ANNEXE 2 : Textes des divertissements

Par commodité, nous citons les divertissements complets des pièces en un acte dont nous proposons ci-dessus des analyses. Le texte est celui de F. Deloffre et F.Rubellin (2000), respectivement p. 840-845, 1168-1170 et 1711-1712.

Le Triomphe de Plutus

Air :
Un suivant de Plutus.

Dieu des trésors, quelle est ta gloire!
Tout l’Univers encense tes autels.
Tes attraits sur tes pas font voler la victoire,
Et tu fais à ton gré le destin des mortels.
Que le dieu de la guerre
Soit prêt à lancer son tonnerre,
Il s’arrête à ta voix ;
Et si l’amour règne encore sur la terre,
Il doit à ton secours sa gloire et ses exploits.

On danse.

Reprise: Que le dieu...







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Air
Une suivante de Plutus.

Pour le dieu de la richesse,
Que sans cesse
Notre amour s’empresse.
Si pour nous il s’intéresse,
Ah! que nos coeurs seront contents!
Nous aurons un éternel printemps ;
C’est la puissance
Qui dispose de l’abondance :
Avec Plutus,
On a Bacchus,
On a Comus,
On a Vénus.
Sous sa loi souveraine,
Tout fléchit même dans les Cieux ;
Il entraîne
Les suffrages de tous les dieux.

Reprise: Il entraîne…
Le chanteur. [strophe 1]

N’attendez pas ici qu’on vous révère
Si Plutus n’est votre dieu tutélaire.
Sans son pouvoir,
Tout le savoir
Que l’on fait voir
Ne peut valoir ;
Rien ne répond à notre espoir.
Le temps n’y peut rien faire.
Mais quand on tient ce métal salutaire,
Tout ce qu’on dit
Charme et ravit,
Chacun nous rit,
Tout réussit ;
Veut-on charge, honneurs ou crédit,
Un jour en fait l’affaire.

Reprise: Tout ce qu’on dit…






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Apollon. [strophe 2]

Dans ce séjour on met tout à l’enchère,
Rien ne se fait sans l’appât du salaire.
Valets, portiers,
Clercs et greffiers
Commis, fermiers,
Sont sans quartier ;
On a beau gémir et crier,
Le temps n’y peut rien faire.
Mais si l’on joint l’argent à la prière,
Le plus rétif,
Le plus tardif,
Devient actif,
Expéditif ;
Tout est vif, exact, attentif,
Un jour finit l’affaire.
Le chanteur. [strophe 3]

Loin de ces lieux, une tendre bergère
S’en tient au choix que son cœur lui suggère.
Fût-ce un Midas
Pour les ducats,
S’il ne plaît pas,
Il perd ses pas.
De tous ses biens on ne fait cas,
Le temps n’y peut rien faire.
De nos beautés la maxime est contraire.
Fût-ce un palot
Un idiot,
Un maître sot,
Un ostrogot,
S’il est pourvu d’un bon magot,
Un jour finit l’affaire.






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Aminte. [strophe 4]

Loin de ces lieux, une riche héritière
N’est point l’objet qu’un amant considère ;
Sagesse, honneur,
Vertu, douceur,
Sont de son cœur
L’attrait vainqueur ;
Ses feux ont toujours même ardeur ;
Le temps n’y peut rien faire.
De nos amants la maxime est contraire.
Bons revenus,
Contrats, écus,
Sur les vertus
Ont le dessus.
De tels nœuds sont bientôt rompus ;
Un jour en fait l’affaire.
Le chanteur. [strophe 5]

Sans dépenser, c’est en vain qu’on espère
De s’avancer au pays de Cythère.
Mari jaloux,
Femme en courroux,
Ferme sur nous
Grille et verroux,
Le chien nous poursuit comme loups ;
Le temps n’y peut rien faire.
Mais si Plutus entre dans le mystère,
Grille et ressort
S’ouvrent d’abord,
Le chien s’endort,
Le mari sort,
Femme et soubrette sont d’accord ;
Un jour finit l’affaire.






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Le chanteur. [strophe 6]

Tant que Philis eut un destin prospère,
Plus d’un amant lui dit d’un air sincère :
Que vos beaux yeux
Sont gracieux!
L’Amour, pour eux,
Fixe mes vœux ;
Chaque instant redouble mes feux ;
Le temps n’y peut rien faire.
Dès que Plutus cessa de lui complaire,
Plus de trésor,
Plus de Médor,
Flamme et transport
Prirent l’essor ;
L’Amour s’enfuit et court encor ;
Un jour finit l’affaire.
Arlequin. [strophe 7]

Lorsqu’un auteur, instruit dans l’art de plaire,
Trouve des traits ignorés du vulgaire,
On l’applaudit,
On le chérit :
Grand et petit
En font récit ;
Jamais l’ouvrage ne périt ;
Le temps n’y peut rien faire.
Si l’on ne suit qu’une route ordinaire,
Le spectateur,
Fin connaisseur,
Contre l’auteur,
Est en rumeur ;
La pièce meurt malgré l’acteur
Un jour en fait l’affaire.






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