsieur Sorbin affirme qu’il faut mater sa femme (XII). Les femmes reviennent et interrogent les hommes sur leurs intentions. Le tambour bat et l’édit des femmes est affiché : elles veulent être associées à toutes les décisions et exercer tous les emplois. Une heure de réflexion est octroyée aux hommes, en suite de quoi la séparation sera irrémédiable (XIII). Madame Sorbin sort mais son mari la retient. La dispute tourne à la scène de ménage. Persinet intervient fréquemment pour flatter Madame Sorbin, qui rompt avec son mari (XIV). Lina appelée par sa mère récite la leçon apprise et rompt avec son amoureux et avec son père (XV). Les hommes se lamentent. Hermocrate prend alors les choses en main et se fait investir des pleins pouvoirs. Il fait appeler les femmes, réclame de quoi écrire et demande à ce qu’on vienne annoncer une prétendue attaque des indigènes. Tous sortent (XVI). Hermocrate fait semblant d’abonder dans le sens des deux femmes mais sème la discorde entre elles, déplaçant la querelle de la guerre des sexes vers la guerre des classes : la noble Arthénice et la plébéienne Madame Sorbin renoncent à collaborer (XVII). L’attaque prétendue des indigènes est annoncée. Hermocrate invite les femmes à prendre leur part dans cette lutte commune. Les femmes renoncent à leur révolte et rentrent dans leurs foyers en envoyant leurs maris à la guerre. Madame Sorbin se réconcilie avec son mari et Hermocrate promet que les droits des femmes seront pris en compte dans la constitution (XVIII). ’