La Provinciale (publiée dans Le Mercure, avril 1761)

(La scène se passe dans un hôtel à Paris)

‘Madame Lépine entre avec La Ramée et le Chevalier, qu’elle renseigne sur une jeune veuve Riquet, rebaptisée Marquise La Thibaudière, arrivée depuis huit jours de sa province à Paris et immensément riche. Depuis deux jours, le Chevalier l’a rencontrée plusieurs fois (I). Madame La Thibaudière entre avec sa femme de chambre Cathos mais ne fait que passer (II). Le plan des trois escrocs s’organise. La Ramée reste pendant que le Chevalier se retire après avoir donné à Madame Lépine une lettre qu’il a préparée. La Ramée réclame une recompense qui lui est accordée (III). Madame Lépine donne à La Ramée des informations sur le rôle qu’elle joue auprès de la provinciale, qu’elle initie à de prétendus usages du beau monde parisien. Il s’agit maintenant de s’employer à dérober à Madame La Thibaudière une forte somme d’argent avant le mariage que Monsieur Lormeau, cousin de la provinciale, a organisé pour elle avec Monsieur Derval. Madame Lépine dévoile son plan ; La Ramée manifeste de l’intérêt pour Cathos qui arrive (IV). Madame Lépine informe la femme de chambre que le Chevalier a un billet pour Madame La Thibaudière. La Ramée fait à Cathos une déclaration et lui remet son propre billet (V). La Ramée sort et croise Monsieur Lormeau, le cousin de la jeune veuve ; ce dernier réprouve la nouvelle lubie de sa cousine de se faire appeler Marquise La Thibaudière et reproche à Madame Lépine son influence, qu’il juge néfaste, sur sa cousine (VI). Rencontrant sa cousine, et la raillant gentiment sur son changement de nom, il l’informe de l’avancée du projet de mariage qu’il lui a préparé avec Monsieur Derval, dans le but d’éviter un procès avec lui (VII). Après son départ, Madame La Thibaudière, Madame Lépine et Cathos raillent les façons rustiques du cousin. Madame Lépine fait l’éloge de son élève provinciale, devenue très douée en mondanité. On décide de changer le nom de Cathos, très campagnard, contre celui de Lisette. Madame Lépine remet le billet du Chevalier à la Marquise, qui le lit à voix haute. C’est une lettre d’amour un peu leste. Madame Lépine félicite sa protégée en lui faisant croire qu’une telle lettre, émanant d’un tel séducteur, contribuera beaucoup à sa gloire et qu’il faut y répondre sans tarder (VIII). Monsieur Lormeau revient avec Monsieur Derval, qu’il présente à sa cousine, laquelle, pour se vanter, fait part de sa relation amoureuse avec le Chevalier et développe les théories déviantes sur le mariage que lui a inculquées Madame Lépine. Les deux hommes se retirent inquiets de la mauvaise influence de l’aventurière sur l’esprit de Madame La Thibaudière (IX). Madame La Thibaudière émet un avis favorable sur Monsieur Derval ; Madame Lépine l’engage à ne surtout pas l’aimer, car il en cuirait à sa réputation (X). Un valet annonce un monsieur ; Madame La Thibaudière et Cathos-Lisette le reprennent sur sa façon de faire. Lisette est envoyée chercher le monsieur qu’on a fait attendre (XI) et qui n’est autre que le Chevalier venu chercher sa réponse au billet : Madame La Thibaudière, qui n’a pas encore répondu, est un peu angoissée (XII). Le Chevalier vient lui dire son impatience et se demande si elle n’est pas trop farouche dans le fond. Il lui fixe rendez-vous dans un quart d’heure : il faut qu’elle ait une réponse d’ici là (XIII). Au moment où il sort, Madame Lépine arrive et le questionne sur l’achat d’un régiment pour lequel il manque 10 000 écus (XIV). La Ramée donne lui aussi à Cathos-Lisette quelques minutes pour répondre à son billet et lui parle d’une dette de vingt écus qu’il a contractée auprès du cabaretier (XV). Madame Lépine lit à Cathos, qui est illettrée, le billet de La Ramée (XVI). Madame La Thibaudière revient avec les brouillons de sa lettre et demande conseil à son amie sur le ton à employer, l’attitude à adopter face à des rivales, le maintien face au Chevalier. Madame Lépine lui donne une leçon de séduction. Elle lui donne un conseil pour éclipser toutes ses rivales : payer au Chevalier les 10 000 écus qui lui manquent pour son régiment. La provinciale hésite (XVII). Madame Lépine donne des conseils du même ordre à Cathos et sort pour aider Madame La Thibaudière à faire sa réponse (XVIII). Cathos exécute ce qu’elle a retenu de la leçon de séduction. Elle donne à La Ramée une bague en attendant le moment d’aller chercher de quoi éponger sa dette de vingt écus (XIX). La Ramée et le Chevalier s’informent de la situation (XX). Madame La Thibaudière entre avec sa réponse. Le Chevalier la lit, manifeste son contentement et baise la main de la jeune femme (XXI). Arrive une inconnue, qui se présente comme une rivale de la Marquise ; elle est accompagnée de sa suivante Marton. L’inconnue, pour revenir en grâce auprès du Chevalier, propose de lui payer son régiment. Pour surenchérir, Madame La Thibaudière s’apprête à donner la somme séance tenante (XXII). Surviennent alors Monsieur Lormeau, Monsieur Derval et ses deux sœurs. Monsieur Derval reconnaît dans le Chevalier le fils de son procureur. Madame La Thibaudière reconnaît qu’elle a été jouée et qu’il s’en est fallu de peu que les escrocs ne réussissent. Les complices s’enfuient. Cathos réussit à récupérer sa bague. Accablée de honte, Madame La Thibaudière décide de courir se réfugier au fond de sa province (XXIII).’