L’Épreuve
Divertissement

Vaudeville

Madame Argante.

Maris jaloux, tendres amants,
Dormez sur la foi des serments,
Qu’aucun soupçon ne vous émeuve ;
Croyez l’objet de vos amours,
Car on ne gagne pas toujours
À la mettre à l’épreuve.

Lisette.

Avoir le cœur de son mari,
Qu’il tienne lieu d’un favori,
Quel bonheur d’en fournir la preuve!
Blaise me donne du souci ;
Mais en revanche, Dieu merci,’ ‘Je le mets à l’épreuve.

Frontin.

Vous qui courez après l’hymen,
Pour éloigner tout examen,
Prenez toujours fille pour veuve ;
Si l’amour trompe en ce moment,
C’est du moins agréablement :
Quelle charmante épreuve!

Maître Blaise.

Que Mathuraine ait de l’humeur,
Et qu’al me refuse son cœur,
Qu’il vente, qu’il tonne ou qu’il pleuve,
Que le froid gèle notre vin,
Je n’en prenons point de chagrin,
Je somme à toute épreuve.
Lisette (ou Lucidor ?). [cf. supra p. 547 en note]

Vous qui tenez dans vos filets
Chaque jour de nouveaux objets,
Soit fille, soit femme, soit veuve,
Vous croyez prendre, et l’on vous prend.
Gardez-vous d’un cœur qui se rend
À la première épreuve.

Angélique.

Ah! que l’hymen paraît charmant
Quand l’époux est toujours amant!
Mais jusqu’ici la chose est neuve :
Que l’on verrait peu de maris,
Si le sort nous avait permis
De les prendre à l’épreuve !’